(TW) Relapse • Wes

Mercredi 9 octobre. Soirée.

Effervescence agréable. Sortie bienvenue. Sous un coup d'impulsivité, j'avais proposé à Wes de sortir en boîte de nuit. Je voulais retrouver le monde de la nuit même si je n'étais plus l'Ange roi de cet univers. Je ne voulais plus vivre si calmement et passivement jonglant entre chez moi et chez mon mec sans plus rien faire de mon existence. Je voulais vivre de nouveau en dehors d'une bulle. La soirée battait son plein depuis quelques heures déjà. La musique résonnait, les discussions fusaient, les rires éclataient, la danse s'invitait. Pourtant, je me sentais étrangement détaché, comme un spectateur de ma propre vie. Me penchant à l'oreille de Wes, je lui murmurais que j'allais aux toilettes. Mon ami décidait de m'accompagner, fidèle à sa promesse de ne pas me laisser seul face aux tentations qui rôdaient dans ces lieux. Poussant la porte des toilettes, mes prunelles cherchaient une cabine libre et je m'y infiltrais sans attendre m’enfermant dedans. Dos contre la porte, les prunelles se fermaient. Ange qui inspirait. Ange qui expirait. Ange qui hésitait à ouvrir la porte pour demander à Wes si nous pouvions rentrer. Lorsque mes prunelles s'ouvraient de nouveau, mon regard tombait sur un sachet de cocaïne qui semblait m'attendre là tel une tentation silencieuse. Mon cœur s'accélèrait soudainement, chaque battement résonnant comme un écho du passé impossible à oublier. Ma gorge se faisait sèche. Mes mains devenaient moites. Depuis combien de temps n'ai-je pas ressenti ces sensations ? Vie trop morne. Vie trop calme. Ange qui n'avait plus l'impression d'être lui-même. Je fixais le sachet. L'hésitation cognait. Je savais que c'était une erreur, que j'étais sur le point de franchir une ligne que je m'étais promis de ne plus traverser. Pourtant, cette promesse vacillait face au désir ardent de ressentir quelque chose qui briserait la monotonie oppressante de ma vie actuelle. Les doigts attrapaient le sachet. La ligne était rapidement préparée sur le couvercle du réservoir d'eau. Les iris claires fixaient la poudre tandis que l'hésitation s'invitait encore. Je prenais une profonde inspiration sentant mon cœur battre à tout rompre. Et, finalement, avec une détermination désespérée, j'inspirais profondément. La poudre disparaissait. Le monde changeait. Le sourire se dessinait aussitôt sur mes lèvres alors que le voile semblait se lever. Enfin putain. Ange qui avait l'impression de respirer de nouveau. Ange qui avait la sensation d'être en vie. Chaque cellule de mon corps s'illuminait. Une vague de chaleur me submergeait agréablement. Les soucis et les questions s'évaporaient, remplacés par une euphorie pure et brûlante. Ressortant de la cabine déjà sous l'effet puissant de la drogue, je rejoinais Wes avec un sourire éclatant, emportant par cette vague de joie volée. Ange oubliant les conséquences. Ange choisissant de vivre pleinement. Et le « Retournons danser ! » passait les lèvres d'un ton bien trop enjoué.

Tête bourdonnante. Cœur rapide. Respiration effrénée. Les ombres de la monotonie s'évanouissaient. La réalité morne laissait sa place à un kaléidoscope vibrant grâce à l'adrénaline et à la cocaïne. Six mois de sobriété. Six mois balayé en quelques secondes par une ligne de coke. La porte de la cabine claquait. L'invitation passait mes lèvres pour rejoindre la foule de danseur où ma rechute serait plus difficile à saisir. L'exclamation de Wes entraînait mon rire. Trop bruyant. Trop joyeux. Si différent. Je me sentais transformé comme si j'ouvrais enfin les yeux. Je me sentais réveillé comme si j'avais été endormi tout ce temps. La main de Wes se posait dans ma nuque provoquant une chaleur agréable. Ancrage bien trop réel. Frissons parcourant la colonne vertébrale. Cette main glissait pour devenir un bras autour de mes épaules. L'étreinte était amicale et rassurante. Ça me ramenait un bref instant à la réalité éveillant un soupçon de culpabilité d'avoir cédé à la substance. Ça éveillait brièvement la peur du futur. Une peur qui venait se dissoudre presque aussitôt tandis que je me laissais entraîner par Wes pour rejoindre de nouveau la piste de danse. La vague sonore m'enveloppait. Elle me poussait à la danse dans ce monde où tout avait prit une nouvelle dimension. Tout semblait amplifié. Tout semblait plus vibrant. La liberté était retrouvée me laissant plonger dans la danse comme si ma vie en dépendait. Mes pieds glissaient sur le sol tel un être en apesanteur. L'euphorie envahissait chaque fibre de mon être qui ressentait les vibrations de la musique. Soudainement, je criais  « Je suis le roi de la nuit ! » levant les mains en l'air comme pour célébrer cette renaissance de l'invincible roi sous les néons. Je fermais les yeux savourant pleinement cette sensation d'être vivant. Le corps se déhanchait en rythme avec la mélodie amplifiée. Plus rien ne pouvait m'arrêter. Ange insouciant. Ange invincible. Ange drogué.