(tw) I'm your father - Shade

Tu entres à six heures pile dans ce restaurant familial de style italien. Tu t’y retrouves à tous les mercredi soir pour te payer un bon repas. Et pourtant, cette routine que tu t’es fait cache quelque chose. Elle cache ta réelle intention. Celle de rencontrer ton fils. Jusqu'à présent, tu n’as jamais eu le courage de t’approcher et de demander pour lui. Tu te souviens du jour de sa naissance… Bordel, tu étais tellement fier ! Et pourtant… Tu n’avais pas les moyens de l’élever. Ni les ressources pour le faire. C'était votre décision de lui donner ce que tu croyais être une meilleure vie. Tu voulais qu’il soit heureux et aimé comme tu n’as jamais arrêté de l’aimer. Il a toujours été dans tes pensées au fil du temps qui a passé. Mais il y a aussi des regrets. Tu regrettes de l’avoir donné en adoption. Tu regrettes de ne pas avoir vu cette enfant grandir comme tu as vu ceux que tu as adoptés grandir. Mais tu ne sais pas ce que tu cherches à faire en réalité. Bien que… Tu aimerais connaître qui il est devenu.

Tu commandes ton repas habituel et pendant tout le temps que tu manges, tu cherches comment tu vas aborder le sujet après que tu l’aies demandé. Comment… T’introduire comme étant son père. C’est bien la première fois que tu ne sais pas ce que tu vas dire… Toi qui es quand même habituée à mener des interrogatoires. Tu soupires… Avant de prendre la dernière bouchée. Tu prends l'addition lorsqu’on vient te voir pour ensuite te lever et aller au comptoir. Tout en payant, tu regardes la jeune serveuse et lui demande : “Est-ce qu’un Shade Crowley travaille ici ?” Oh, tu sais qu’il travaille ici. Même que tu sais qu’il est ici ce soir, parce que les plats qu’il prépare sont sûrement les meilleurs à ton avis.

Ce soir, tu te perds dans l’art du couteau, chaque mouvement précis et fluide. Dans la chaleur vibrante de la cuisine, tu manies les ingrédients avec une aisance naturelle, écoutant la musique qui résonne doucement dans un écouteur. Les légumes se découpent en fines lamelles, la viande est saisie à point, et les parfums des plats que tu concoctes emplissent l’air, te plongeant encore plus dans ta bulle. Le rythme des coups de couteau, la danse des flammes, tout te semble presque hypnotique. C’est ton moment, une part de tranquillité dans cette vie marquée par des ombres que tu ne peux ignorer.

Soudain, une main se pose doucement sur ton épaule, te tirant de ta bulle. Une serveuse te murmure qu’on te demande à l’extérieur. Intrigué, tu fronces les sourcils, glissant ton couteau sur le bord de la planche et retirant ton écouteur. Tu jettes un coup d’œil autour, lavant rapidement tes mains et essuyant tes doigts, un peu sur la défensive. Ce n’est pas commun qu’on vienne te chercher ainsi, surtout que ta famille adoptive possède quelques secrets bien gardés dans les coulisses du restaurant.

Tu suis la serveuse jusque dans la salle principale et aperçois un homme qui t’attend, un inconnu à l’air calme mais avec une présence qui ne passe pas inaperçue. Il est plus âgé, sûrement proche du double de ton âge, bien que son regard semble vif, presque inquisiteur. Un léger doute s’installe en toi, une méfiance silencieuse alors que tu t’approches. Tu plonges ton regard dans le sien avant de briser le silence. " Je suis Shade, qu’est-ce que je peux faire pour vous ? " Sur tes gardes, tu ne quittes pas ses yeux, cherchant le moindre indice, le moindre signe qui pourrait te donner une idée de ses intentions. Car tu le sais, dans ce milieu, les apparences sont trompeuses, et il n’est jamais prudent de baisser la garde.

On te dit d’attendre, le temps qu’elle va chercher le cuisinier. Alors, tu attends… Regardant un peu la déco du restaurant. Ça fait maintenant quelques années que tu fais la même routine, sans trop te soucier de ce qui se cache réellement derrière les murs de cet établissement. Oh, tu connais les rumeurs… Mais tu n’es pas là pour dévoiler s’ils sont vrais. Non. Toi, tu es là seulement pour ton fils. Pour ce jeune homme que tu ne connais pas, bien que tu l’aies surveillé de loin. Surveillé de façon… Discrète, sans fouiller trop creux. Enfin… Surveiller, est un grand mot, puisque tout ce que tu sais, c’est qu’il travaille ici, qu’il a été adopté par la propriétaire du restaurant et qu’il a un frère adoptif. Tu l'appréciais quelquefois derrière lorsque tu payais tes additions, sans oser le demander. Mais ce soir, c’est différent.

