writing sins, not tragedies 04.10.2024 | center city @Haze Faulkner
TW : agression de rue
Les sens en alerte, je marchais. Pas vifs, tension dans l’épaule, dans le bras qui soutenait mon sac à main pour le garder contre moi. Si au début je n’avais pensé qu’à une coïncidence, toutes ces années à me méfier de tout et de tout le monde m’avaient appris à sentir le danger lorsqu’il se présentait à moi. Non, ce n’était pas une impression : ce mec me suivait. Il me suivait même à la trace et à chaque pas, se rapprochait un peu plus, quand moi je m’enfonçais dans le dédale des rues de Boston. Quartier calme dans lequel j’habitais depuis plusieurs années maintenant. Trop calme à mon goût ce soir, quand je sentais la menace de ce type qui commençait maintenant à me siffler. Regard furtif en arrière pour jauger la distance. Plus si loin. Mais après tout, peut-être était-il simplement un peu trop collant, avec un peu trop de gueule. Un peu trop harceleur. Je faisais mine de l’ignorer, regard vers l’avant cherchant une échappatoire – une épicerie encore ouverte ? Puis me mettais à courir au moment où j’entendais ses pas s’accélérer. Trop tard. « Hé tu vas où comme ça la belle ? T’as pas une cigarette ? » qu’il demandait, attrapant mon poignet. « Non ! » répondis-je sèchement en essayant de me dégager. Mais déjà il se rapprochait, poigne violente et gestes agressifs pour me plaquer contre le mur. Immédiatement je ripostais, coude fusant vivement vers la trachée, genou cognant son entre-jambe. Juste le temps nécessaire de m’échapper pour courir. De plus en plus fort, de plus en plus vite. Filant jusqu’à mon appartement sans me retourner, le cœur au bord des lèvres, la tension à son paroxysme. Mes mains tremblantes sortaient les clés de mon sac, déverrouillaient la serrure nerveusement avant de claquer la porte derrière moi et de tirer le verrou. Hors d’haleine, j’entendais soudain ma respiration sifflante. Mes veines qui faisaient vibrer mes tempes. Mon sac s’écroulait au sol, l’adrénaline circulant comme jamais dans tout mon corps. Etait-ce des secondes ou des minutes qui s’écoulèrent avant d’entendre ces coups frappés à la porte ? Glaciale, mon corps se raidissait. Dans des gestes précis et instinctifs, je fonçais droit vers la commode. Ouvrais le dernier tiroir, attrapais mon flingue que je crochetais. Puis dans un mélange de sang froid et de détermination, ouvrais la porte d’un seul coup pour braquer mon arme.
(Emily Chapman)
ஃ Tomorrow is another day and you won’t have to hide away. You’ll be a man, boy. But for now it’s time to run, it’s time to run. ஃ