samedi 15 juin 2034,
Elle ignorait pourquoi cette soirée alumni l’angoissait à ce point. Après tout, il ne s’agissait que d’une formalité, n’est-ce pas ? Une formalité qui l’avait cependant poussée à traverser des milliers de kilomètres avec son fils Andrea. Agenouillée devant lui, elle ajustait nerveusement sa petite cravate noire au-dessus de sa chemise blanche. Ses doigts tremblaient dans la chambre d’hôtel située en plein cœur de Boston, un lieu où elle n’avait plus mis les pieds depuis des années, trop d’années.
Bien sûr, l’idée de retrouver Elliot, Chloé, Amari, et Tequila lui procurait une certaine excitation. Mais il y avait aussi cette crainte sourde de revoir d’autres visages, certains de ces anciens camarades, ou plus douloureusement encore, son ex-mari. Bien qu’elle le croise presque chaque année lorsqu’il traversait l’Atlantique pour visiter leur fils, le symbole vivant d’un amour autrefois vibrant, mais désormais éteint.
Une fois la cravate enfin ajustée, Léo se redressa et se précipita vers le miroir près de la porte pour une dernière vérification. Ses cheveux lissés encadraient son visage, tandis que sa longue robe noire et un collier en or en forme de cœur complétaient sa tenue. Hors de question que quelqu’un pense qu’elle avait échoué dans sa vie. Oui, ses revenus étaient modestes, bien en dessous de ceux de nombreux anciens élèves qui seraient présents ce soir, mais elle n’avait jamais cessé de croire en ses rêves. Elle savait, avec une obstination calme, qu’elle finirait par réussir. Un jour. Peut-être.
Elle attrapa son sac et sa veste, faisant un signe à Andrea, qui, libéré de l’attente, se précipita à la porte. Ensemble, ils quittèrent l’hôtel pour rejoindre un taxi qui les mènerait enfin...
À Harvard.
Son ancien campus, qu’elle reconnut sans peine. La salle de réception brillait de mille feux, la musique et les éclats de voix résonnaient jusque dans la cour, guidant même les moins familiers vers le lieu des retrouvailles.
Léo serrait la main de son fils dans la sienne. Elle n’avait pas les moyens de se payer une baby-sitter, et de toute façon, Andrea était d’un calme exemplaire, aussi sage qu’une image. Ils avancèrent jusqu’à la réception, où Léo esquissait de discrets sourires à chaque regard croisé. Chaque alumni avait une table assignée, regroupant d’anciens camarades de chambre ou de promotion, selon le minutieux travail de l’administration.
Elle fut la première à s’installer à la grande table ronde, vêtue d’une nappe blanche. Après avoir confortablement installé Andrea, qui balançait ses jambes dans le vide, elle leva ses yeux verts, cherchant désespérément un visage familier parmi cette foule de privilégiés qui, déjà, savouraient leur champagne en ricanant.
Pitié que ce soit Elliot le premier, lui saurait la mettre à l'aise.
(Léo Isra)
echoes of juno
i know you want my touch for life if you love me right, then who knows? i might let you make me juno, one of me is cute, but two though?