15 minutes (clael #4)

J'avais pas prévu de faire grand chose aujourd'hui, alors je suis presque ravi d'être sorti de mon appartement, même si c'est Clémence qui demande. Alors que j'ai mal parlé d'elle à Gabe il y a de ça trois semaines maintenant ; est-ce qu'il lui a seulement parlé de ça ? Vu qu'elle n'a pas l'air de me détester, je pense qu'il a dû éviter le sujet et fabriquer un bon mensonge. C'est peut-être l'une des seules choses pour lesquelles je peux le remercier. Allant la chercher à la maison qu'elle partage avec sa sœur et sa cousine, le trajet se fait plutôt long pour un dimanche midi. Garant ma voiture en face du portail, je coupe le moteur, attrapant mon téléphone pour l'appeler. Après quelques bips, elle décroche. "C'est Raf. Je t'attends dans la voiture, je suis garé devant le portail." Elle répond positivement, puis je raccroche. Je lâche un soupir, prenant ma sacoche posée sur le siège avant pour la balancer derrière. J'attends bien quelques minutes avant qu'elle n'arrive, ouvrant la portière et me saluant toujours avec un certain entrain. "Salut. Ça fait plaisir de te voir." Je dis, feignant un espère de sourire. J'avouerais aimer vouloir revenir en arrière, sur ces trois mois d'innocence il n'y avait que nous deux, à essayer de recoller les morceaux d'une relation fracassée et de sentiments inavoués ; qui auraient dû le rester, d'ailleurs.

J'attends qu'elle s'attache, puis je fais demi-tour pour reprendre la route et me diriger vers l'adresse qu'elle m'indique, regardant son téléphone pour situer où est-ce que ça se trouve. "Hé, c'est à Back Bay, non ? Dans l'hôtel Four Seasons. On habite presque à côté." Je reconnais l'endroit, puisque je passe devant pour récupérer la highway menant jusqu'à Allston tous les matins. "C'est dingue, t'aurais presque pu me demander, il y a quelques appartements à la vente et à la location dans mon bâtiment. Uniquement disponibles en bouche à oreille. Il y a juste pas toute la sécurité de l'hôtel, mais on vit plutôt bien aussi !" Et aussi parce que le landlord était pas super chiant sur le côté étranger et compagnie ; ce qui était relativement rare aux États-Unis et encore plus dans un quartier huppé.

@Clémence Pastor

Gabe encore malade, tu n’avais pas voulu le déranger pour ce que tu pensais peu important à l’heure actuelle alors, tu avais décidé de demander à Rafael de t’accompagner pour une visite d’appartement, ne voulant pas y aller seule et les autres ne pouvant pas t’accompagner. Alors, après avoir enfilé une tenue un peu plus classe que ton simple pyjama, tu avais décroché alors que tu entendais ton téléphone sonner. Tu avais prévenu le garçon que tu arrivais et pourtant, tu avais traîné, parce que tu étais encore quelque peu prise de nausées et que c’était pire que les semaines passées. Petite mine qui pourtant affichait toujours un sourire agréable sur les lèvres, tu finir par t’installer dans la Mustang. — À moi aussi ! Que tu souffles en le regardant, posant ton sac à main à tes pieds avant de légèrement pencher le siège vers l’arrière grâce à la manivelle cachée sur le côté. Tu t’attaches alors, mais passe le bas de ta ceinture correctement sous le petit vendre qui commençait a peine à bien se voir.

