to feel another high (braus)

J’avais pris ce qu’il m’avait demandé, foutant les choses sur la banquette arrière alors qu’on quittait la ville sans savoir où on allait vraiment. Une sorte d’escapade, loin de Boston. Avec Klaus c’était tellement simple. Il n’aimait pas se prendre la tête, moi non plus et c’est bien pour ça que notre amitié était comme telle. Pas un seul instant pendant le trajet il m’avait questionné sur mon état d’esprit, pas qu’il s’en foutait mais c’était pas dans notre nature de chercher une raison derrière. Et pour une fois, je voulais pas parler de tout ce qu’il se passait dans ma vie. Je voulais juste mettre tout ça entre parenthèse, sur pause. À force d’intérioriser, c’est ce que ça donnait. Je m’oubliais un peu je crois. On quittait l’autoroute pour emprunter une sortie, je distinguais mal les panneaux. Curieuse de connaître notre destination finale, je me tournais vers lui. « T’as l’air sûr de toi. » Absence de gps, il y allait à l’aveugle. « J’parie que tu m’emmènes dans un endroit isolé de la population. » C’était le but non ? Parce que un motel c’était pas non plus notre genre.

Retrouver Brinley ponctuellement pour de simples moments de détente est une routine qui s'est installée depuis plus ou moins une année, et l'évolution de cette amitié un peu singulière suffit amplement à Klaus. Ayant toujours été clair sur ses priorités et ses envies, il considère qu'il n'y a pas d'ambiguïté entre eux ; ce qui semble convenir à la brune également. Elle comprend qu'il n'a pas envie de plus, et elle-même ne se berce pas d'illusions à ce sujet. Juste du bon temps. Alors quand il l'amène hors de la ville, c'est avec l'idée qu'ils soient tranquilles, loin de la civilisation et des curieux, là où personne ne peut venir épier ou déranger leur soirée. Et comme toujours, il sait où il va. « Effectivement. » La main posée sur le volant fait tourner ce dernier alors qu'ils prennent un virage pour s'engager sur une petite route. « Quitte à vouloir se détendre, autant pouvoir gueuler à pleins poumons sans déranger personne. » Au sens littéral, ou avec un sous-entendu plus précis ? C'est Klaus ; y'en a pas. Mais le double-sens reste valable. La voiture finit par s'arrêter, entre deux arbres à quelques mètres de la route. Il fait frais, en ce début d'octobre, et une fois le moteur coupé, les lumières de la voiture s'éteignent. Klaus se penche, jette un coup d'oeil au ciel. « Et en prime on a un joli ciel. » Pas un nuage, pas de pollution lumineuse ; alors les étoiles sont au rendez-vous ce soir. Il rallume une lumière de la voiture, récupère son téléphone pour le passer en vibreur et le poser sur le tableau de bord. Puis son visage se tourne vers Brinley, dont il attend qu'elle le regarde à son tour pour la questionner. « T'as le choix. La banquette arrière, ou le capot, enroulés dans les couvertures. Les deux me vont. » Sa main se tend légèrement vers elle, pour qu'elle la saisisse une fois sa décision prise.