La journée avait commencé bien trop tard, la nuit trop courte, les pensées tiraillées par les dernières disputes avec son frère. Un malaise constant la rongeait dès qu’ils étaient en conflitn déjà qu’accepter sa situation n’était pas facile, le savoir loin du monde et à l’hôpital n’arrangeait rien. Et puis, il y avait cette conversation à venir avec Jules. Peut-être qu’elle n’était pas si prête que ça à parler de leur relation, se sentant incapable de déterminer ce qu’elle voulait vraiment, même si elle savait qu’elle ne voulait pas le perdre. Mais cette tension, cette chaleur, ces envies nouvelles, elle avait bien du mal à les ignorer. La soirée semblait interminable jusqu’à ce que les derniers clients s’en aillent enfin et qu’elle puisse commencer à tout fermer. Elle avait mis de côté deux assiettes préparées par le cuistot pour qu’ils puissent dîner comme prévu, mais avec les tracas qui s’entremêlaient, elle n’avait vraiment aucun appétit. Un verre ou deux avaient été nécessaires pour apaiser ses nerfs au fil de la journée, mais elle ne voulait pas en abuser, consciente que Jules pourrait lui reprocher ce petit écart. Elle alluma une cigarette, la gorge serrée en entendant la porte du bar s’ouvrir. Un léger sourire apparut lorsqu’elle le vit entrer. Après une journée pareille, elle n’aspirait qu’à se perdre dans ses bras, sans vraiment avoir à parler. J’espère que t’as faim. dit-elle en lui montrant l’assiette, tout en prenant une nouvelle bouffée de cigarette. Alors, j’suis pas trop sexy pour discuter, ça va ? ajouta-t-elle avec une pointe d’amusement, tentant de détendre l’atmosphère. Parce que ça n’était vraiment pas normal d’appréhender une conversation à ce point.
(Poppy Shipley)