Alors qu’il prit la route pour retourner dans le quartier où il vivait, tu te disais que tu avais clairement pu venir avec ton propre véhicule et le retrouver sur place. Tu ne savais pas pourquoi il avait insisté pour te récupérer, mais, si ça pouvait lui faire plaisir. Regardant le trajet sur ton GPS, tu viens allumer le poste radio, ne supportant pas vraiment le silence qui s’installait que ce soit avec lui ou même avec Gabe. — Oui, c’est ça, le Four Season de Dalton Street ! Que tu lui dis, avant de couper l’application. S'il connaissait la route, ça ne servirait à rien de niquer la batterie de ton téléphone. Puis tu te mis à rire à sa remarque avant de secouer la tête doucement de gauche à droite. — T’en fais pas, je vais quand même juste regarder les appartements disponibles ici, y en a quelques-uns qui me plaisent, mais un surtout donc, j’aimerais le voir avant de me décider. Et puis, tu savais qu’avec la sécurité de l’hôtel et les places de parking disponibles, ça ne serait pas trop négligeable. L’espace que l’appartement offrait était plutôt agréable pour se projeter dans une petite famille et toujours avoir de la place pour accueillir amis ou famille. — Et puis si j’habite dans ton immeuble, je ne crois pas trop que Gabe apprécierait…

Puisque je connaissais la route, je lui dis qu'elle pouvait éteindre son téléphone parce que c'était comme si je rentrais chez moi jusque là, à l'exception que c'était un kilomètre plus tôt. La route est presque machinale, puisque j'ai bien eu l'habitude d'y aller puis d'en revenir tout le long de l'année. "Pas de soucis, au pire je peux t'aider à en chercher un. Je connais bien le quartier, j'y habite depuis que je suis à Boston." La route semblait bien plus fluide que quand je suis parti, on allait pouvoir y être d'ici dix minutes s'il n'y a pas d'embûches d'ici là. Clémence allumant la radio, elle tombe forcément immédiatement sur celle que je mets à chaque fois que je suis en voiture ; celle centrée sur les musiques latinos. "Il a peur que tu viennes boire un café et manger de la paëlla toutes les semaines parce que tu sens ça même deux étages plus haut quand je cuisine ?" Je lâche un rire. Je ferais bien de pas réagir en entendant le nom de Gabe, si je veux éviter les ennuis profonds. Les feux de circulation étant tous au vert, je me permet d'appuyer un peu plus sur l'accélérateur sans pour autant griller les limitations de vitesse. "Qu'est-ce qui t'a fait décider de partir, t'as envie de plus d'intimité ou de tranquillité ? Les gonzesses Pastor sont invivables ?" En vrai, je dis ça, mais c'est pas vrai. Pour avoir fréquenté la famille assez souvent, elles sont loin d'être insupportables. J'ai connu pire. "T'as eu le temps de manger avant ou je te paye un restau après la visite ? Ça te permettra de découvrir le quartier en même temps !"

Cela te faisait bizarre de monter à nouveau dans la voiture de Rafael, mais tu avais tes habitudes ici et justement lorsque tu abaisses le pare-soleil, tu fus surprise d’y voir quelque chose tomber. Tu te penches légèrement pour ramasser un bout de papier coloré de rose avant de tourner ce dernier pour y voir un petit mot d’amour qui te fit serrer les dents. Tu ouvris alors frénétiquement la boite à gants pour le mettre dedans et la referme, t’enfonçant dans ton siège. — T’en fais pas, je connais quand même la ville à force. Mais tu te mets à rire alors qu’il fait une réflexion sur Gabe et sa potentielle jalousie. Tu plisses le bout du nez, grimaçant avant de soupirer. — Non, mais je pense que par respect pour lui, je vais éviter de vivre dans le même immeuble que toi. Pas trop certaine que ça lui plaise de te croiser dans les escaliers. Ce que tu ne disais pas, c’était surtout parce que tu allais vivre avec lui que tu ne voulais pas habiter au-dessus de chez Raf. Te redressant doucement, tu laisses tes yeux se balader sur ses mains qui serraient le volant pour le pivoter et s’engager dans la rue de l’hôtel. — De plus d’intimité, je dirais ? Ce n'est pas ouf de vouloir profiter de son copain et de se faire déranger par quelqu’un… Puis une fois la voiture devant l’hôtel, tu finis par sortir et laisses Rafael donner ses clés au voiturier. Tu l’attends avant de finir par entrer dans le hall du bâtiment et te diriger vers l’accueil où tu signales ta présence pour qu’on puisse vous faire monter jusqu’à l’appartement. — J’ai mangé, mais j’ai eu des nausées quand tu es arrivé donc je t’avoue que j’ai un peu faim…

