snøwfall ─ Falce

Fin de journée. La gueule éclatée, la fatigue et la douleur dans le corps, encore. Il sait qu'il aurait pu lui envoyer simplement un message, mais quelque chose lui disait que ça n'aurait pas été... correct envers elle, en quelque sorte. Alors il s'est pointé jusque devant sa porte, la casquette sur la tronche encore comme cache misère de son pif éclaté, le bleu de la blessure s'étalant jusque sous les yeux. La douleur dans le bras gauche, de l'épaule jusqu'au coude, et le coup planqué derrière le col de son sweater, la capuche remontée par dessus la casquette. Ace sonne, face à la porte encore fermée, et sa main droite se tend jusqu'à la poignée prêt à empêcher l'ouverture ─ il veut juste qu'elle l'écoute, l'entende. Pas qu'elle le voit.

@Ace Chung/tw ; ras for the moment

Frisson, un sourire sur les lèvres, les yeux qui se plissent légèrement, le nez qui se retrousse imperceptiblement. Là, dans cette cabine, sous ce jet d'eau qui ruisselle sur mes cheveux, puis sur mes courbes. Les images de la veille, hantent encore mon esprit. Celle que j'aurais jamais dû croiser. La furie qui s'était exprimée, mais qui ne m'avait nullement effrayée. Première fois, que je lève la main sur quelqu'un, première fois, qu'on y laisse des marques sur mon corps autre que celles du plaisir. Les mains qui glissent dans mes cheveux, pour les presser et retirer un maximum d'eau. Au même moment, la sonnerie. Fronce les sourcils, je n'attends pourtant personne. J'enfile rapidement une petite robe de nuit, le serviette essuie en même temps ma chevelure tandis que mes pas se rapprochent de l'entrée. — J'arrive ! S'exclament mes pulpeuses. Je dépose la serviette sur le portemanteau, glissant ensuite une main sur la poignée, la tourne, mais aucun résultat. Impossible. Elle est bloquée de l'extérieur. — C'est quoi ce bordel ? Qui est-ce ? Je ne cède pas, continue, cherche à ouvrir la porte. Les gouttes d'eau qui s'échappent des pointes de cheveux pour s'écraser sur ma robe. Qui est derrière cette putain de porte ?

Sa main bloque l'ouverture de la porte, et même s'il est rassuré d'entendre Fallon qui semble bien se porter, il ne veut pas la voir. « C'est Ace. » qu'il indique. Elle ne veut plus lui parler, et il ne tient pas à la forcer à le voir non plus, surtout quand il sait que leur état est... assez pitoyable. Alors il enchaîne. « Je veux juste que tu m'écoutes. J'en ai pas pour longtemps, après, j'te laisse. » Il déclare ces mots avec sérieux, bien qu'il se sente lui-même relativement fébrile ─ et le souvenir des menaces de Redd lui reste en mémoire. « Tu veux bien ? » Séparés par une porte, une scène aux allures dramatiques, alors qu'il tourne le dos aux autres portes de l'étage pour éviter qu'un potentiel voisin ne voit son état. Et Ace déglutit, épaule contre la porte, la main sur la poignée, s'attendant à un rejet.

@Ace Chung/tw ; ras for the moment

La voix s'exprime derrière la porte, sonne l'alarme de mon corps. Ace. Dernière personne que j'avais envie de voir, depuis notre dernière altercation et encore plus, après ce qui s'est passé hier. J'avais envie de lâcher la poignée, lui demander de se casser, de retourner dans les jupons de sa cinglée d'ex et faire comme s'il n'avait jamais existé. Mais mon corps semble insister. Fait le contraire de ce que ma raison dicte de faire. — Non. ton ferme. Colère viscérale. — Tu veux que je t'écoute ? Lâche cette poignée et laisse-moi ouvrir la porte. Une paume libre qui vient glisser contre la porte, espérant vraiment que pour une fois, il porte ses couilles. Parce que je commence à penser, qu'il est comme Amore. Et j'ai du mal à croire que pour m'avoir séduite, pour m'avoir si bien allumée, il n'a absolument rien dans le caleçon.

Pourquoi faire ? Ace fronce les sourcils. Si elle le voit, d'autres questions vont naître. Elle va vouloir savoir, et c'est pas nécessaire qu'elle sache ce qu'il s'est passé ; ça la regarde pas. Ça regarde personne. Alors il continue à s'y opposer, et profite juste qu'elle soit encore derrière sa porte pour parler. « J'ai dit la vérité à Rose. J'ai jamais voulu que ça te retombe sur la gueule de cette façon, et même si toi et Lyssandre vous en branlez royalement de mes excuses et qu'elles arrivent bien trop tard, je tenais quand même à te les présenter. J'ai été con de pas anticiper que ça pourrait dégénérer à c'point. Et... » Pensée pour la dernière fois qu'il l'a vue. « J'm'excuse aussi pour la dernière fois. Pour la façon dont je t'ai traitée, et manipulée. Tu mérites mieux qu'ça. » Sa prise sur la porte se relâche un peu, et le sentiment de honte revient à la charge.

