BIBIANA PRAVDINA › Quincymood

› un En Biélorussie, la nature est une grande maîtresse que l'on aime, et Bibi ne fait pas exception. Elle a grandi dans une maison en bordure de forêt, dans une petite ville où les rumeurs, légendes urbaines et croyances diverses ont bercé son imagination.
› deux Il ne faut rien dire à papa, lui disait sa mère. La trappe sous l'épais tapis dans la chambre de Bibi menait vers une pièce oubliée depuis des décennies, découverte par hasard par sa mère en faisant le ménage. Le secret des deux femmes de la maison, et l'endroit parfait pour une mère créative et férue de pulsions inexplicables.
› trois Le concept de la mort fut présenté à Bibi aussitôt que l'âge de cinq ans. Elle en parlait avec sa mère, doudou à la main, écoutait les récits de celle-ci, lui décrire ce que chaque potion causerait à chaque mauvaise personne, et qu'elle purifiait ainsi la terre des imperfections. Mais toi, tu es parfaite, ma fille. Un baiser sur le front accompagnait ces mots, et la petite se perdait dans les bras de sa mère, se sentant aimée et protégée par une telle maîtresse des potions.
› quatre Cette belle aventure a pourtant pris fin quand elle eut douze ans. La police qui débarque, fracasse la porte et ignore les cris de l'enfant apeurée qui supplie de laisser sa mère tranquille. Elle se débat, hurle, mais son père la retient, terrorisé de découvrir que ses soupçons étaient fondés ; sa femme est une tueuse en série. La famille s'écroule, le procès est médiatisé ; Bibi est aussi sous les feux des projecteurs, et le père ne supportera pas la pression. Une fois le procès terminé, et lui et sa fille innocentés, ils se sont éclipsés, et ont quitté le pays. Peine de mort pour la tueuse en série.
› cinq Pendant quatre ans, ils vécurent en Lettonie. La découverte que sa fille était au courant des méfaits de sa mère, et pire, qu'elle la défendait encore, rendit les relations compliquées. Si compliquées que le père devint violent verbalement avec elle, laissant la peur de devenir victime de sa propre fille prendre le dessus, quand bien même cette dernière se défendait qu'elle ne ferait jamais une telle chose.
› six Et pourtant, repoussée ainsi par son père, Bibi finit par suivre le chemin de sa mère... partiellement. Une quête de connexion, d'un lien auquel se raccrocher, Bibi tombe dans les potions, s'intéresse à tout ce que sa mère faisait. Elle est curieuse, créative, et découvre le même frisson qu'elle imagine sa mère avait quand elle préparait ses oeuvres ─ mais Bibi ne veut, d'une part, pas terminer comme elle, elle ne veut pas non plus tuer. Commencent alors ses rêves de grandeurs, de puissance, alors qu'elle aperçoit sa première victime courir vers les toilettes. C'est grisant.
› sept La Lettonie ne l'intéresse pas. Retourner en Biélorussie non plus. Puisqu'elle vise les sommets, elle doit alors se dépasser, et se jette à corps perdu dans les études. Ni ami, ni amant ne saura la détourner de la voie qu'elle a choisi, car sans les fonds nécessaires, c'est bien sur les bourses qu'elle doit compter. Et à l'âge où tout le monde se lance dans les études universitaires, Bibi s'accorde deux années intensives de préparation pour Havard. Le sommet, on a dit.
› huit Admise. Un dernier regard glacial empli de mépris à son père qui voit en elle le fantôme de sa mère, et Bibiana s'envole vers Boston pour un nouveau départ. Avec son accent russe, son caractère aussi brut que les forêts biélorusses et ses potions diverses, la sorcière se rapproche de Salem.
› neuf Un temps d'adaptation fut nécessaire, et au début, Bibi se fit discrète, jaugeant d'abord la population locale, ses coutumes et surtout, ses habitudes. Aujourd'hui, Bibi se fond parfaitement dans la masse, et s'est bien forgé la réputation d'être une vipère. Une sorcière vicieuse capable de trahir pour l'appât du gain... ou par ennui. Mais l'on note que ceux qui tiennent ces propos, souvent, ne donnent que leur version des faits, et omettent bien souvent des détails. Jamais sans raison. Bibiana gratte aux portes de secrets, armée de menaces silencieuses et de sourires enjôliveurs.
› dix Et puis elle est douce, parfois. Elle fait traîner les doigts sur la peau, mord les chairs, offre de la tendresse et des rires aux éclats quand on ne s'y attend pas. Elle virevolte, change au gré de ses envies, avant de partir sans rien dire et quitter votre vie.
› onze Outre le poison, la jeune femme se passionne pour le mystique et elle aime cultiver cette image de sorcière capable de maîtriser l'inexplicable. Elle aime la magie, les pièges et les illusions.