NIENKE VAN DIJK › Camille Rowe

Van Dijk, ça fait peur quand on le prononce, et pourtant, cette famille forme l'admiration, le respect. Ils ont toujours intrigués les van Dijk, même les enfants, même à l'école. Ils n'étaient pas considérés comme des parias mais plutôt comme une menace sourde. La différence rebute, le mystère intrigue, comme les histoires paranormales qui donnent le frisson malgré la curiosité de la chose. C'est un peu pareil avec les van Dijk, ils sont un peu étranges, un peu trop beaux, trop bien proportionnés et symétriques pour être vrais, pour être humains, pour être approchables. Les van Dijk, ils ont beaucoup d'argent mais ne le montrent pas. Ils ne sont pas élevés dans le luxe, ils apprécient la valeur du travail. Ils ont beaucoup d'argent mais en donnent aussi beaucoup. Ils sont vraiment bizarres, ils ne sont pas matérialistes, ils sont tournés vers le monde.

Nienke, elle était petite mais elle a compris. Jennie, elle a failli ne jamais vivre autre part que dans le ventre de maman. Et maman, elle est presque morte en voulant donner naissance à Jennie. Mais non. Elles ont toutes les deux survécus. Sa petite sœur a passé les trois premières semaines de sa vie en soins intensifs et n'a eu aucune autres complications graves par la suite. Elle est un peu différente Jennie, elle a cette joie de vivre communicative et ce côté extraverti assez divergents du reste de la famille.

Nienke et Tommy, c'est l'amour, l'attachement, la passion. Les jumeaux font tout ensemble depuis leur plus tendre enfance. Bébés, personne ne pouvait les séparer au risque de les entendre pleurer l'un et l'autre pendant des heures sans discontinuité. Enfants, ils jouaient toujours ensemble pendant les récréations. Adolescents, ils fuguaient sur le toit du lycée pour le déjeuner. Ils sont les inséparables, ces petits oiseaux qu'on ne peut éloigner au risque de les voir mourir. Et pourtant, pour les études secondaires, Nienke et Tommy se sont séparés, pour la première fois, comme une cicatrice qui déchire et ouvre de nouveau la plaie. Mais ça n'a pas été aussi difficile qu'elle le pensait, ils sont attachés, malgré les kilomètres qui les séparent, malgré leurs vies différentes. Elle a toujours eu l'impression de tout ressentir chez lui, ses joies, ses tristesses, ses angoisses. Et étrangement, elle l'appelait à chaque fois, à tout nouvel événement, sans qu'elle soit réellement au courant.


Nienke, elle a toujours été bonne élève. Elle voulait peut-être ressembler à Saskia, cette sœur parfaite. Elle a passé ses examens de lycée avec succès, et d'excellente note en prime. Harvard, ce fut l'évidence, la suite logique de ses études. Elle a choisit les neurosciences et la psychologie, pour essayer de comprendre l'homme dans sa complexité. Nienke, elle aime l'Homme avec un grand H, elle a aimé voyagé dans les endroits les plus reculés du globe pour découvrir les autres. Elle croit en l'humain, elle croit que chacun est profondément bon, à l'origine, et qu'il reste toujours une partie de bonté en chacun, même si elle est bien dissimulée, même si on essaye de l'enfouir sous une montagne de défauts. Elle y croit dur comme fer.

Nienke, elle est le bâton qui ne rompt pas, le métal qui ne tord pas. C'est la droiture. Elle ne calcule rien, agit comme un animal sauvage. Elle ne parle pas beaucoup Nienke, mais quand elle le fait, c'est réellement important pour elle. Elle ne parle pas pour rien dire, elle exprime peu ses émotions, que ce soit verbalement ou physiquement. Elle est la Joconde, un mystère à résoudre, une peinture qui ne montre aucun sentiment. Personne ne sait vraiment à quoi elle pense, un visage plutôt fermé, aucun sourire obligé. Et si ses lèvres s’étirent, c'est pour une vérité, sans faux semblants. Elle aime rire pourtant, elle aime l'humour, les beaux paysages, les enfants du monde entiers. Nienke, elle est folle des enfants et des animaux, elle aime ce qui n'est pas transformé, ce qui reste pur, comme le son du cristal.

Nienke, elle ressemble à un iceberg mais elle rayonne quand elle est avec son frère. Seule, elle paraît si froide, si lointaine, que parfois les gens ne savent pas si ils doivent s'approcher d'elle. Elle fait un peu peur Nienke, l'appréhension d'être rejetée par elle alors que c'est une jeune femme douce et aimante. Nienke, elle est vaporeuse, elle se déplace comme une reine mais n'en a que la grâce.