Sometimes we need something

Les heures s'écoulaient. Les journées se ressemblaient. Je passais trop de temps à la maison perdu sur mon futur, incertain sur mon existence. Je ne pouvais guère me rendre au Lord Hobo pour travailler. J'avais déjà essayé et ça avait mal tourné. Mon mari n'était pas à la maison ce soir et rester seul ici ne me tentait pas. Taxi appelé. Maison quittée. Je ne tardais pas à me retrouver devant chez Leone. Mon poing s'abattait contre la porte et je comptais dans ma tête dans l'attente. Il ne tardait pas à ouvrir et à refermer derrière moi. J'avançais dans la pièce toujours accompagnée de cette canne qui me suivait partout. Je secouais négativement la tête à l'interrogation. Mes prunelles observaient les alentours avant que je ne demande « J'te dérange pas ? » Gosse angoissé à l'idée d'être en trop comme la voix ne cessait de le crier. Gamin qui se dirigeait vers le canapé pour s'y laisser tomber.

Je m'étais invité chez Leone sans avoir demandé avant. Si ça ne m'avait pas dérangé pendant le trajet, ça me frappait à présent et je ne savais pas retenir la question inquiète qui m'échappait. Peut-être que Leone n'était pas seul. Peut-être qu'il attendait quelqu'un ou qu'il avait des plans. Et moi je débarquais comme une fleur m'invitant sans l'être officiellement. Mordillant nerveusement ma lèvre, je me laissais tomber sur le canapé avec soulagement suite aux mots de l'ami. Je ne dérangeais pas. Je l'observais poser ma canne sans rien dire. Nos prunelles se rencontraient et j'haussais doucement les épaules comme si je n'osais pas réellement demander quoi que ce soit. Je finissais par baisser les yeux marmonnant « Occupe-moi... Distrais-moi... » avec un ton suppliant. Gamin qui avait juste envie de tout oublier. Gosse qui désirait cesser de cogiter. Être humain qui souhaitait juste se déconnecter de l'Enfer du quotidien. Le « Steuplait... » glissait tout de même pour compléter la demande tandis que je gardais les yeux baissés de peur de me faire renvoyer chier.

La supplication passait la barrière de mes lèvres. Je n'étais plus qu'un être humain qui avait envie d'échapper à l'horreur de la réalité. Je n'étais plus qu'un gamin qui lançait un appel au secours à Leone. Je voulais faire taire les cauchemars et les horrifiantes pensées. Je ne voulais plus penser à mes incapacité. Je désirais tout oublier jusqu'à mon propre nom. Il n'y avait pas de réponse, mais il y avait du mouvement. Une main se pressait dans mon dos. Je suivais sagement le mouvement. Bien trop soumis. Bien trop sage. Leone était au-dessus de moi. Mon regard se plantait dans le sien lorsque ses mots résonnaient. Me donner ce que je demandais... Qu'est-ce que je demandais au juste ? Je n'en savais rien. Enfin si... Je voulais m'effacer de la réalité. Je voulais faire taire l'esprit. Alors, je venais juste hocher la tête avec lenteur comme pour offrir tous les pouvoirs à Leone.