I would run away with you (spencerwaal #8)

Tu avais cette envie furieuse de t'éloigner de Boston et de toute la merde que tu avais cumulée au cours du mois qui venait de s'écouler. C'était peut-être purement anecdotique mais cela faisait pile un mois depuis votre date désastreux de votre deuxième mois et l'article mensonger de Veritas qui en a découlé. La route avait été longue et sinueuse et tu avais bien cru que vous ne seriez pas là pour fêter votre troisième mois ensemble à l'heure qu'il est. Tu étais toujours sur la réserve suite aux aveux de Cassie concernant sa relation avec Ace. Il était sûr et certain que si elle t'avait effectivement trompé, elle n'aurait jamais eu de deuxième chance mais selon les dires de ta copine, il ne s'était rien passé alors tu avais pris une décision beaucoup moins radicale et sans appel. Est-ce que tu le regretteras un jour d'avoir été trop bon, trop con, tu n'en savais rien mais pour cette fois tu voulais bien lui accorder le bénéfice du doute. Ce n'était pas toi qui t'étais entiché d'un autre tout en étant en couple, après tout. Dès lors il n'était guère étonnant de te voir moins démonstratif, moins tendre, peut-être. Il faut dire qu'après avoir failli être cocu à deux reprises, tu n'avais pas forcément envie d'être dégoulinant d'amour comme cela avait été le cas avant. Tu étais toutefois d'accord sur un point : vous deviez vous retrouver, partager des moments ensemble, réparer ce qui pouvait encore l'être. Puisque tu n'avais pas encore eu de notification pour ton meetbex, tu pouvais en déduire que ce ne sera pas pour ce soir, ce qui vous arrangeait dans le fond, car vous pourrez passer la soirée et la nuit ensemble. Tu lui avais proposé d'aller faire un tour à Cape Cod, c'était un endroit que tu aimais bien, et suffisamment proche de Boston pour pouvoir faire l'aller retour en cas de nécessité. Cape Cod était facilement accessible en moto et tu lui en avais parlé, de vous y rendre quand il fera encore beau, avant l'hiver. Bien sûr, c'était avant qu'elle ne décide d'en faire avec Ace en Sicile, et d'anéantir tes projets par la même occasion parce qu'à l'époque tu ne voulais pas ramasser les restes, de faire un pale remake  des activités qu'ils ont pu faire ensemble parce que quoiqu'elle en dise tu ne voyais pas en quoi c'était différent parce que regarder un film, c'était toujours regarder un film et faire un tour à moto, c'était faire un tour à moto, peu importe que ce soit avec Pierre, Paul ou Jacques. Tu ne pouvais toutefois pas rester bêtement campé sur tes positions car sinon cela vous ferait aller droit dans le mur alors tu avais changé d'avis. Après tout, ne disait-on pas que seuls les cons ne changeaient jamais d'avis. Ton plan était donc de partir en fin de matinée et de déjeuner sur place, face à la mer, de vous promener l'après-midi et de passer la nuit dans une chambre d'hôte que tu avais pu réserver même à la dernière minute car c'était hors période tour et donc il y avait des disponibilités. Tu espérais que cette fois le ciel ne vous tombera pas sur la tête. "Alors, ça te plaît?" Tu interrogeas doucement, curieux de connaître son opinion sur sur un de tes endroits préférés dans le Massachusetts.

