Atrani, 11 août 2012, un samedi, 15 heures
Installée sur sa serviette à l'effigie de Cendrillon, Léo tirait la langue dans un effort concentré. Du haut de ses huit ans, la fillette tenait entre ses petits doigts un pinceau de vernis à ongles rose, acheté pour une modique somme de deux euros dans le bazar du coin, un cadeau chéri de sa grand-mère. Celle-ci, d’ailleurs, veillait sur elle à distance, depuis une fenêtre d’un immeuble de trois étages surplombant la grande route, observant calmement sans s’approcher.
Elle ne s'inquiétait guère, car dans ce village où chacun connaissait son voisin, la plage, à seulement cinq minutes de marche, était un lieu sûr. Deux maîtres-nageurs surveillaient les alentours, et Léo était entourée par ses cousins aînés et les parents des enfants du quartier. Sans oublier qu’elle avait pris soin de bien gonfler les brassards de la petite, ainsi que ceux de son frère, qui s’amusait dans l’eau avec ses camarades, criant de joie.
Mais Léo, elle, restait absorbée par la tâche minutieuse de parfaire ses ongles de pieds. Ses cheveux blonds encore humides, témoins d'une baignade récente, elle reniflait constamment, gênée par le sel marin. Alors qu’elle terminait son petit doigt, elle releva la tête, plissant les yeux sous le soleil éclatant, pour apercevoir une silhouette familière. Une jeune femme à sa droite lui tendait un sandwich soigneusement enveloppé dans du papier aluminium.
C’était Carla, leur voisine de palier.
"Ne vuoi?" demanda-t-elle doucement.
"Tu en veux ?"
Léo secoua la tête avec insistance, avant de refermer son petit pot de vernis. Elle passa son poignet sous son nez et étira ses jambes frêles devant elle.
Le ciel était sans nuages, son estomac repu, et l’école resterait fermée encore trois longues semaines. Comment aurait-elle pu être plus heureuse ?
(Léo Isra)
echoes of juno
i know you want my touch for life if you love me right, then who knows? i might let you make me juno, one of me is cute, but two though?