Ceux qu'on était (Tyler & Micah)

L’accord entre eux est clair ; ils font ce qu’il veut, quand il veut mais cela ne doit jamais être rien de sérieux, quoi qu’il arrive. Il faut faire confiance à l’autre pour arrêter tout avant que les choses ne dérapent, et se faire assez confiance pour avoir la clairvoyance de le faire. C’est un jeu dangereux mais que Tyler a appris à maîtriser avec les années. ll y est à l’aise désormais, et aucune pointe de culpabilité ne vient noircir la douce soirée qu’il a prévu avec son épouse. Elle est au courant quand il a des rendez-vous et réciproquement, mais c’est sans doute les seuls détails qu’il partage. Alors, s’il avait conscience que Micah avait le regard rivé sur lui, il ne serait sans doute pas aussi serein, rigolant bruyamment à l’une des blagues de Suzanne sans regarder autour de lui. Quand elle est là, il n’y a d’yeux que pour elle. Il s’interroge parfois sur ce marché qu’ils ont conclu et leur permet de rester ensemble, se demande si cela tiendra toute la vie mais la vérité que la trentaine passée, Tyler s’était attendu à ce qu’elle mette les ola et que chaque année de gagnée à pouvoir se montrer aussi frivole qu’il l’est, est une année de gagnée. Il ne prête pas tout de suite attention à son téléphone quand il le voit s’allumer sur la table, ne constatant même pas que c’est Micah. Il attrape le menu pour faire son choix et une fois celui-ci fait, le repose, attendant que Suz’ ait fait le sien. A défaut d’avoir mieux à faire dans cette intervalle, il attrape son téléphone et se fige en voyant le message de son amante. Un rapide regard jeté à son épouse, il se redresse et regarde autour de lui jusqu’à tomber sur le délicieux visage de Micah. Un léger sourire naît sur ses lèvres, et il ne la quitte pas dans des yeux quand ses doigts tapent instinctivement sur le clavier sa réponse : “Pas autant que toi, Miss Berrettini”. Il lui fait un petit clin d'œil et repose son téléphone pour se concentrer à nouveau sur son épouse. La soirée était douce, agréable, mais comme en attestent les battements de son cœur, elle promet désormais d’être excitante, d’une façon parfaitement inattendue. Tyler joue sans doute avec le feu, comptant un peu trop pour que Micah ne fasse pas une esclandre, mais dans les huit derniers mois qu’il a passé à apprendre mille et une façons de la faire hurler de plaisir, il n'a pas décelé la moindre once de folie en elle. Peut-être à tort.

Le sourire qui naquit sur les lèvres de Tyler lorsqu’il la remarqua lui donnait envie de traverser l’espace qui les séparait pour aller retourner sa petite table parfaite, avec sa petite femme parfaite. Il se foutait vraiment de sa gueule, lui qui avait omis de préciser son union ces huit derniers mois. Et comme si cela ne suffisait pas, un message suivi, qui lui fit dresser un doigt d’honneur au-dessus de sa tête, exclusivement réservé au brun, sous le regard intrigué de l’une de ses potes. T’inquiètes, j’entends des voix parfois et je leur réponds. Elle eut un sourire circonspect, ne pouvant empêcher Nathalie de jeter un regard circulaire aux autres tables, sans pour autant remarquer celle à qui ce geste était réservé.Parce qu’il était à l’aise, ce con. Souriant, zen, les yeux à nouveau sur sa femme. Le regard de Nat jugeait clairement Micah mais elle ne s’en formalisa pas, car elle se serait sans doute posé des questions sur la sainteté d’esprit de son amie si la situation avait été inversée. Déverrouillant son portable pour répondre à son tour, Micah cliqua sur chaque touche avec colère. Pauvre con. Premier message, elle reposa son téléphone verrouillé face à la table et descendit son verre de vin blanc d’une traite, pour se servir un verre de rosé. C’était une mauvaise idée, elle ne buvait plus énormément et allait forcément le sentir passer mais elle n’allaitait plus Nola, ça n’avait donc aucune importance. Micah essayait tant bien que mal de garder le fil de la conversation en cours et d’y prendre part, le tout sans jeter un coup d'œil à la table de Tyler même si ça la démangeait de le faire. Micah se sentait sale et utilisée. Il n’y avait peut-être pas été question d’être plus que des amants, mais jamais elle n’avait souhaité être la maîtresse, hors il lui avait imposé ce rôle sans la mettre dans la confidence. Elle n’avait pas eu le choix, il l’avait fait pour elle. Il n’y a qu’à ça qu’elle était capable de penser, malgré la conversation animée de ses amies à propos de l’ex (possiblement?) de Mariah. Au bout d’une bonne trentaine de minutes à tenir le coup, elle vérifia simplement qu’il était encore présent avant d’envoyer un second message Tu ne l’as mérite pas. Elle tapota sur son téléphone avec toujours cette envie pressante d’aller le confronter à la table. Sa femme serait ravie de savoir qu’en plus dêtre trompée, il n’hésitait pas à complimenter son amante en la regardant dans le blanc des yeux, sans aucune gêne. D’un coup, il l’a dégoûtait. Micah ne voyait plus son charme, le sourire qui, il fallait l’admettre, la faisait craquer. Elle voyait un pauvre type, malhonnête et fier de lui par-dessus le marché. Quelle conne! Il y avait sûrement eu un tas de signes qu’elle avait, volontairement ou inconsciemment, choisi d’ignorer. La brune se repassa certaines de leurs rencontres récentes en tête pour essayer de comprendre où et si elle avait fait l’autruche, mais cela ne faisait qu’accroître sa colère d’y repenser. Non, elle n’était pas coupable. Il fallait qu’elle s’enlève cela de la tête parce que le seul qui avait merdé dans l’histoire, c’était lui.