Tommy Mendy
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FIRE STARTER › who can stop me?
Tommy n’avait jamais cru aux histoires de fantômes. Pour lui, c’était des légendes urbaines, des trucs qu’on raconte pour se faire peur autour d’un feu de camp, ou pour attirer des touristes avides de sensations fortes. Pourtant, ce soir-là, il se tenait devant un bâtiment à l’abandon, recouvert de lierre et d’ombres inquiétantes. La vieille bâtisse, un ancien asile psychiatrique laissé à l’abandon depuis des décennies, avait une réputation sordide. Ceux qui y étaient entrés en ressortaient rarement sans avoir vu ou entendu quelque chose d’étrange, de terrifiant. Certains n’en ressortaient même pas du tout. Le vent soufflait fort, faisant claquer les volets défoncés contre les murs de pierre fissurés. L’air était glacial, malgré le début de l’été, et un épais brouillard se levait lentement, comme si la nuit elle-même voulait avaler tout ce qui s’approchait trop près du lieu. Tommy savait que c’était ridicule. « Des âmes torturées… » murmura-t-il en jetant un dernier regard en arrière, vers sa voiture garée plus loin, comme un ancrage dans la réalité. Il fourra ses mains dans ses poches, et avança dans l’allée qui menait à l’entrée principale. Chaque pas résonnait contre les dalles fendues, se perdant dans un écho étouffé par le brouillard. L’immense porte en bois, autrefois imposante, pendait de travers, laissant entrevoir un couloir sombre et humide. La première impression de Tommy fut l’odeur : un mélange de moisissure, de bois pourri et quelque chose de plus métallique, comme du sang séché. « Putain, ça pue la mort ici… » Il fronça le nez, hésitant un instant. Mais il n’allait pas reculer maintenant. Il ne pouvait pas. Il était venu seul, par défi. Il s’était donné la mission de prouver que personne n’avait à flipper pour des fantômes. Simple et direct, comme toujours. Il franchit le seuil. L’intérieur était encore pire que l’extérieur. Des papiers jaunis jonchaient le sol, des brancards renversés gisaient ici et là, et les murs portaient les marques d’un passé troublé : des graffitis mélangés à d’anciennes inscriptions médicales, comme si la folie s’était imprimée dans la pierre elle-même. Les néons fissurés pendaient du plafond comme des cadavres suspendus, et tout était plongé dans une pénombre presque surnaturelle. Un léger bruit d’égouttement parvenait de quelque part plus loin dans le bâtiment. Un frisson parcourut l’échine de Tommy. Il n’était pas nerveux, non. Juste… vigilant. « Bon, on va faire ça vite, » marmonna-t-il en allumant sa lampe de poche. Le faisceau lumineux balaya les murs, révélant des portes à moitié arrachées, des pièces obscures derrière elles. À chaque pas, le plancher grinçait sous ses pieds. Tommy avança, se frayant un chemin dans ce labyrinthe de couloirs vides. Parfois, il s’arrêtait pour écouter, mais il n’y avait rien d’autre que le silence oppressant. Enfin, presque rien. À un moment, il lui sembla entendre un murmure. Un chuchotement faible, comme une voix lointaine. Il se figea. « C’est quoi ça ? » Son cœur accéléra un peu. Il tendit l’oreille, scrutant l’obscurité au-delà du halo de sa lampe. Rien. Juste le bruit du vent qui sifflait à travers les fissures des murs. Il reprit sa marche, plus nerveux que ce qu’il voulait admettre. Arrivé dans ce qui semblait être une ancienne salle commune, il sentit une présence. Ce n’était pas un bruit, ni même quelque chose de tangible, mais une sensation froide, un poids dans l’air, comme si quelqu’un l’observait. Il tourna sur lui-même, balayant les murs de sa lampe de poche, et c’est là qu’il les vit. Des ombres, indéfinissables, dansant dans les coins de la pièce. Son souffle s’accéléra. « Bordel… » Puis, soudain, un rire. Léger, enfantin, venant de nulle part et partout à la fois. Tommy sentit son cœur rater un battement. Il pivota brusquement, cherchant l’origine du son, mais il ne voyait personne. Juste ces ombres qui semblaient se rapprocher lentement. Il recula, ses mains devenant moites autour de la lampe. Il essaya de calmer sa respiration, mais c’était inutile. L’atmosphère était lourde, pesante, comme si le bâtiment entier respirait avec difficulté. Le froid devint plus intense. Puis, quelque chose frôla son bras. Une main ? Un souffle ? Tommy fit un bond en arrière, prêt à frapper, mais il n’y avait rien. Juste l’obscurité. Il n’attendit pas davantage. Ses jambes se mirent en mouvement avant même qu’il ait pris la décision consciente de fuir. Il courut, traversant le couloir, son souffle rauque résonnant dans l’espace vide. Derrière lui, les murmures grandissaient, s’amplifiaient, comme des voix trop nombreuses pour être ignorées.
#rplibre
(Tommy Mendy)