we are who we are (( arthina #1 ))

Evelina avait passé l’après-midi à rire et à courir derrière le petit garçon d’Arthur, et filleul au passage, dont l’énergie semblait inépuisable. Entre les jeux de construction, les livres d’images, et la petite bataille de coussins qui avait éclaté dans le salon, elle se retrouvait épuisée. Après une histoire du soir – où le dragon gagnait, pour le plus grand plaisir du garçon – elle l’avait bordé avec tendresse et déposé un baiser sur son front, les yeux encore brillants de cette joie innocente qui ne demandait rien en retour.

À présent, elle était seule avec Arthur dans le salon, où le silence s'était doucement installé. Elle se laissa tomber dans le canapé, un léger sourire flottant encore sur ses lèvres. La fatigue agréable d'une journée bien remplie se faisait sentir, mais elle était surtout envahie par une tranquillité rare. Elle n'avait pas souvent l’occasion de partager des moments simples comme celui-ci. Sentir la présence de l’homme l’apaisait, et elle n’avait même pas besoin de le regarder. Leurs mains se frôlèrent, un geste non calculé qui provoqua un frisson en elle, une sensation qu’elle n’avait plus ressentie depuis longtemps. « Ça fait du bien de le voir aussi heureux, » murmura-t-elle en tournant la tête vers lui. Evelina baissa les yeux, prise entre la pudeur et le désir de rester dans cet instant suspendu. La lumière basse du salon baignait le visage d’Arthur d’une teinte douce, et elle s'autorisa à observer chaque détail : la ride au coin de ses yeux, la courbe de son sourire qui semblait avoir traversé des épreuves. Elle se sentait attirée par cette aura de sécurité et de force tranquille qu’il dégageait. Sans même l’expliquer, sa main posée sur le canapé glissa vers la sienne. Elle n’aurait pas su dire si c’était elle ou lui qui avait rompu la distance mais leurs doigts se nouèrent en silence, dans ce geste à la fois banal et chargé de sens. Elle sentit son cœur accélérer, mais cette fois, elle n'eut pas envie de fuir. Pas comme avec Léandre. Incapable d’expliquer ce qui se passait avec cet homme qu’elle connaissait que très peu.

@Arthur Levy