ubi amor, ibi dolor.(where there is love, there is pain.)•
un › lubie d'un père qui s'plaît à nommer ses gosses d'après ses personnages préférés. t'as jamais été proche de lui, pas comme le p'tit frère. pourtant t'as toujours préféré qu'on t'appelle par le surnom qu'
il a donné. retiens les grimaces quand quelqu'un,
la mère, majoritairement, t'appelle max. c'pas toi, ça. juste l'image de gamin modèle que tu donnes. y a qu'elle, pour encore t'appeler comme ça.
deux › phase de l'enfance, probablement, mais tu rêvais d'être archéologue. a passé tout un été à creuser des trous dans l'jardin en espérant trouver des restes de dinosaures, sous l'oeil attentif du p'tit frère.
tu voulais les lui offrir. t'étais trop grand pour y croire, quand y a eu un truc sous ta pelle. tentative d'la mère qui en avait sûrement marre de voir son jardin ressembler à un gruyère. neo, il y croit encore. tu dis rien. gardes le secret, tant qu'ça lui fait plaisir.
conserves l'estime qu'il semble avoir pour toi bien au chaud. trois › y a toujours eu cette relation bizarre. entre vous tous. beaucoup trop loin d'la famille parfaite et harmonieuse. le père qui s'veut inexistant, la mère qui joue au dictateur d'vos vies, les cris contre le plus jeune. les camps s'créent. peter s'joint à
elle. situation délicate, tu veux pas la décevoir, qu'ses prochains hurlements soient contre toi, mais tu peux pas laisser neo seul.
t'occupes de lui autant que possible, passerais des heures à le calmer, le rassurer, s'il en avait besoin. quatre ›
tout c'que tu veux, c'est la paix. tu vois tout l'mal qu'elle fait autour d'elle. vois l'horreur qu'elle crée à chacun de ses pas. mais t'es rien d'plus qu'un bon p'tit soldat. de la naissance jusqu'à la mort, tu lui obéiras sagement, aucune mutinerie, pas de soulèvement.
rien. t'en es pas capable. les scénarios du
et si ? font trop mal à imaginer. alors tu te tais.
elle laisse tranquille, quand tu fais c'qu'elle dit. paix temporaire. compromis. cinq › t'es
son portrait craché, apparemment. c'est dit avec des sourires, mais toi, ça te dégoûte. malaise quand on te compare à la vipère. t'espères juste que tu seras pas aussi horrible qu'elle, dans le futur.
c'est ta plus grande peur. lui ressembler de trop. qu'on t'insulte comme tu l'insultes. qu'on t'abandonne, parce que tu sais à quel point t'aimerais partir, des fois. jamais revenir. couper contact, plus repenser à eux. et tu t'sens mal, tout ces soirs, d't'imaginer loin de tout ça. d'laisser l'plus jeune à son triste sort un jour.
six ›
est-ce une réelle crise d'adolescence, si tu restes sage ? tentatives d'évasion multipliées. tu passes tes nuits dehors. parti à l'heure du coucher, revenu avant les hurlements du réveil, profites des avantages d'la vie nocturne. au début, une envie d'trouver une façon d'aider le frère adoré. avant d'lentement t'laisser recouvrir par cette impression d'rien pouvoir faire. les efforts seraient futiles, alors pourquoi t'essaierais ? chaque nouvelle nuit, tu t'en veux, d'l'avoir trahi comme ça. chaque fois qu'il te regarde, tu repenses à ton inaction.
t'aurais pu. t'aurais pu mais t'as rien fait. il souffre et c'est ta faute. s'il savait, il te détesterait comme il la déteste. sept › à passer l'intégralité d'tes soirées à chercher de quoi anesthésier la culpabilité, ça a été
si rapide de tomber dedans. tête la première, pas tenté une seconde de résister à la chute.
ça fait arrêter de penser à la maison. c'est juste un truc de plus à cacher, l'prix à payer pour un quotidien plus facile à supporter.
plus penser au fait qu't'as rien fait pour lui offrir un quotidien plus supportable, à lui. huit › t'as un certain talent pour t'foutre dans la merde, faut l'dire. les mains constamment levées en signe d'innocence. une soirée qui a mal tourné. l'groupe de potes qui vole en éclats parce qu'un d'ces abrutis en a buté un autre. t'sais pas pourquoi, veux pas savoir. premier à avoir été relâché.
mauvais endroit, mauvais moment. trop défoncé pour bouger, encore plus pour être à l'origine d'un truc pareil. t'as aucun souvenir de tout ça. soirée désastreuse effacée,
blackout total. mais tu vois comme ça l'a détruit. ce gars qui a perdu son meilleur pote ce soir-là. sanho. l'seul à qui tu parles encore. avec le temps, c'est toi, qui est devenu l'meilleur pote. la mère, elle a pas été contente, c'est sûr. mais t'avais qu'à lui sourire, lui assurer que tu savais rien, avais rien à voir là-dedans, simple erreur de parcours, si t'étais là.
tu vas te reprendre, c'est promis, maman. ça lui a suffi.
neuf › les rêves ont pas franchement changé, seulement évolué. futur archéologue s'est transformé en futur guide de musée, y a eu une période où tu t'voyais archiviste. décidé sur l'fait d'être prof pendant le lycée. l'domaine est toujours l'même, lui, par contre.
tu t'entraînes avec les jumeaux, parfois. tentes constamment de leur expliquer des conflits sûrement trop complexes pour eux. dix › y a une sorte de routine au quotidien, depuis plusieurs années. les cours, l'meilleur pote, les soirées, les idées pourries. les repas avec la famille, qui finissent un peu trop souvent en catastrophes. sourires hypocrites à la mère, aucun mot échangé avec le père, encore moins depuis qu'il entend plus rien.
pas appris la langue des signes, à quoi ça servirait, quand y avait déjà aucune communication avant ? s'arranger pour s'occuper des plus jeunes. la mémoire qui t'fait défaut. et cette culpabilité qui t'bouffe, t'donne juste envie de t'excuser en boucle chaque fois que tu parles au p'tit frère.
tente de te rattraper comme tu peux. encore et toujours. être tout ce qu'il pourrait espérer. à l'écoute, présent, rassurant, utile, tant que ça lui fait un peu d'bien. vrac › met l'lait avant et après les céréales, au moins la question s'pose pas - intolérant au lactose, accro à la caféine, allergique au fait de réfléchir deux secondes - a fait du hockey ainsi que du tir à l'arc pendant plusieurs années, dans le seul but d'avoir un meilleur dossier - a détesté le hockey dès les premières minutes, ne s'est pas fait attendre pour arrêter une fois accepté à harvard - nommé max en hommage au héros d'mad max, jim pour un acteur que l'père vénère, il a cette drôle de lubie le daron, pour nommer ses gosses d'après des trucs qui t'ont jamais intéressé, toi - déteste qu'on le touche, mais semble ok avec le fait de coller les autres de lui-même - fait des fixettes sur des trucs aléatoires pendant quelques semaines, quelques mois, avant de se lasser et abandonner le truc jusqu'à le retrouver par hasard des années plus tard - a appris le français pour une comédie musicale, le latin et le grec parce qu'il s'était persuadé que les traductions étaient mauvaises (sabotage des historiens) - passe son temps à râler contre l'existence du soleil, comment ose-t-il l'aveugler?