i would run away with you, 19 octobre 2024
Cape Cod, Massachusetts, USA

Cassie posa son regard sur l'horizon, observant les vagues se briser doucement contre les rives de Cape Cod. Le soleil d'automne jetait une lumière dorée sur l'eau, rendant l'instant presque irréel. Elle inspira profondément l'air salé, sentant son cœur se gonfler de reconnaissance pour cette parenthèse inattendue dans ce lieu qui respirait la tranquillité. Tout dans cette escapade improvisée semblait fait pour apaiser les tensions des dernières semaines. Pourtant, sous la surface, il restait cette ombre, cette incertitude qui n'avait jamais vraiment disparu. La question de Landon la tira de ses pensées. Son regard se tourna vers lui, captant l’attente dans ses yeux. Elle esquissa un sourire doux, mais un peu triste, comme si tout ce qu'ils avaient traversé se jouait en arrière-plan de cet instant de paix. « C'est magnifique, » dit-elle sincèrement, sa voix se perdant presque dans le murmure des vagues. « J'aime vraiment l'atmosphère ici, c'est apaisant… exactement ce dont on avait besoin. » Mais même si elle le pensait, elle sentait que la distance entre eux n’était pas simplement physique. Il était plus réservé, moins tendre, et cela la tuait doucement. Elle comprenait pourquoi, bien sûr. Tout ce qu'ils avaient traversé, cette méfiance, ces doutes qu'elle avait elle-même semés, revenaient comme un boomerang. Son esprit s’attarda sur ce qu'il avait dit plus tôt, sur le fait qu'ils devaient se retrouver. Elle le voulait aussi, vraiment. C’était la raison pour laquelle elle avait accepté cette virée, même si une partie d'elle redoutait que cela ne suffise pas à recoller les morceaux brisés. Le simple fait de savoir qu’il était encore blessé par cette histoire avec Ace lui donnait un nœud à l'estomac. « Je sais que ces derniers jours n’ont pas été simples pour toi… ni pour nous, » murmura-t-elle en fixant l'horizon, incapable de soutenir son regard trop longtemps. « Mais je suis vraiment contente qu’on soit ici ensemble, Landon. » Elle chercha ses mots, essayant de dire ce qu'elle ressentait sans raviver les plaies encore ouvertes. « Je sais que j'ai merdé avec Ace, et je comprends pourquoi tu m'en veux encore, mais… je veux qu’on puisse avancer. Je ne veux plus qu’il y ait ce poids entre nous. » Elle tourna enfin les yeux vers lui, l’espoir mêlé à l’anxiété. Elle savait que cela prendrait du temps. Peut-être que ce week-end à Cape Cod serait une première étape, ou peut-être pas. Mais au fond d’elle, elle espérait de tout cœur qu'ils pourraient encore se retrouver. Parce que, malgré tout, c’est lui qu’elle aime.



@Landon Fabre-Spencer

Tu savais que vous n'en sortirez pas indemnes, de cette crise. Qu'il faudra beaucoup de temps et d'efforts pour repartir sur de bonnes bases mais puisque tu avais décidé de vous donner une chance, il n'y avait plus qu'à assumer les conséquences de cette décision. Toutes les conséquences. La blessure était pourtant encore vive, tu n'oubliais jamais rien, même si tu finissais éventuellement par pardonner. Le simple fait que tu te trouves ici, avec Cassie, en disait long sur ton intention d'aller de l'avant. Alors oui, tu pouvais paraître plus distant, plus renfermé, déjà que tu n'étais pas très démonstratif à la base, mais les récents événements t'ont poussé à te réfugier dans ta coquille, pour te mettre hors d'atteinte. Même si tu affichais une sérénité tout à fait relative à contempler ainsi l'océan atlantique qui s'étendait à perte de vue, il n'empêche que tu appréhendais la nuit que vous allez passer ensemble. Cela faisait un moment que vous n'avez pas partagé de moment intime tous les deux, pas depuis les révélations fracassantes au sujet du fameux Ace. Toi-même tu trouvais cela assez étrange, qu'elle soit toujours là, malgré tout. C'est parce qu'elle t'aime, pas vrai? Cette seule explication devrait suffire à apaiser ton cœur meurtri mais ça ne faisait pas sens dans ta tête, tant il te paraissait inconcevable d'avoir de l'attirance pour quelqu'un d'autre parce qu'a priori, si cela existait, c'est parce que ce que vous avez n'était pas assez fort pour éclipser ça. Dans ces conditions, comment pourrais-tu te sentir assez à l'aise pour te dévoiler dans l'intimité, si c'était un autre qu'elle désirait? C'était autant de questionnements qui resteront sans réponse alors pour le moment, tu préférais laisser les doutes et les questions dans un coin de ta tête pour te concentrer sur le moment présent. "Tant mieux alors, j'espérais que ça te plaise." Tu dis en hochant la tête doucement. C'était déjà ça de pris, que tu n'aies pas mis complètement à côté en choisissant le lieu de votre week-end en amoureux. Il n'y avait plus qu'à lâcher prise, se laisser porter par les événements mais C'était plus compliqué à dire qu'à faire. Tu penchas légèrement la tête pour la regarder lorsque Cassie se remit à parler. Bien sûr, il fallait qu'elle mentionné Ace, et le simple fait d'entendre son nom de sa bouche te tendait mais tu n'en laissais rien paraître. "Il est inutile de te flageller, Cassie." Tu coupas tandis qu'elle revenait encore sur ce qui s'était passé, qu'elle réaffirmait sa volonté d'aller de l'avant. "Les excuses, je les ai déjà entendues, on ne changera pas l'histoire, et ce n'est pas ce que je demande." Toi, tu voulais juste savoir comment vous pouviez avancer, améliorer la situation. "Viens-là." Tu dis doucement, en écartant les bras pour lui permettre de venir s'y blottir, en gage de paix et de réconciliation. C'était aussi une façon de lui dire que tu étais disposé à réduire la distance physique entre vous, car un geste valait plus que mille mots.

