run faster (sofia)

Si j’adore me déguiser et incarner un personnage différent de la personne que je suis, la période d’Halloween est un cauchemar pour moi. Plutôt peureuse, je n’aime pas me balader dans les rues une fois la nuit et le brouillard tombé. L’atmosphère est lourde ce soir et j’aimerais rentrer regarder la télé, ma main plongée dans la bonbonnière mais j’ai décroché un petit boulot de plus. Creuser des citrouilles lors des Boston Fright Nights me prend du temps en plus des cours et de mes heures à la bibliothèque mais si je souhaite gâter mes proches - et remplacer la fougère que j’ai laissé mourir dans le salon - il faut que je m’active. Le petit job de ce soir est assez simple, il me suffit d’enfiler un costume de clown et de me faire peur aux gens qui passent dans la rue en les coursant sur quelques mètres, une fausse hache en mains. Cela fait partie d’un concours organisé par l’une des attractions de la ville - The Dungeons - et celui qui ne sera pas effrayé gagnera une soirée privée dans le lieu avec dix de ses amis. Cela doit faire une bonne heure que je suis sur la promenade avec d’autres collègues éparpillés et lorsque je reconnais Sofia, rencontrée à la soirée feu de camp, je me cache dans un coin. Une fois à ma hauteur, je sors de ma cachette, la hache sanglante en mains, le bras levé comme si j’avais l’intention de lui faire du mal.

Il y avait cette ambiance aux alentours d'Halloween où parfois, certaines rues avaient l'air plus sombres, avec plus de brume, certains endroits plus glauque, c'était toute cette ambiance qui me mettait mal à l'aise. Le reste ? J'adorais ça. L'odeur de la cannelle, les boissons chaudes, le côté réconfortant de la saison, le orange qui couvre les arbres. La seule chose que j'aimais vraiment pour halloween, c'était de décoré le devant ma porte pour les enfants du bâtiments. J'avais toujours un petit chaudron que je laissais à la porte avec quelques bonbons, au cas où j'étais pas là pour qu'ils se servent. J'avais eu un truc à faire pas loin de la lizzie borden house, et autant vous le dire, j'aimais pas trop l'endroit. J'avais du marcher par manque de place de parking et là, je faisais le retour jusqu'à ma voiture. Entre les rues sombres et les décorations, j'aurais préféré largement être sur une plage, un sorbet à la main. Je marche jusqu'à ma voiture, et d'un coup, un énorme truc apparaît et me faire sursauter ; AaAaAaAaAaAaAaAAAAAAAH !! que je hurle, avant de voir que c'est un clown et d'avoir un rire nerveux ; mais ça va pas non ?! et je regarde l'objet que la personne possède en main ; Mais c'est ultra dangereux ?! je suis humaine, j'ai des organes, je saigne, je suis pas fait en paille comme l'un de ses épouvantail d'halloween, j'existe et si j'avais réagit autrement, ça aurait pu très mal se passer cette histoire.

J’avais hâte que la période d’halloween termine parce que je savais qu’avec cette fin arriverait la meilleure période de l’année : noël et les fêtes de fin d’année. J’avais tellement hâte de retrouver les patinoires en extérieur, les chocolats chauds fumants dans mes mains mais aussi les gâteaux aux fruits secs et tout ce que mon père cuisinait pendant les fêtes. Je comptais les gâter cette année, d’où mes nombreux petits jobs pour leur offrir les meilleurs cadeaux du monde. Et ce soir, c’était un job bien particulier qui m’attendait. Chaque personne réagissait différemment. J’avais dû laisser quelques personnes partir en courant, esquiver un coup ou deux et avec Sofia, c’était encore différent. Je glousse sous mon costume et baisse mon bras, ma fausse hâche ensanglantée pendant le long de ce dernier. T’as de la voix ! Y a du monde qui s’est retourné mais il y a plus de gens qui nous regardent de travers, secouent la tête de droite à gauche qu’autre chose. Mais nooon ! Il n’y avait pas eu d’accidents depuis le début du concours, ce qui relevait de l’exploit, il n’y avait pas à dire. On avait été méga briefé pour bien choisir nos victimes. Du coup, j’ai le regret de t’annoncer que tu n’as pas gagné le prix pour une soirée privée à The Dungeon ! Je ne comprenais pas trop pourquoi s’embêter à donner le nom de l’établissement mais je suppose que toute pub est bonne à prendre. C’est Olive, au fait. Je lui adresse un signe de mains, coincée sous mon masque, n’ayant pas l’autorisation de l’enlever à quelque moment ce soit.