are we out of the woods yet ? - (montmorency)

tw : dépression, mention de décès

t'es à bout de souffle. non pas que ça a été éprouvant, c'était suffoquant. tu le sais qu'un simple mot de travers pouvait ruiner la tranquillité entre ces murs. et cette ambiance, cette atmosphère était dure à supporter. heureusement que louis était là car malgré les sms envoyés à ta colocataire lui informant que tu rêvais d'être à sa place, t'avais presque l'impression de retrouver ta famille. comme celle de vos souvenirs avant, avant le drame. vous aviez parlé de vos études, du travail de votre père, de vacances. pourtant t'étais épuisée aussi. la semaine était rude et tu voulais t'échapper. embrassant une dernière fois tes parents, tu soufflas une fois à l'extérieur attendant que la porte se referme avant de parler. "j'imaginais pire" légèrement véridique, tu ne voulais pas trop en dire à Louis non plus. t'avais pris tes distances avec ta mère, considérant qu'elle n'était plus assez présente pour vous, plus assez forte pour vous. après tout elle n'était qu'une mère ayant perdu son enfant comme tu as pu l'expérimenté d'une certaine façon. et t'étais là, t'avais pas abandonné, pas comme elle. "contente que t'aies trouvé du temps pour ta famille" que tu lances en souriant hypocritement. tu ne savais pas tout ce qu'il faisait mais il avait, bizarrement, l'air tout le temps occupé. et en plus de ta mère, tu te sentais délaissé par ton frère. ça te faisait mal mais tu ne pourrais rien en dire. on te connait capricieuse sans savoir pourquoi tu réclames autant n'importe quand. ce besoin constant d'être rassurée, qu'on t'aime. que tu n'es pas horrible, que t'es assez. sinon tu te fais bouffer. bouffer par ces pensées qui te hantent.

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face à chaque caractère de ta famille, tu comprenais ce triste besoin qui te hantait. celui d'être rassurée constamment. parce que ton père était peu présent même si son physique lui l'était, ta mère, ta vraie mère, n'était plus là, ton frère ne semblait plus te donner l'attention dont tu avais besoin et le dernier...disparu. puis chaque jour tu te remémorais tes erreurs. bien sombre l'esprit d'isia. à chercher le bonheur ailleurs, à courir après. car les fondations étaient bancales. le moindre coup de vent pouvant tout faire chambouler. "au moins ça reste stable" que tu lances comme pour vous rassurer car les médicaments semblaient la faire tenir. et c'était le principal. tu ne supporterais pas une autre perte familial. du moins pas immédiate. disons que le deuil était sensible mais pouvais-tu réellement réussir à le faire un jour quand quotidiennement tu te répètes que tes choix auraient pu tout changer ? "waouh félicitations" pleine d'ironie dans la voix. comme si c'était suffisant. pas pour toi vu que ce n'est pas ton téléphone qui sonne deux fois par semaine en affichant le prénom de louis. était-ce sa manière de se protéger ? et l'organe vital qui se déchire à ses mots. il te connaissait et de ce fait, il savait comment te briser. "c'est pas assez !" il était l'ainé, il était ton frère, ta chair. "je suis la seule qu'il te reste et si ça continue ainsi, tu seras seul." parce que toi aussi tu disparaitras. sans savoir vraiment comment pour le moment. que ce soit qu'une image ou non mais ce n'est pas un appel à l'aide. t'as juste envie de lui rappeler que votre benjamin n'était plus là. pour tenter d'heurter son cœur comme il a fait avec le tien.

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finalement l'atmosphère dans la maison était peut-être moins froide que celle qui s'installe entre vous dans la noirceur de la nuit et les températures d'automne. vous faisiez au moins semblant à l'intérieur et ça paraissait beau. là les masques étaient tombés et t'en avais gros sur le cœur. parce qu'il était le seul sur lequel tu pouvais compter, du moins tu le pensais. pourtant il n'était pas là, absent à tes yeux. pourquoi méritais-tu de perdre un second frère alors que tu n'avais rien à te reprocher ? longtemps que tu n'avais pas crée de problèmes, longtemps que tu les laissais éloignés si tu en faisais. il soupira, sans doute d'agacement car tu avais commencé et il était difficile de t'arrêter. la pression montait, les larmes pourraient couler. "de te retrouver ?" que tu répètes. "tu nous fais quoi une crise de la trentaine ?" que tu balances parce que c'était n'importe quoi. rien de ce qu'il disait ne serait bon à entendre tant que ce n'était pas des excuses et des promesses. "tu te confies pas à moi, tu viens rarement me voir. je te parle pas d'un besoin quotidien mais quand même" tu semblais raisonnable, ça te semblait raisonnable ta demande mais cela semblait impossible à obtenir. et là c'était comme un déclic, comme s'il avait appuyé sur le mauvais bouton. "ne me dit pas quoi faire." t'attrapas du gravier sur le sol avant de le lancer en direction de la voiture de Louis. "fais ton deuil Isia, ne casse pas ma voiture Isia. je te déteste Louis, c'est clair ?" t'avais pas obtenu ce que tu voulais. toi qui le voulais, tu le faisais s'éloigner car ainsi c'était mérité. une larme s'échappa, coulant sur ta joue alors que tu reculais pour en attraper de nouveau. puis une seconde et figeant ta main en l'air prête à attaquer encore ce bien matériel qui n'a rien demandé. "j'ai besoin de toi Louis" que tu laissas enfin s'échapper.

