@christian hartley -- Jeudi 19 Septembre 2024. La clope au bec alors que tu regardais au loin les gens qui passaient et vaguaient à leur occupations, ta jambe qui bougeait toute seule - seule trahison de l'appréhension qui se logeait au creux de ton estomac. Autant tu prenais les choses comme elles venaient, autant rencontrer des gens comme ça, ce n'était pas ton fort, l'introversion qui rendait compliqué ce genre de scénario. Mais tu te forçais, aujourd'hui, y avait plus le choix, trop longtemps à repousser l'inévitable depuis que ton ancien colocataire s’était barré, à retourner dans son pays le diplôme en poche. Alors il restait plus que toi et cette chambre vacante et silencieuse - qui ne serait en rien un problème si t'avais pas à payer le loyer tout seul. Alors entre l'université, les besoins primaires comme se nourrir, et doubler l'argent que tu retirais pour le loyer, t'avais l'impression de te retrouver la tête sous l'eau, petit à petit. A pas tenir encore deux mois comme ça, à ne plus vouloir te retrouver à survivre au lieu de juste vivre - fallait que tu trouves un colocataire au plus vite. Les annonces envoyées, des mecs qui répondaient par-ci par-là, rien de sérieux. Puis y avait ce mec - et malgré les bref échanges, tu ressentais comme l'urgence derrière ses mots. 15h30, Rainbow Café, Fenway Village. L'invitation était lancée - déjà un test, de voir comment il répondait de venir dans le quartier lgbtq+, à pas vouloir perdre de temps et apprendre que ton colocataire était un homophobe deux mois après qu'il t'ai rejoint. Alors t'attendais, le iced americano comme pour combattre l'automne qui arriverait bientôt, la part de carrot cake dans une jolie assiette vintage devant toi.
(SeoHo Min)
« j'vais pas t'mentir : j'suis pas vraiment ton prince charmant, si tu veux bien sortir avec moi, c'est pour le pire, j'ai rien à t'offrir, à part des mauvais souvenirs. ça sera p't-êt' pas tous les jours la fête, j'suis qu'un homme : j'réfléchis pas toujours avec ma tête. maintenant tu sais à quoi t'en tenir, si tu veux bien sortir avec moi : c'est pour le pire. » |