i would run away with you, 19 octobre 2024
Cape Cod, Massachusetts, USA

Cassie resta un instant immobile, observant l'océan sans vraiment le voir, ses pensées tournées vers les mots qui venaient d’être échangés. Elle savait que la situation entre eux n’était pas simple, qu'il fallait du temps et des efforts pour reconstruire ce qui avait été brisé. Elle savait aussi que son hésitation ne passerait pas inaperçue. Le simple fait qu’il lui ait ouvert ses bras était un geste significatif, une invitation à se rapprocher, malgré tout. C’était comme s’il lui disait qu'il était prêt à essayer, même si tout n’était pas encore réparé. Un soupir lui échappa, non pas de frustration, mais de soulagement. Elle avait peur qu’il ne lui ferme définitivement la porte, qu’il refuse de la laisser revenir dans son monde. Mais il l’avait invitée, et cela suffisait à atténuer un peu la douleur qui lui pesait sur le cœur. Lentement, elle s’avança vers lui, ses pas légers dans le sable, comme si elle craignait que ce moment de fragile réconciliation ne s’évapore au moindre faux mouvement. Quand elle arriva devant lui, elle hésita un instant avant de se laisser aller contre lui. Ses bras se refermèrent autour de son torse, et elle posa sa tête sur son épaule, cherchant un réconfort qu’elle ne trouvait que rarement ailleurs. Le silence entre eux était à la fois apaisant et chargé de non-dits. Cassie savait que leur relation ne serait jamais exactement la même qu’avant, que cette fissure, même réparée, laisserait une cicatrice. Mais elle était prête à vivre avec ça, prête à faire le nécessaire pour qu’ils trouvent un nouvel équilibre. « Je sais que je t’ai blessé, » murmura-t-elle contre lui, ses doigts s’agrippant légèrement à son pull, comme si elle craignait qu’il disparaisse. « Et je sais que ce ne sera pas facile. Mais je suis là, avec toi. Je veux qu’on avance, qu’on retrouve quelque chose de beau, ensemble. » Les vagues de l’océan continuaient de s’écraser contre la rive, leur bruit régulier apportant une forme de paix à cet échange difficile. Cassie ferma les yeux, essayant de se concentrer sur le moment présent, sur la chaleur de ses bras autour d’elle, sur la façon dont son souffle régulier résonnait contre elle. Elle savait que ce geste, aussi simple soit-il, représentait une victoire en soi. C’était un premier pas vers la réconciliation, vers une nouvelle forme d’intimité. « J’ai peur aussi, » avoua-t-elle, sa voix à peine un murmure. « Peur que tu ne puisses plus me regarder comme avant, peur que tu ne puisses plus me faire confiance comme avant. Mais je suis prête à tout faire pour qu’on retrouve cette confiance. » Elle leva légèrement la tête pour chercher son regard, voulant s’assurer qu’il comprenait à quel point elle était sincère. Ses yeux brillaient d'une tristesse mêlée de détermination, et elle espérait de tout cœur qu'il verrait en elle la volonté de réparer ce qu’elle avait brisé. « Je t’aime, » dit-elle finalement.