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peut-être que c'est ça. peut-être ? sans aucun doute. qu'est ce que cela sera à quarante ans, à cinquante ans alors pour ton frère ? vous aviez besoin d'échapper à la réalité qui était la vôtre. tu le sais car chacun de vous avait un moyen différent pour faire face mais ton égoïsme faisait face au besoin de ton frère et tout ce que tu lui reprochais, il pourrait faire de même. car tu avais pris tes distances avec ta mère, car tu ne savais gérer ces élans d'émotions qui te prenait à la chair. lui il faisait sa vie, s'en te mêler de ses histoires et dans un sens tu étais chanceuse d'avoir un frère comme lui. il aurait pu tomber bien bas pourtant il était là, la tête haute alors que tu l'incriminais de la pire chose qu'on pouvait te faire. même pas coupable d'un crime pourtant. "mais je suis là moi" que tu lances car t'as l'impression d'avoir toujours été présente quand nécessaire et si des choses le troublaient, tu pourrais ainsi comprendre louis. mais ses mots furent un électrochoc, t'avais besoin de le blesser comme il venait de le faire. et ça s'en prenait à lui-même et à son matériel. pourtant tu l'aimais profondément, il était la personne la plus chère à tes yeux. ton pilier dans ce monde et sans lui tu te serais écroulée depuis bien longtemps. les larmes continuèrent de couler alors que tu jetais un regard vers la maison de vos parents. sans doute qu'ils vous entendaient, peut-être ne voulaient-ils pas s'en mêler. "j'ai pas envie de t'appeler à l'aide comme une pauvre mademoiselle en détresse" alors que ta main fit la même trajectoire avec les projectiles vers la voiture du brun. "je veux pas te perdre ou avoir l'impression de te perdre, d'être inexistante à tes yeux car t'es tout ce qui me reste." que tu sors enfin avec la plus grande sincérité que tu pouvais lui offrir. car malgré les secrets que tu gardais, louis avait toujours su quand vous étiez jeunes, sécher tes larmes, mettre un sourire sur ton visage. juste parce qu'il était lui, avec ses pouvoirs d'ainé sans doute. avançant vers lui, à bras ouverts comme pour enterrer la hache de guerre "j'ai juste besoin de toi pour toujours".

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tu voulais qu'il comprenne que si t'avais besoin de lui, il pouvait aussi compter sur toi, n'importe quand, n'importe où. il sera toujours ta priorité, parce qu'Isia l'égoïste n'existe pas avec Louis. "alors tu peux te confier à moi !" un vrai match de tennis, chacun à se retourner la balle. quand une voix s'élevait l'autre se taisait puis inversement. vous aviez au moins le respect de ne pas vous couper comme des personnes incivilisées. tu l'écoutas à ton tour te rendant compte que ton comportement était disproportionné mais tu ne pouvais plus l'avouer car tu étais allée trop loin. et le retour en arrière signifierait que tu as eu tort. après tout au moins il saurait maintenant à quel point tu avais mal quand tu avais l'impression qu'il s'éloignait. à quel point tu souffrais de cette absence dont tu étais en partie responsable. car en ayant peur de te faire rejeter, tu n'oses pas trop en demander. "je ne savais pas pour ton travail de groupe, ni que tu me répondais en priorité" mais tu plaignais les autres alors. Louis faisait l'homme trop occupé mais ne serait-ce pas ses pensées qui l'occupaient ? car tu n'avais pas l'impression que sa vie était plus rythmée que la tienne, bien au contraire. sentant la chaleur de son corps dans la froideur de l'instant que vous aviez installé, tu laissas tes muscles se détendre à ce contact. "merci" que tu marmonnes dans ta barbe, limite pour qu'il ne l'entende pas. "je te déteste pas vraiment" que tu conclus car tu sais trop bien que la vie ne tient qu'à un fil. et jamais tu ne te remettrais qu'il arrive quelque chose à ton frère en ne lui ayant pas dit que tu l'aimais d'une certaine façon.