We keep going... (Khaël)

Cela fait un mois maintenant que Jaël t’aide avec tes séances de kinésithérapie. Un mois à partager cet espace entre vous, à te voir lutter pour retrouver ta mobilité, à sentir cette tension silencieuse qui s'est installée depuis que vous avez décidé de faire une pause. Une pause, mais pas une séparation. Pas encore, même si certains jours, ça y ressemble. Pourtant, il est là, fidèle à vos rendez-vous, à t’encourager comme il l’a toujours fait, mais tu sens bien que quelque chose a changé. Vous êtes différents, et c’est dur d’accepter que ça pourrait rester comme ça.

Aujourd’hui, tu as laissé le déambulateur. Depuis quelques jours, tu t'appuies uniquement sur une canne, un pas de plus vers une indépendance retrouvée. C’est une victoire, tu le sais. Mais elle n’a pas le goût que tu aurais imaginé. Chaque petit progrès te rappelle la fracture invisible entre vous, ce mur de non-dits qui continue de s’élever. Jaël arrive, comme d’habitude, et frappe doucement à la porte de tes quartiers. Tu t’es habitué à ses visites, à sa manière de ne jamais trop en faire, de rester dans son rôle sans envahir l’intimité que tu protèges si farouchement depuis cette pause.

Tu te lèves avec précaution, t’appuyant sur ta canne, et lui ouvres. Vos regards se croisent. Il sourit, mais c’est un sourire teinté de retenue. C’est ce que vous faites maintenant : vous souriez pour cacher ce qui reste encore en suspens entre vous. La dernière fois que vous avez vraiment parlé de votre relation, c’était juste avant que tout change. Avant l'accident, avant les blessures, avant que cette distance ne s’installe entre vos corps et vos cœurs.

" Salut, " dis-tu, ta voix un peu rauque, comme si ces mots restaient coincés dans ta gorge.

You know the good thing about hitting rock bottom?
There's only one way left to go, and that's up!

Par cette magnifique journée d'automne, tu décides de te rendre à l'appartement de Khol. Tu avais envie de le voir, même si votre relation reste... Compliquer. Compliquer parce qu'il y a beaucoup de sentiment qui ne se dit pas. Tu t'en veux... Et chaque fois que tu le vois est un rappel de ce que tu as fait, alors que tu lui as promis de prendre soin de lui, de le protéger. Tu as brisé sa confiance... Et tu sais qu'il t'en veut, tout comme tu sais que ça va prendre du temps avant que le sentiment ne disparaisse. S'il disparaît un jour. Mais malgré votre pause, tu es là pour lui. Peu importe ce dont il a besoin. Tu es là, même si ça fait mal. Tu es là et tu seras toujours là. Tu l'encourages lorsque c'est le temps, lui donne de l'espace aussi. Tu essaies de ne pas trop en faire puisque tu connais Khol... Si tu l'étouffes, il risque d'exploser.
De ton côté, tu as quand même été chanceux, même si tu crois que tu ne le mérites pas. Comme c'était ton premier DUI, ton avocat a réussi à négocier avec le juge pour que ta "sentence" soit le moins grave possible. Tu as reçu une amende assez élever, tu as perdu ton permis de conduire pour un an, tu as dû participer à un cours sur les dangers sur l'alcool au volant, tu dois aussi reporter à un agent de probation tout comme tu devais aussi faire un sevrage en centre de réhabilitation. Et tu as tout fait sans te plaindre. Si Khol aurait porté plainte... Tout ça aurait été différent. Tu aurais risqué la prison.

Alors, tu es là aujourd'hui pour une petite visite et voir comment il va, puisque Khol t'autorise à venir un peu plus souvent. Vous avez repris les SMS... Mais ce que toi, tu as besoin, c'est de le voir, même si sa vue te rappelle l'erreur que tu as fait et la confiance que tu as brisée.
Ton dos est, de plus en plus, mieux, mais les médecins pense qu'ils doivent peut-être opérer pour ton hernie discal qui a empiré durant l'accident. Tu peux majoritairement continuer à faire ce que tu fais normalement. Mais parfois, le mal est si intense que tu ne peux même pas te lever de ton canapé, alors que tu as quand même une bonne tolérance à la douleur. Mais aujourd'hui ça va, le mal n'est pas trop fort.

Tu cognes à la porte et attends qu'elle s'ouvre. Tu baisses automatiquement les yeux sur Khol et tu lui souris avec une certaine retenue. Tu es content de le voir, mais la douleur est quand même présente face à votre situation... Situation dont tu ne sais où elle est rendue. Tu ne sais même pas si vous allez vous remettre ensemble ou s'il va décider de tout arrêter. "Hey... Comment tu vas aujourd'hui ?" Demandes-tu, te souciant tout de même de son état.