Tu attends donc qu’il arrive et ma foi… Lorsqu’il arrive, ton souffle se coupe. C’est le portrait de sa mère… Ta meilleure amie. Tu le regardes avec un regard plus… Doux. Un regard d’un père fier de lui, de ce qu’il est devenu après ce qu’il a vécu. Tu tends la main “Je m’appelle North…” Est la première chose que tu lui dis… Sans trop savoir ce que tu pourrais dire ensuite. Est-ce que tu lui dis que tu es son père ? Ou est-ce que tu lui demandes de venir prendre un café pour en discuter ? Hmm… Merde, tes pensées s’entre choc les uns contre les autres. Tu n’as jamais été aussi nerveux que maintenant. “Je suis désolé de te déranger dans ton travail… Mais… Je voulais te rencontrer.” Que tu dis maintenant avec un sourire doux. “Est-ce que tu crois qu’on peut… Aller prendre un café après ton travail ? Enfin… Je sais que nous sommes des inconnues et je comprendrais que tu veuilles refuser…” Ton cœur s'était mis à battre un peu plus rapidement. "Mais... J'aimerais vraiment pouvoir discuter avec toi."

Tu observes cet homme, North, avec une méfiance naturelle. Son regard est doux, presque attendri, mais cela ne fait qu’éveiller davantage ta prudence. Dans ton esprit, un inconnu qui te fixe avec autant d’intensité a souvent une raison cachée. Pendant qu’il parle, ses mots résonnent de manière étrange. Ce n’est pas le ton de quelqu’un qui vient pour affaires, ni même pour une simple rencontre. Non, il y a quelque chose de plus personnel, quelque chose de familier qui te met mal à l’aise, même si tu ne peux pas l’identifier. Quand il te demande de sortir pour prendre un café, un rire nerveux t’échappe presque. Tu te demandes un instant si cet homme est là pour te draguer ou pour autre chose. L’idée t’amuse, mais elle éveille aussi une certaine contrariété. Tu ne connais pas les intentions de cet homme, et tu n’as jamais cherché à retrouver qui que ce soit de ton passé. Après tout, tu as longtemps pensé que ceux qui t’avaient mis au monde t’avaient tout bonnement abandonné.

Tu prends une seconde pour le jauger, jetant un coup d’œil autour de toi comme pour t’assurer que personne d’autre ne surprendrait cette scène étrange. Tu fronces les sourcils, le visage fermé, mais une pointe de curiosité traverse malgré tout ton regard. Finalement, d’un ton presque blasé, tu lâches : "- J'ai pas peur des inconnus. J’sais pas ce que tu me veux, mais très bien. Reviens me voir dans deux heures, quand j’aurai terminé."

Sans attendre sa réponse, tu te détournes et retournes en cuisine, essayant de laisser cette rencontre de côté pour te concentrer sur le service. Mais l’image de North, avec son regard presque paternel et son sourire nerveux, te revient régulièrement en tête. Deux heures passent, pendant lesquelles tu continues de travailler en silence, manipulant les couteaux et les ingrédients avec cette précision froide que tu maîtrises si bien, mais avec l’esprit un peu distrait, troublé par l’apparition de cet homme mystérieux. Au bout de deux heures, tu retires enfin ton tablier et quittes le restaurant, te dirigeant vers la sortie où tu t’allumes une cigarette. La nuit est fraîche, et la fumée se mêle à l’air froid, t’offrant une brève sensation de calme. Tu te demandes si North sera là, ou si cette rencontre restera une simple anomalie de ta journée.

Tu le détailles du regard. Chaque trait de son visage te rappelle ta meilleure amie. Mais son regard te rappelle le tien, analysant chaque geste que tu pourrais faire. Cependant, la couleur est celle de sa mère. Ça te fait sourire de façon nostalgique… Parce que… Tu avais presque oublié ce à quoi ressemblait sa mère avec toutes ces années sans la voir.
Tu n’as pas le temps de répondre à ce qu’il te dit qu’il se retourne et repart à la cuisine. Mais… Tu es cependant content qu’il accepte ton invitation. Content que tu vas pouvoir passer du temps avec ton fils biologique, même s’il ne sait pas encore que tu es son père. Tu remercies la jeune femme avant de quitter les lieux.
Tu pars chez toi pour passer le temps. Tu fais donc ton sport du soir, te nettoie avant de te rhabiller juste à temps pour retourner au restaurant. Tu arrives donc à l’heure pile qu’il t’a indiqué. Tu sors de ta voiture et la verrouilles, lorsque tu le vois apparaître pour aller le rejoindre. “Il y a un café à quelques pas d’ici qui est assez délicieux… On peut s’y rendre à pied si tu veux.” Tu es… Toujours aussi nerveux, mais tu te dis qu’au moins comme ça, s’il ne veut pas, il peut tout simplement faire demi-tour.

