Je viens tout juste d’arriver
Jsuis au Starbucks, celui à côté de la station de métro
J’attends la réponse de Motoko, commande et récupère mon gobelet. Je prends une gorgée de mon café allongé, grimace parce que c’est trop chaud - ça me met pas la claque que j’attendais, mais j’espère que ça va pas trop tarder. Je vois ma tronche dans un miroir installé comme déco - quelle idée, c’est pas terrible à voir. C’est plus des cernes que j’ai, c’est des tranchées. Ça va que j’ai pu larguer mes affaires à l’hostel où je crèche, et qu’ils ont été assez sympa pour me laisser prendre une douche avant mon enregistrement. Le sommeil, ça sera pour plus tard.
Je vais m’installer à une table vacante près d’une des baies vitrées, m’accoude et regarde l’extérieur. Sur fond de briques rouges, les gens se magnent, pataugent dans les flaques où la lumière bave. Pour le peu que j’ai vu à travers la vitre de la bagnole de Jordan en arrivant ici, ça a l’air plutôt sympa comme ville. Je me sens presque trop fatigué pour être nerveux - presque. Je me dis que j’aurais peut être dû attendre d’être reposé pour voir la soeurette, j’imagine qu’après huit ans sans se voir, on est pas à une demie journée près. Mais peut-être qu’un peu, quand même. Plus envie de décaler.
Mon téléphone me sort de ma torpeur - elle me dit qu’elle est là. Je me retourne, parcours la salle des yeux pour essayer de la trouver. Elle est là, à quelques mètres, gobelet à la main, l’air sûrement aussi paumé que moi. Je lui fais un geste de la main, et mon plus grand sourire. “Moto!” Je me lève, la voir en vrai me donne plus de courage que je pensais. Alors qu’elle s’avance, j’écarte un bras sur le côté, l’interroge du regard, les commissures toujours engagées - accolade de retrouvailles ?
(Emery Whitaker)