@Landon Fabre-Spencer

Tu aurais voulu revenir en arrière, rembobiner le cours des événements comme le ferait un personnage de jeu vidéo. Le fameux effet papillon n'était qu'un détail, tant que tu pouvais changer ce qui pouvait l'être, revenir une seconde avant que tout bascule. Pourtant, tu étais le mieux placé pour savoir que le passé ne pouvait pas être changé, que tu devais continuer à avancer malgré le deuil, la douleur et la déception. Ces émotions, aussi déplaisantes soient-elles faisaient partie de la vie et comme tout le monde tu devais les affronter. Tu voyais bien, ce que les autres pensaient de toi, tu renvoyais une image lisse et sans défauts, tu donnais l'air de quelqu'un qui ne faisait jamais de vagues, un type discret et de ce fait, parfaitement invisible. Ils étaient tellement loin du compte. Ils n'avaient pas vu tes failles, les séquelles de ton passé difficile, ignoraient tout de tes batailles et de tous ces efforts que tu devais déployer pour montrer un visage acceptable aux yeux du monde. Tu avais un peu trop bien réussi puisque tu puais la normalité, tu avais été classé parmi les types ennuyeux et sans intérêt, et tes relations de couple étaient sans doute à ton image : fades, sans panache, sans vie, figées dans le formol. Ils avaient tort, tous autant qu'ils étaient. Aussi, après de longues délibérations avec toi-même, tu lui avais ouvert les bras, à Cassie, invitation directe à venir se blottir contre toi, partager une étreinte. Tu n'avais jamais été tactile, bien au contraire, alors c'était en soi une petite victoire que tu l'acceptes dans ta bulle, malgré tout. Tu ne dis rien de plus lorsque Cassie posa sa tête blonde contre ton torse. Tu refermais ses bras autour d'elle, et, la gorge nouée, tu embrassas le sommet de sa tête. Cassie fut la première à rompre le silence, répétant à quel point elle était consciente de t'avoir blessé et qu'elle était déterminée à avancer, à retrouver quelque chose de beau. Une pointe de tristesse te perça le cœur tandis que tu songeais, non sans mélancolie, à votre première rencontre dans le monde réel, à votre première fois à Hiroshima, où même ces moments que vous avez partagé à Athènes, Mykonos ou Santorin. Tout paraissait tellement loin désormais, presque une autre vie. Tu avais beau passer en revue ces moments, tu ne voyais pas où ni comment tu avais pu te tromper à ce point, ce qui justifiait qu'elle ait voulu aller voir ailleurs. Force est de constater que ce que tu avais à donner n'était pas suffisant, il y aura toujours plus palpitant, plus fun, plus extraverti que toi. Tu savais également que tu ne pouvais pas jouer  un rôle qui ne te convenait pas juste pour rentrer dans des cases, en plus des efforts que tu faisais déjà pour paraître normal malgré tes troubles autistiques. Tu soufflas légèrement lorsque Cassie reprit la parole pour exprimer une crainte qui la taraudait. "Parfois j'y pense, pour être honnête." Tu dis alors tandis que tu avais de la difficulté à mettre des mots sur ton ressenti. "C'est plus fort que moi, j'ai besoin de comprendre comment cette situation a pu se produire alors mon imagination fait le reste."  Tu fonctionnais ainsi, à base de théories et d'hypothèses qui ne pouvaient être démontées que par une preuve contraire. "Je sais qu'on nous vend une certaine image de l'amour, qui diabolise la routine et qui incite à la recherche incessante du grand frisson." Tu esquissas un sourire triste. "Ce n'est pas ce que j'ai à offrir. Je ne suis pas quelqu'un qui vend du rêve, je ne serai jamais quelqu'un de particulièrement passionné ou de démonstratif. Les illusions, je ne les créée que dans mes spectacles, pas dans la vraie vie." Tu recherchais quelque chose de plus véritable, de plus authentique, de plus durable qu'une passion passagère. "Je suis navré que ce besoin de passion t'ait poussé dans ses bras à lui, d'avoir créé ce manque que je ne peux pas combler parce que ce n'est pas dans ma nature." Ça te faisait suer, que tout cela te fasse paraître ennuyeux, sans intérêt. "Mais moi aussi, je t'aime, et je veux juste que tu te sentes bien, avec moi." Tu ne voulais plus jamais ressentir que tu n'étais pas assez, qu'elle pourrait être bien plus heureuse et épanouie avec un autre.