Les deux heures passent enfin, et tu retires ton tablier. Le service est terminé, et tu n’as plus de raisons de rester ici. Tu quittes le restaurant, allumes une cigarette et prends une profonde bouffée. La nuit est fraîche, et la fumée semble te donner une brève sensation de contrôle. Tu te demandes si North sera là, ou si tu as simplement imaginé tout ça. Mais tu n’as pas le temps de réfléchir plus longtemps, car il apparaît, juste comme tu t’y attendais.

Il semble nerveux, hésitant presque, mais il avance quand même. Tu es surpris de constater qu’il est là, qu’il a réellement suivi ta demande. Tu n’avais pas vraiment cru qu’il viendrait. Tu déposes ta cigarette et attends qu’il approche. Il te sourit, mais d’un sourire presque timide, comme s’il redoutait ta réaction. Toi, tu ne souris pas. C'est encore bien trop bizarre, donc tu ne veux pas t'avancer.

" Il y a un café à quelques pas d’ici qui est assez délicieux… On peut s’y rendre à pied si tu veux. " Sa voix trahit une nervosité palpable, mais tu y vois aussi une sorte de détermination fragile. Il veut vraiment ce moment avec toi, même s’il ne sait pas encore tout.Tu hoche lentement la tête, ton visage restant figé. Puis tu répondis simplement, d'un ton un peu plus doux qu'avant. " D’accord. " Et sans un mot de plus, tu t’éloignes, l’invitant à te suivre, sans vraiment savoir ce qui va advenir. Mais cette soirée, ce café, tout ça semble être un début.

Tu es soulagé, en quelque sorte, qu'il accepte ton invitation. Content, tu étais retourné chez toi pour les heures qui suivent afin de t'occuper l'esprit. Tu n'es pas habillé de la même façon que plus tôt. Cette fois, tu portes un simple t-shirt, un manteau pour te couper du froid et un jeans des plus normales. Tu es donc dans une tenue plutôt décontractée. Tu t'approches du jeune homme en lui proposant nerveusement d'aller au café pas trop loin, après tout, c'est un endroit que tu aimes aller et tu sais que le café est bon tout comme les desserts aussi.
Le calme de ses paroles te rassure un peu plus et tu te détends légèrement à ses côtés, malgré les mille et une question que tu aimerais lui poser. Tellement... Tellement de choses ont été manquées que tu ne sais pas par où commencer. Ni... Comment il va réagir face à la vérité.
Tu plonges tes mains dans les poches de ton manteau, pour les réchauffer le temps de la marche. "Alors... Ça fait combien de temps que tu travailles au restaurant ?" Commences-tu pour l'instant. Tu n'as pas encore le courage de lui dévoiler... Peut-être est-ce la boule dans ton estomac qui t'en empêche ? Une crainte qu'il ne veuille plus continuer à parler après que la vérité soit dite... Mais tu ne lui en voudrais pas. Il aurait tous les droits du monde pour refuser de continuer à te parler.

Les rues sont presque désertes à cette heure, l'air frais et calme enveloppant vos pas alors que tu marches aux côtés de North, un silence étrange mais confortable s'installant entre vous. Ses mains sont dans ses poches, et tu n'arrêtes pas de le regarder du coin de l'œil, remarquant les détails de sa démarche un peu hésitante, comme si chaque mouvement qu’il faisait était mesuré. Une partie de toi voudrait le pousser à parler, à briser ce silence, mais l'autre, celle qui se cache derrière la façade de détachement que tu as construite autour de toi, préfère attendre qu'il fasse le premier pas. C'est à lui de s'exprimer maintenant. Tu finis par l'entendre briser le silence, sa voix presque timide, mais avec cette lueur de curiosité qui transparaît. "Alors... Ça fait combien de temps que tu travailles au restaurant ?"   Tu soupirs discrètement, à peine audible, avant de lui répondre d'un ton qui se veut détendu, bien que tu sentes encore une tension sourde entre vous. "Un moment. Ça fait assez longtemps pour que j'en connaisse tous les recoins." Pas vouloir lui dire depuis tes 12 ans. Tu jettes un coup d’œil furtif à ses yeux, cherchant à deviner ce qui se cache derrière ses questions. Ses lèvres semblent serrées, comme si lui aussi avait une montagne de choses à dire mais n’arrivait pas à se décider par où commencer. Il y a quelque chose dans la manière dont il pose ses questions, une sorte de fragilité, une incertitude presque palpable. Tu sais qu'il ne cherche pas simplement à meubler le silence, il tente de t'ouvrir, de t'amener à lui répondre, mais il n'ose pas encore franchir ce pas plus intime. Pourtant, tu sens que la question qu'il attend vraiment, celle qui va vraiment faire basculer les choses, n'a pas encore été posée. Et toi, tu te prépares à répondre, même si tu ne sais pas encore à quoi ça va ressembler. Arrivés devant la porte du café, tu t'arrêtes un instant, regardant North qui semble hésiter à entrer. Ses mains tremblent légèrement, tu peux voir ça à travers la lumière tamisée qui éclaire la rue. Avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, tu te décales légèrement, l’invitant d’un geste de la tête à avancer. "Allez, tu voulais ce café. On y va." Et tu entres, le cœur battant à l'idée que cette soirée soit peut-être la première d'une longue série de révélations.