• @Khol Canova

Tu te tiens là, à quelques mètres de lui, et tu le regardes. Jaël. Celui qui a tout bouleversé en une fraction de seconde, cette nuit où tout a basculé. Quatre mois se sont écoulés depuis l'accident, depuis cette pause imposée entre vous, mais les souvenirs sont encore brûlants, comme si c’était hier. Tu es là, la canne à la main. Tu réapprends à marcher. Son dos doit lui faire un mal de chien. Il ne dit rien, mais tu le sais. C'est écrit dans ses gestes, dans la raideur de ses mouvements.

Le silence entre vous est lourd, pesant. Il y a tellement de non-dits, de choses que ni toi ni lui n'avez su exprimer depuis l'accident. La tension est là, palpable. Une tension étrange, mêlée de rancune et d’un reste de tendresse que tu n’arrives pas à effacer, malgré tout. Tu es loin de lui avoir pardonné. Comment pourrais-tu ? Il a pris ce risque insensé, ce verre de trop avant de monter au volant, et il a tout fait voler en éclats. Il a détruit la confiance que tu avais en lui, celle que tu croyais inébranlable. Pourtant, tu es là. Devant lui. À quelques mètres seulement, incapable de t'éloigner complètement. La douleur que tu lis sur son visage te touche plus que tu ne voudrais l'admettre. C'est Jaël, celui avec qui tu as partagé tant de choses, celui que tu aimais — que tu aimes peut-être encore, même si tu te refuses à l’accepter pleinement. Mais cette douleur qu’il ressent, tu la combats en toi. Tu veux le réconforter, lui dire que tout ira mieux, mais une autre part de toi se retient, encore en colère, encore blessée. Pourquoi a-t-il pris ce risque ? Pourquoi t'a-t-il forcé à affronter cette peur, ce cauchemar éveillé ? C’est ce conflit intérieur qui te ronge. Tu veux l’approcher, poser ta main sur son épaule, mais quelque chose en toi résiste, comme si pardonner signifiait effacer tout ce qu’il a causé. Il n’a pas seulement brisé sa propre vie avec cet accident. Il a chamboulé la tienne, vous a poussés sur des chemins que tu n’aurais jamais voulu emprunter. Et pourtant, il est là, devant toi, le même homme, mais transformé, affaibli, souffrant.

La tension entre vous est complexe. Elle n'est pas faite que de colère. Il y a quelque chose de plus, une connexion qui persiste malgré les dégâts, malgré la distance. Tu le vois dans ses yeux, dans ce regard qu'il te lance, plein de douleur, de regret, mais aussi d'espoir. Tu sais qu'il espère que les choses reviennent comme avant, mais rien ne sera jamais pareil. C’est ça le problème, n'est-ce pas ? Rien ne pourra jamais être comme avant. Et tu ne sais pas si tu es prêt à avancer avec lui dans ce futur incertain, ou si tu dois encore t’éloigner. Alors, tu restes là, partagé entre l’envie de fermer la porte et celle de rester. Entre la colère et la tendresse. Entre le pardon et le refus d'oublier. "- J'ai connu mieux " que tu énonces avant de te pousser pour le laisser entrer et tu marches calmement vers le canapé. sur lequel tu te penche lentement, la tension dans tes jambes et ton bassin que tu sens et tu poses, ensuite, le derrière de ta tête contre le dossier. "- Et toi ?'' Il faut retourner les faveurs, non ?

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Tu essaies de ne pas y penser, mais c'est dur. Très dur. Tu aimerais avoir une autre expression que la douleur ou le regret... Mais comment peux-tu lorsque c'est exactement ce que tu ressens. Pourtant... Quelque part, il y a quand même l'amour pour lui. Un amour que tu auras toujours, parce que pour toi... C'est ton âme-sœur. Tu l'aimes de tout ton cœur et de ton âme, comme tu lui as si souvent répété. Mais... Tu sais que quelque chose s'est brisé cette soirée-là. Quelque chose qui sera réparé que par le temps. Mais malgré tout... Tu es quand même là pour lui. Malgré le mal émotionnel et psychologique et malgré la douleur physique. Tu es là... Pour lui. Tu veux lui montrer que tu peux évoluer et t'améliorer en tant que personne... Même si tu ne lui as pas encore dit que tu es sobre depuis quelques mois maintenant. Peut-être as-tu peur qu'il croie que ce n'est pas de ton vouloir et que c'est seulement à cause de l'ordre de la court que tu as fait une réhabilitation... Alors que ce n'est pas entièrement vrai. Tu l'as voulu et tu l'as fait.

