In those cold walls - Bastien

Enfin, il s’était lancé. Ça faisait un moment qu’il avait envie de demander à son professeur de l’accompagner pour des stages, mais il avait pris un très long moment à se décider de le faire. Le fait qu’il n’était pas à un bon endroit mentalement pendant un moment avait un peu influencé l’absence de demande. Après tout, Bastien voulait être à son meilleur pour assister à ce genre de chose. C’était bien normal, non ? Alors quand il s’était enfin décidé à le demander, le jeune homme avait été pris d’une certaine excitation de pouvoir enfin sortir des murs de l’école et en apprendre sur le terrain. En même temps, il fallait dire que Bastien était quelque peu blasé par les cours. Non pas qu’il ne trouvait pas le sujet intéressant, mais avec sa mémoire eidétique, il apprenait trop vite, trop parfaitement, alors les retours sur les sujets déjà abordés étaient, pour lui, assez inutiles et emmerdants.

Le jour venu, pour une fois, il avait pris le soin de bien se préparer, se faisant plus présentable et plus professionnel. Non pas qu’il était dans un sale état quand il allait en cour, quoique parfois oui, mais il n’était pas aussi soigné qu’à ce moment précis. Bref, il s’était enfin présenté sur place, à l’heure qui lui avait été indiqué, allant rejoindre le professeur Skovsgaard il lui adressa un sourire en hochant la tête à sa question.

Exactement. Merci d’avoir accepté de m’avoir avec vous aujourd’hui. J’ai bien hâte de voir comment ça va se dérouler.

Il faisait de son mieux pour ne pas trop montrer son enthousiasme, parce qu’il avait bien l’habitude que ce soit trop pour les gens. Il lui serra donc la main avec l’assurance que son père lui avait si bien inculqué, puis observa l’homme un instant.

D’accord. J’irai là d’abord. Mais c’est où précisément ?

Il lui fallait bien cette information pour y aller, évidemment. Bon, principalement pour la blouse, puisque sur lui, il n’avait que son téléphone et ses clés d’appartement. Il n’avait amené rien de plus, n’ayant pas ce besoin de prendre des notes ou quoi que ce soit du genre. Bastien fit aller doucement sa tête de droite à gauche. Il en avait déjà vu des cadavres. Peut-être pas découpé et tout, mais il avait fait face à la mort plus d’une fois.

Non, j’en ai déjà vu. Mais simplement dans des cercueils, déjà embaumés.

Mais il avait foi que ça ne le dérangeait pas le moins du monde. Il n’était pas facilement dérangé par les choses, dur à choquer et dégouter pour être bien honnête. Il avait ses passions plutôt morbides et un estomac d’acier.

Pas trop simple j’espère. Je ne suis pas un grand fan de la simplicité.]

Bastien était du genre à aimer ce qui était complexe, stimulant. Il préférait les challenges aux savoir trop facile à acquérir. Mais il verrait bien comment iront les choses. Il ne pouvait quand même pas se lancer dans du complexe en un claquement de doigts sans en découvrir d’abord les bases. Mais il était curieux de découvrir tout ce qui pouvait bien se cacher derrière l’autopsie, ce que ça englobait, ses petits secrets et ses nuances. Il avait sagement suivit son professeur alors que ce dernier le guidait vers le casier qui l’attendait. C’était principalement juste pour y récupérer la blouse, puisqu’il n’avait pas grand autre utilité pour celui-ci. Bastien haussa légèrement les épaules lorsque Andy mentionna que ce n’était pas la même chose dans le cas d’une autopsie. Ça, il s’en doutait bien et ça ne lui faisait pas plus peur qu’il ne le fallait. Il avait toujours eu le coeur solide sur ce genre de choses, pour autant que ça ne touchait pas quelqu’un qu’il connaissait. Autrement, c’était le total opposé.

Je me doute bien, mais ça devrait tout de même aller.

Le jeune homme appréciait comment l’aîné était direct dans ses mots, n’y allant pas avec un certain adoucissement qui rendait la réalité moins crue. Après tout, on parlait d’une autopsie, c’était pas quelque chose qui était fait pour les âmes sensibles, alors pourquoi en parler à demi-mots ? Lorsqu'ils arrivèrent au casier, Bastien l'ouvrit pour y prendre la blouse qu'il avait donc enfilé. Un petit rire lui échappa à la mention de prise de note. S'il y avait bien une chose dont il n'avait pas besoin, c'était ça. Sa mémoire lui permettait de tout retenir, sans exception, sans nécessiter de noter sur un papier ce qu'il apprenait. Il offrit alors un sourire à Andy avant de prendre la parole.

Ça me fera plaisir d'être votre pense-bête, mais je ne prendrai pas de note. Ne vous en faites pas, avec ma mémoire eidétique, je retiendrai dans les moindre détails tous vos faits et gestes. De même pour vos paroles.

Il ne disait pas ça pour se vanter, bien qu'un peu quand-même, mais surtout pour que son professeur ne soit pas en questionnement des capacités de pense-bête d'un homme qui ne note rien. Après tout, il ne fallait pas faire mauvais impression devant son professeur de la sorte.

J'espère que vous je serai pas contre quelques questions de curiosités. Sinon, j'en serais bien attristé.

Bon, peut être pas au point d'en être triste, mais quand-même déçu de ne pas pouvoir questionner comme il en a envie. Il attacha la blouse avant de regarder autour dans une certaine curiosité, mais aussi prêt à suivre son mentor vers le travail à faire.