i would run away with you, 19 octobre 2024
Cape Cod, Massachusetts, USA

Cassie sentit un poids immense dans ses bras autour de lui, un mélange de douleur et de compréhension, une connexion plus profonde que jamais. Elle savait qu'elle avait brisé quelque chose de précieux, de presque sacré entre eux, mais elle sentait aussi que cette douleur partagée pourrait devenir une force, une fondation pour reconstruire autrement. Elle leva légèrement la tête pour chercher son regard, rencontrant la mélancolie douce et résignée qui y brillait. Ils étaient face à leurs vérités, à nu, et même si elle n’était pas sûre de trouver les mots justes, elle savait qu’elle devait essayer.  « C'est vrai, tu n'es pas celui qui cherche à créer des illusions dans la vie réelle, » murmura-t-elle.  « Mais ce que tu m’apportes… ce n'est pas ennuyeux, et ce n’est pas sans intérêt. C'est de la stabilité, du calme, quelque chose de vrai. Peut-être que je ne m’en suis pas rendue compte assez tôt, que j’ai cherché ailleurs sans voir ce que j'avais sous les yeux. C'est ma plus grande erreur. » Cassie déglutit, consciente que ses paroles ne suffiraient pas à réparer les dégâts, mais espérant que son honnêteté lui montrerait au moins qu’elle comprenait enfin l’ampleur de ce qu’elle avait risqué de perdre. Elle se pressa un peu plus contre lui, cherchant la chaleur de son étreinte, comme pour graver ce moment dans sa mémoire.  «  Je ne veux pas de faux-semblants, » ajouta-t-elle d'une voix brisée.  «  Je veux nous retrouver, pour ce qu’on est. Avec toi, c'est différent de tout ce que j'ai connu. Je pensais vouloir cette passion, ces sensations intenses, mais j’ai compris que ça ne dure jamais. Ce que tu m’apportes, c’est quelque chose de précieux. Et j'en veux encore, même si je dois m’y battre pour le mériter. » Elle plongea dans ses souvenirs, des moments passés ensemble, des instants où elle se sentait complète, vue, aimée dans sa version la plus brute. C’était cela qu’elle voulait, au fond. Et elle ne pouvait se pardonner d'avoir mis cet amour en péril pour une quête de sensations qui n'étaient finalement qu'une illusion.  « Alors, si tu veux bien… si tu veux encore de moi, je veux qu’on se reconstruise ensemble. Que cette histoire, ce qu'on a traversé, serve à nous rendre plus forts. » Elle savait que ça ne serait pas facile, qu'il faudrait du temps pour recoller les morceaux, pour que les blessures se referment, mais elle était prête à affronter ces épreuves.