Lorsqu'il ouvre la porte, tu lui as souri... Même si le sourire cache le regret et la douleur. Tu entres lorsqu'il te laisse entrer et tu refermes la porte derrière toi avant d'enlever tes chaussures. Tu t'approches ensuite du canapé et tu t'assois doucement pour ne pas trop étirer ton dos alors qu'il te renvoie la question que tu lui as demandée. "Ça ne va pas trop mal" que tu dis sans entrée dans les détails. Tu te dis que tu n'as pas le droit de te plaindre face à lui. Tu n'as pas le droit d'aller mal... Du moins, tu ne t'en donnes pas le droit. Pas avec ce que tu lui as fait subir. Et voilà maintenant le petit silence qui réussit à s'imposer dans la pièce. Il y a tellement de choses que tu aimerais lui dire... Lui parler, mais rien ne franchit tes lèvres, comme si les mots sont coincés dans ta gorge... Parce que tu n'oses pas lui parler de toi et de tes progrès. Tu as peur qu'il t'en veuille, que tu fais des progrès et que les siens prennent du temps.

• @Khol Canova

Tu vois la douleur dans ses gestes, dans sa manière de se tenir, raide, comme s’il essayait de ne rien laisser paraître. Mais tu le connais trop bien pour ne pas remarquer les petits détails. Chaque mouvement semble le trahir, chaque tressaillement de ses muscles te rappelle que rien n'est encore guéri, ni physiquement, ni entre vous. Ton regard se fixe sur lui, et une vague d'inquiétude monte en toi, plus forte que tu ne voudrais l'admettre. Cette inquiétude, tu la ressens depuis l’accident, un mélange étrange de colère et de peur qui ne te quitte plus. Tu sais que Jaël souffre encore, même s’il refuse de le montrer. Tu le lis dans ses yeux, dans la tension de sa mâchoire. Tu le sens dans l'air qui flotte entre vous, chargé de tous ces non-dits, de tout ce que vous avez repoussé depuis ce moment fatidique.

Ton cœur bat plus fort. Tu hésites un instant, incapable de décider si tu dois t'approcher ou rester en retrait. Les mois passés t’ont appris à garder tes distances, à ne pas trop t’impliquer, mais là, face à lui, à sa fragilité dissimulée sous un masque de fierté, tu ne peux plus te retenir. Une impulsion te traverse, une envie qui dépasse les rancœurs, les regrets. Doucement, presque avec hésitation, tu tends la main vers lui. Ta paume rencontre sa cuisse, et tu la serres doucement, comme pour ancrer ce moment, pour briser le silence sans avoir à parler. Le contact est simple, mais il te semble chargé de tout ce que tu n'as pas dit, de tout ce que tu ressens encore. Sous ta main, tu sens la tension dans ses muscles, ce mélange de douleur et de retenue qui te fait mal pour lui, même si tu n'as pas encore trouvé le courage de le lui dire. "- Il faut que tu saches que je t'aime toujours, Jay... J'ai juste... J'ai juste pas passé par l'étape du pardon... Je fais tellement de cauchemars, j'ai mal à tous les jours. Je sais que c'est long, mais bordel j'peux pas faire plus que ce que mon corps et ma tête peuvent faire..." que tu lui énonces avec peine.

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Les mâchoires se serrent parfois, alors que tu souffres légèrement à chaque pas que tu fais. Mais tu te tiens droit... Peut-être est-ce l'orgueil... Ou alors, peut-être que c'est parce que tu ne veux pas inquiéter l'homme que tu aimes... Mais tu te bats avec ton corps pour ne pas dévoiler cette douleur qui irradie ton dos. Tu t'es assis sur le canapé, en évitant de trop appuyer ton dos contre le dossier. Tu t'es assis de l'autre côté pour lui donner l'espace qu'il aurait besoin.
Tu laisses cependant le silence s'imposer après avoir répondu à sa question... Avant d'être surpris en sentant sa main sur ta cuisse. À ce geste... Tu sens une petite chaleur t'envahir. Une chaleur que tu n'as pas ressentie depuis l'accident. Tu regardes la main avant de lever les yeux vers ceux de celui que tu aimes. Tu es surpris par ses paroles, mais tellement rassurer qu'il t'aime encore. "Je t'aime aussi, Khol. Je n'ai jamais arrêté de t'aimer" C'est une évidence, même, que tu l'aimes toujours vue tout ce que tu fais pour lui. Par contre, la mention des cauchemars et de son mal qu'il ressent tous les jours te pèse beaucoup, puisque tu sais que c'est ta faute. "Je ne demande pas que ce soit rapide... Je sais que c'est long et que ça va prendre du temps." Tu as toujours ce sourire d'afficher et tu viens poser une main sur la sienne. "Et sache que... Je ne t'en voudrais pas que tu ne me pardonnes jamais... Je comprendrai." Que tu lui dis malgré la boule qui se forme dans ta gorge et dans ta poitrine. Toi, tu ne te pardonnes pas et peut-être que tu ne te pardonneras jamais aussi. "Mais... Je veux que tu saches que ça n'arrivera plus. J'ai... J'ai arrêté l'alcool... Et je ne compte pas retomber." Tu te bats tous les jours contre cette addiction, mais tu vas te battre encore plus fort pour ne pas replonger.

• @Khol Canova