Il y a cette sensation que tu n'aimes pas. Cette... Hésitation qui ne te ressemble pas. Toi, qui, normalement, fonces dans le tas. Pourtant, chaque mot est calculé, chaque pas... Chaque geste, comme si tu avais peur qu'il devine lui-même que tu es son père. Mais... Rien ne pourrait te vendre de toute façon. Il est le portrait tout craché de sa mère... Les traits de visage fin et élégant. Mais son regard est perçant, comme le tien. Analysant tout autour de lui. Il a du sang d'O'Reagan, c'est certain.
Tu marches avec ce petit tremblement qui ne te quitte pas. Une timidité qui se bat contre ton assurance habituelle. Tu cherches à le connaître. À savoir qui est devenu ton fils et sûrement quel genre d'homme il pourrait devenir. Tu veux être fier de lui. Fier de ses accomplissements. Tu veux tout savoir de lui, sans vouloir connaître ses secrets. Alors en peu, peut-être, remarquer une certaine lueur dans tes yeux lorsqu'il te répond, bien que ce soit... Vague, tu n'as pas de mal à comprendre qu'il travaille depuis longtemps. "Tu aimes ce que tu fais ?" Bien que la réponse soit dans celle qu'il t'a donnée. Sinon, il ne serait pas resté aussi longtemps... Non ?
Vous arrivez devant le petit café. Devant la porte, tu la contemples alors que la boule nerveuse dans ton estomac grandit un peu plus. Il n'y a plus de retour en arrière. Tu inspires profondément, comme pour te donner du courage, avant d'ouvrir la porte. "Après toi" que tu dis, le laissant entrer en premier. Tu entres ensuite et t'approches du comptoir. Tu regardes le menu et tu demandes un simple café noir. "Tu prends quoi ?" Que tu lui demandes en tournant la tête vers lui.

À l’intérieur, la chaleur du café t’enveloppe un peu, offrant une douce protection contre le froid extérieur, mais tu sais que ce n’est pas seulement l’air qui compte ici. La lumière tamisée, l’ambiance feutrée, tout ça t'invite à baisser la garde. Tu choisis une table près de la fenêtre, un endroit où tu peux observer l'extérieur tout en restant dans un petit cocon d'intimité. Cela te donne le sentiment d’être dans un moment à la fois suspendu et réel, comme si tout ce qui se passe autour de vous ne comptait pas vraiment. Il brise le silence, tentant de faire naître une conversation, même si ça semble un peu maladroit. "Alors, qu’est-ce que tu préfères ici ? Le café ou les desserts ?" Ce n’est pas grand-chose, mais ça fait l'affaire. Tu n’as pas le temps de réfléchir davantage que tu  semble réagir, et même si la réponse ne le surprendra pas, sûrement. Pas de grands mots, pas de grandes déclarations, juste une réponse simple, mais suffisante. "Les deux, je crois… Mais surtout les desserts. J’ai une dent sucrée." Un petit rire t’échappe presque malgré toi. Il y a quelque chose de presque réconfortant dans cette simplicité, dans ce petit trait de caractère qu’il laisse entrevoir. Puis, avec un ton un peu plus sérieux, tu ajoutes : "Mais moi, je prends un café. Un simple café, avec un sucre." À ce moment-là, tu sens que l’ambiance se détend un peu, même si tout est encore fragile. Vous êtes deux hommes qui se mesurent à travers de petits gestes, des mots non dits, des silences qui en disent parfois plus que les paroles. Il y a quelque chose d’intangible entre vous, une connexion qui, bien que subtile, laisse penser que ce moment pourrait marquer le début de quelque chose de plus. Un léger frisson traverse l’air autour de vous, à la fois nerveux et plein de possibilités. Tu viens t'asseoir à une petite table avec lui. "Alors?" Lâcher la bombe.