@Landon Fabre-Spencer

Tu te sentais désarmé face à cette situation que tu ne pensais pas vivre un jour. Tu ignorais comment tu étais supposé réagir ou même gérer. Ce sentiment d'impuissance t'agaçait profond, toi qui avais toujours un plan pour chaque chose, une solution pour chaque problème. Ça n'avait ni queue ni tête et cela se heurtait aux limites de ton raisonnement logique, pour la simple et bonne raison que ça n'en avait pas. Alors, tu ne pouvais qu'écouter les remords qu'elle exprimait, ceux-ci ne faisaient que t'effleurer l'esprit sans jamais s'y ancrer, à l'instar d'une toile cirée sur laquelle tout glissait. Ce n'était pas que tu y étais indifférent, tu ne comprenais simplement pas. Il faut dire que tu étais particulièrement mauvais pour décrypter tout ce qui relevait de la sphère intime et émotionnelle, tu avais parfois du mal à comprendre tes propres émotions alors celle des autres? Tu n'avais pas en toi cette empathie, pourtant nécessaire aux relations humaines. Tu soutenais difficilement le regard de Cassie, tu étais plutôt tenté de fuir et de te terrer dans ta coquille là où tu te sentais en sécurité et hors d'atteinte. Tu ne pouvais t'empêcher de repenser aux mots de Chelsea, qui semblait trouver cela horrible de rester avec toi uniquement pour répondre à un besoin de sécurité, de stabilité, jusqu'à comparer votre relation à un job que l'on aime pas mais que l'on garde quand même, que l'on fait sans passion et sans appétence particulière. Forcément, qu'elle parle de stabilité et de calme te heurtait, tu ne voulais pas être le choix de la raison, un second choix, quand on rêve de tant d'autres choses. Tu la laissas néanmoins poursuivi sans l'interrompre, parce que là où vous vous rejoignez, c'est que la passion ne dure qu'un temps, la phase lune de miel n'était valable qu'au début, mais une relation s'enracinait ailleurs, se forgeait au gré des épreuves traversées et surmontées ensemble. Ce n'était pas abandonner à la première difficulté parce que l'herbe n'était pas plus verte ailleurs, ce n'était pas pour rien que dans le cadre d'un mariage on mettait en avant qu'il fallait s'aimer dans la richesse comme dans la pauvreté, dans la santé comme dans la maladie et tout ce qui s'ensuit. C'était néanmoins ce qu'elle semblait vouloir puisqu'elle réclamait que vous vous reconstruisez ensemble, que les épreuves que vous avez traversées vous rendent plus forts. Tu passas ta langue sur tes lèvres pour les humecter, car il te semblait que ta bouche s'était soudainement asséchée. "C'est ce que je veux aussi." Tu confirmas en opinant du chef, tes bras entourant toujours Cassie. "Je n'ai toujours pas changé d'avis, tu sais. " La preuve, tu étais encore là alors que tu avais mille raisons de te barrer sans te retourner. "Beaucoup de personnes se sont étonnées que nous nous soyons mis ensemble aussi rapidement après s'être rencontrés, comme si c'était anormal de précipiter autant les choses mais..." Tu t'interrompis, le temps de trouver tes mots. "Pour moi ce n'était pas si déconnant parce que j'avais la conviction profonde que j'avais trouvé la bonne personne, parce qu'on nous dit toujours que quand on sait, on sait. " Tu te retenais d'ajouter que maintenant tu n'étais plus si sûr, à la lumière de toutes ces choses qui ont failli vous séparer. "Je pensais que c'était correct de parler dès le début de mon syndrome d'asperger, parce que ça impacte énormément la façon dont je vois les choses et comment je réagis. Je pensais que, puisque tu t'étais engagée en toute connaissance de cause, tu savais qu'il ne fallait pas s'attendre à ce que j'exprime mes sentiments comme tout le monde, parce que je suis différent, même si ce n'est pas une excuse pour tous les comportements merdiques que je pourrais avoir." Tandis que tu parlais tu te rendais compte que tu n'étais plus revenu sur le sujet depuis que tu en avais parlé alors une piqûre de rappel ne serait pas de trop. "L'amour, le comportement amoureux, ça ne va pas de soi, pour moi. J'ai des difficultés à comprendre les émotions des autres et à acquérir les codes, ce qui fait  je vais exprimer mon amour autrement." Ça n'allait malheureusement pas dans le sens de la passion ou des effusions de sentiments, tu avais horreur de ça. "Je peux être amené à agir par mimétisme pour ne pas trop paraître bizarre, parce que je me dis que c'est ainsi que les choses doivent être mais c'est loin d'être le remède à tout." Tu te mordis les lèvres, toujours aussi stoïque malgré la situation qui faisait appel à tes émotions les plus enfouies. Tu espérais que Cassie avait conscience de ce qu'être avec toi impliquait, parce que tu étais atypique. "Ce que les gens appellent la routine, c'est absolument vital pour moi. Même si ça peut paraître chiant et plan plan, c'est ce qui me permet de me sentir en sécurité. J'ai besoin d'avoir ces petites habitudes, de mettre en place des rituels, ce genre de chose, pour que je ne m'effondre pas mentalement." Il n'y avait rien de pire pour toi que de perdre le contrôle, de ne pas savoir où tu allais, de rester dans le flou qui n'avait rien d'artistique mais tout du cauchemar éveillé. Tu étais presque désolé pour elle qu'elle soit tombée sur quelqu'un qui avait des besoins spécifiques, qui ne vivait pas ses relations exactement comme tout le monde et ce n'était pas forcément un cadeau, car l'amour c'était tout sauf facile.    