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On se croirait dans un épisode d'orgueils et préjugés. Malgré mes mots, il s'entête à vouloir rester de l'autre côté de la porte. Je retiens ma respiration, tends l'oreille à ses excuses. C'est comme ça qu'il a appris à les faire ? Blasée, la colère tranche ma gorge. Envie de lui hurler dessus. Quand moi j'accepte mon sort, quand moi j'accepte de me manger des paires de baffes, lui, n'ose même pas me regarder ? Manipuler qu'il dit ? Ce n'est guère l'impression que j'ai eu lorsqu'il me touchait, mais alors qui compte-t-il berner comme ça ? Son ex ? — T'es pathétique. Mes yeux scrutent le vide. L'obscurité qui s'étend devant moi sans être vraiment visible. Sur mon visage laiteux, se cachent presque des yeux sombres. — Merci pour tes minables excuses. J'imagine que c'est tout ce que je mérite mh. Qui suis-je après tout ? Absolument rien. Ouvre les yeux, meuf. Soupire lasse.

Pas besoin qu'elle lui dise pour qu'il le sache, mais l'entendre fait toujours mal. Et il doute, encore ; est-ce qu'il fait le bon choix ? Est-ce qu'il doit lui donner ce qu'elle veut ? Ou bien partir et plus jamais la revoir ? Elle pense qu'elle vaut rien, Fallon, mais lui ne partage pas ce sentiment. Ace soupire, retombe dans le silence, parce qu'il réfléchit à quoi dire et quoi faire ; à continuellement se foutre les gens à dos, il sait même plus quoi penser. "Et quand tu seras seul, complètement SEUL, que plus personne viendra t'aider parce que t'auras tout foutu en l'air, ne viens pas pleurer." Des mots d'un message vocal récent qui lui reviennent en pleine face.
Alors il se décale légèrement, et c'est lui qui ouvre la porte, doucement. Il apparait, et elle aussi. Si le regard d'Ace remarque rapidement les blessures, enfonçant encore plus profond le couteau de la culpabilité au fond de ses trippes, il soutient quand même son regard ─ avec sa sale gueule. « Je te vois comme une amie. Quelqu'un avec qui j'ai noué rapidement un lien fort, que j'explique pas. J'ai adoré chacun de nos échanges, chaque vanne, chaque provocation, chaque confession. Donc j'm'inquiète, et j'tiens à toi. »

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La porte s'ouvre enfin, le regard tombe automatiquement dans le sien. Sauf qu'à la vue de sa tronche, du pif endommagé, mes yeux s'écarquillent. Et ses aveux, je ne les écoute même plus. Absente. Figée dans le temps. Les poings qui se ferment, les ongles qui s'ancrent dans la chair. Le pas emboîté, traverse la porte, paume qui vient donner un coup sur la casquette, pour la faire voler. Sa capuche retombe dans son dos. Dévoile ses blessures. — C'est quoi ça ! Si je ne suis qu'une amie, pourquoi simplement ne pas juste m'oublier. Pourquoi, a-t-il préféré se présenter devant ma porte. Il continue de mentir. Les doigts qui viennent agripper son menton, lui font tourner l'ovale, à droite, à gauche. — T'as porté plainte ? Je ne veux plus rien savoir. Il y en a juste marre qu'Amore et sa putain de sœur, croient réellement qu'une vie peut leur appartenir. — Très bien. Les paupières qui se ferment. Les mots sont difficiles à sortir. — T'entendras plus parler de moi. Je te laisse tranquille. Si ça peut empêcher qu'il se fasse manger des pommes... Alors soit.

En la voyant se rapprocher, Ace a un mouvement de recul alors qu'il voit son geste et par réflexe, il lève les bras pour se protéger d'un potentiel coup ; mais c'est sa casquette qui vole ainsi que la capuche qui retombe. Et Fallon voit tout. Elle voit les marques autour du cou, et sa réaction ne le surprend finalement pas. Même si les mots qui suivent, en revanche, font mal ─ parce que c'est pas à elle de le laisser tranquille, c'est lui qui veut la protéger. Mais il en mène pas large, le Ace. « Compliqué de porter plainte quand je suis celui qui a mis le premier coup... » Il se baisse, ramasse sa casquette pour la remettre sur son crâne, et repasse la capuche dessus. Pas besoin que d'autres le voient. Et là, tendu, il file ses mains dans les poches de son jogging. Habillé comme un sac pour mieux cacher qu'il va pas très fort, physiquement. « Amore et moi... on a terminé au commissariat, hier soir. Je suis sorti tout à l'heure, et lui aussi. J'ai expliqué à Rose que je l'ai pas trompée avec toi. Que t'avais rien à voir là-dedans. Ma décision était déjà prise. » Après une forte inspiration, Ace soupire, les joues gonflées, avant de ponctuer : « Tu vas porter plainte contre elle ? »

@Ace Chung/tw ; ras for the moment

Nouvelle qui vient apaiser un peu la colère. Mais en dépit de quoi ? Du mal qu'il doit ressentir maintenant à cause de ce cinglé ? Même si ça ne me fait pas plaisir de le voir dans cet état, mais savoir qu'il a été le premier à donner le coup, me fait sourire. M'emplit de joie. — Il s'est passé quoi ? L'oreille qui tend enfin, l'écoute. Confession nocturne. Avait-il autant besoin de se justifier auprès d'eux ? Il aurait pu laisser les choses suivre le cours. Puis sa question... L'air que je respire bientôt est différent, moins respiré, à l'arrière-goût du renfermé. Désagréable. Étouffant. Veut-il s'assurer ? Pour sa chère et tendre ? La langue glisse sur ma lèvre, inutile de laisser tous les voisins écouter aux portes. Alors le pas recule, le laisse entrer s'il le désire. — C'est peut-être déjà fait depuis hier. La voix quelque peu nerveuse, cherche une réaction dans son regard. — Rassure-toi. Je ne compte pas envoyer ta chérie en taule. Je n'ai pas été tabassée jusqu'à finir à l'hôpital non plus hein.