Je dois avouer que l'idée de faire jalouser Gabe me rend particulièrement joie, surtout après toutes les merdes traversées en l'espace de deux mois. Un soupir s'échappe, parce que je me rends compte que je suis toujours d'une jalousie maladive alors qu'elle est sensée être officiellement en couple avec lui. Pour le peu que j'en sais. "Ah, ouais, cette envie de baptiser la maison entière et se dire derrière que des gens mangent sur la table de la cuisine." Je rigole, mais ça, on l'a déjà fait. Et on avait aucun scrupule non plus, parce que j'habite tout seul et qu'il n'y a personne pour déranger. Une fois arrivés, je laisse le staff garer ma voiture en y donnant les clés, suivant Clémence de près. "Tu commences déjà à attraper les saloperies avec le froid ? Fais gaffe, tu voudrais pas refiler la gastro à ton cher et tendre." Je dis, rigolant derrière. Montant dans l'ascenseur, le liftier insère une clé dans une serrure pour ensuite appuyer sur un bouton qui permettait sûrement d'accéder aux étages résidentiels privés. "Je connais un restaurant italien assez bon à deux pas d'ici. Quand on a fini, je t'y emmène." Le reste de la montée se fait dans le silence, Clémence et moi sortant en premier suivis du promoteur immobilier qui nous indiquait le chemin à suivre jusqu'à l'appartement. Je sais pas vraiment ce qui a pu l'attirer de vouloir visiter un logement situé dans un hôtel, ça me rendrait foutre mal à l'aise de voir ma vie privée sapée dans le genre. C'est peut-être pour ça que j'aime bien vivre dans un condo assez luxueux mais discret. "C'est ton père qui veut investir à Boston, aussi, pour taper dans un endroit pareil ?" Parce que ça m'étonnerait peu de Guillaume, lui qui possède déjà une bonne partie de l'immobilier monégasque.

Tu plisses doucement les yeux à ses paroles. Non, ce n’était pas forcément le fait de profiter de Gabe de cette manière, mais plutôt dans la globalité de votre relation. Tout ne tournait pas autour de ce genre d’intimité, mais tu n’avais pas envie d’être constamment dérangée par les autres même en profitant simplement d’une soirée film. Haussant les épaules, tu ris légèrement avant de secouer la tête. — Gabe est malade, il m’a peut-être refilé un truc qui sait ? Enfin, non, il était certes malade, mais ce n’était pas ce genre de chose qui te mettait dans un état pareil. Puis, une fois dans l’ascenseur, tu finis par t’adosser contre ce dernier dans un léger soupir. Tu ne répondis pas forcément à l’idée du restaurant, mais cela ne voulait pas dire que tu n’étais pas intéressé pour manger un bout. Suivant finalement l’agent dans le logement, te mis a arquer un sourcil en entendant Rafael te parler de ton père. Il savait parfaitement qu’il avait déjà des logements sur Boston depuis ses études au MIT alors, ça t’étonnait qu’il pense qu’il puisse être intéressé par d’autres achats. — Mon père ? Non ahah, c’est moi qui veux acheter quelque chose. J’ai encore beaucoup trop d’années d’études et j’avoue que j’aimerais me poser tranquillement. Personnellement, tu préférais la sécurité d’un hôtel, même si tu devrais côtoyer les nombreux touristes fortunés. Pour toi, le plus important était de mettre ta famille en sécurité et le logement, bien que hors budget pour Gabe serait un endroit parfait pour vous y installer. Pourtant, tu reviens rapidement à la réalité lorsque le professionnel vous appela comme Monsieur et Madame Pastor. Tu répondais alors négativement, expliquant que Raf n’était qu’un ami. Une fois dans l’appartement, tu regardes l’espace avec émerveillement, imaginant cette petite vie de famille qui se projetait un peu plus concrètement.