i would run away with you, 19 octobre 2024
Cape Cod, Massachusetts, USA

Cassie resta silencieuse, absorbant chaque mot, chaque nuance dans les propos de son petit copain. Elle n'avait jamais complètement mesuré l'ampleur de ce que cela impliquait pour lui de se lancer dans cette relation, ni la profondeur de l'engagement qu'il avait pris envers elle, avec toutes ses particularités. Elle se sentait presque coupable de n'avoir pas toujours compris ce que cela demandait, et à quel point ce besoin de routine et de stabilité était fondamental pour lui, au point que les petites insécurités qui venaient la troubler pouvaient sembler déstabilisantes pour lui. Elle chercha ses mots, sentant l'envie de l'assurer qu’elle comprenait, qu’elle voulait être là pour lui, avec ses imperfections et ses maladresses. Mais c’était difficile de savoir quoi dire, car elle n’avait pas les mêmes codes, la même manière de ressentir les choses. « Je sais que je ne suis pas parfaite, que parfois je fais des erreurs sans même m'en rendre compte. Je n'ai pas toujours vu tes efforts, pas autant que j'aurais dû, » dit-elle d'une voix douce, ses mains venant se glisser dans les siennes pour y trouver un appui. « Mais ce que tu viens de dire, ça compte énormément pour moi. Je vois à quel point tu fais de ton mieux, même si c'est loin d'être simple. Et... je sais que l'amour, pour toi, c’est peut-être moins dans les gestes et plus dans cette routine qu'on partage, dans cette sécurité qu'on construit ensemble. » Elle fit une pause, sentant la pression dans sa gorge alors qu'elle tentait de s'ouvrir, de lui montrer qu'elle comprenait, du moins en partie. « Ça me rassure, parce que je veux cette routine, moi aussi, » reprit-elle doucement, un sourire hésitant aux lèvres. « Je veux être avec toi, même si je sais que parfois je vais galérer à comprendre ce dont tu as besoin. Mais je vais essayer, parce que je sais qu'avec toi, c'est plus qu'une simple histoire. C'est quelque chose de réel et de solide, si on y travaille tous les deux. » Elle passa une main tendre sur sa joue, cherchant son regard pour qu'il puisse y lire sa sincérité. « Et même si ça ne ressemble pas aux histoires passionnées ou folles, ça me va. Parce que c'est toi. » Et dans ce moment de vérité et de tendresse, elle rapprocha sa tête de la sienne afin de partager un baiser rempli d’amour avec l’homme qui partageait maintenant sa vie.



@Landon Fabre-Spencer

Il est vrai que tu avais des doutes. Tu ne savais pas dans quelle mesure il était possible d'avoir - et surtout réussir - une relation avec quelqu'un qui était typique, quand toi tu ne l'étais pas. Ce n'était pas impossible car il existait plein de couples mixtes entre autistes et non autistes mais pour le moment ça te semblait hors de portée. Tout du moins tu n'y arriveras pas sans aide. Tu savais également que tu ne pouvais pas t'attendre à ce que Cassie s'adapte complètement à toi, parce que c'était donnant-donnant, tu devais toi aussi essayer de comprendre quels étaient ses besoins et ainsi trouver les meilleurs compromis possibles pour que cela fonctionne. Cela impliquait de nombreuses discussions, même si tu étais loin d'être doué pour cet exercice mais tu essayais de jouer le jeu. Tu ne regrettais pas d'avoir à nouveau évoqué le sujet car le rappeler n'était pas de trop, pour espérer repartir sur de bonnes bases, des bases plus saines. Tu ne bougeas pas lorsque Cassie prit tes mains dans les siennes. Tu constatas qu'elles étaient un peu fraîches, sans doute à cause de l'air marin et des températures qui commençaient à dégringoler à mesure que l'hiver approchait. Tu hochas la tête d'un air approbateur lorsqu'elle évoqua le fait que pour toi, l'amour se trouvait dans les petites choses, dans ces habitudes que l'on créait à deux. "Oui." Tu finis par approuver, ton regard parcourant le visage de la blonde sans pour autant plonger dans ses yeux bleus parce qu'un contact visuel prolongé était presque douloureux pour toi, c'était une sensation que tu n'aimais pas. "C'est pour ça que je l'ai autant mal pris que tu préfères faire de la moto, de la boxe ou même danser avec lui, car même sans savoir ce que ça cachait vraiment, j'avais l'impression que c'était quelque chose qui m'était refusé." C'était bien sûr avant de savoir qu'elle avait été tentée de te tromper à plusieurs reprises et qu'elle t'avait carrément effacé de l'équation, ainsi que Rose, pour imaginer ce qu'aurait été un couple avec lui - tu n'avais pas oublié le message que Jinx t'avait fait suivre. Manque de bol, c'était toi qui étais là et non Ace alors elle allait devoir faire avec, même si tu étais très loin d'être l'homme de ses rêves et que tu ne le seras probablement jamais. Pourtant, Cassie venait de réaffirmer sa volonté d'être avec toi, qu'elle voulait partager ça avec toi. Tu ne savais pas comment tu pouvais améliorer la communication entre vous, peut-être que débriefer pour dissiper les malentendus était un bon début, le reste viendra avec la pratique et l'habitude. Ton regard se troubla lorsque tu sentis sa main sur ton visage. Tu savais ce qu'elle essayait de faire mais tu n'avais pas la force de soutenir son regard alors tu préféras la laisser t'embrasser car ainsi, tu pouvais fermer les yeux et te sentir un peu plus à l'aise. Tu répondis à son baiser comme pour sceller cet accord entre vous. Il y avait très certainement plusieurs points à améliorer mais chaque chose viendra en son temps, pour l'heure tu préférais répondre à son baiser. Lorsque tu eus terminé, tu posas ton front contre le sien, les yeux toujours clos. "Tu m'as manqué." Et c'était peu de le dire parce qu'avec tout ça, vous n'aviez pas partagé de moment intime depuis un certain temps.

i would run away with you, 19 octobre 2024
Cape Cod, Massachusetts, USA

Cassie ferma les yeux, savourant le moment, ce court répit dans l'agitation des dernières semaines. Les mots de Landon restaient en écho dans son esprit : elle lui avait manqué, et l'entendre le dire d'une manière si franche et honnête la rassurait. La distance émotionnelle qui s’était installée entre eux avait creusé un vide douloureux, et le doute avait germé dans son esprit. Cassie savait combien il trouvait difficile d’exprimer ses émotions, et elle n’avait jamais voulu lui imposer ce contact visuel qui lui semblait si naturel à elle, mais pénible pour lui. Elle resta contre lui, inspirant lentement pour profiter de l’instant, son cœur battant un peu plus vite sous le poids de cette proximité retrouvée. Elle voulait sincèrement que les choses marchent entre eux, et si pour ça elle devait apprendre à communiquer différemment, elle était prête à essayer, peu importe le temps que cela prendrait. Elle comprenait enfin qu'il ne s'agissait pas de changer qui elle était ou qui il était, mais de bâtir un pont entre leurs deux mondes. « Toi aussi, tu m’as manqué, » souffla-t-elle doucement, ses mains restant posées contre lui. « Mais je veux qu’on essaie, pour de vrai. Je veux qu’on prenne le temps de se retrouver, de recréer ce qu’on a un peu perdu. » Elle pressa un léger baiser sur son front, sentant la sérénité s’installer entre eux. Cassie espérait qu’à partir de ce moment, ils pourraient avancer, même lentement, vers quelque chose de plus fort et de plus sain.



@Landon Fabre-Spencer