EMERICK LIEBERMANN › tim schaecker

Nomme un aspect de ton enfance qui a eu un impact sur qui tu es aujourd'hui. Comme vous vous en doutez, je parlerai de mon père et des échecs. Il a été champion du monde bien avant moi et c’est lui qui m’a tout appris. J’ai commencé dès mon plus jeune âge, vers mes six ans environ. Le voir jouer m’a toujours captivé et lorsqu’il a compris que les jeux de stratégie m’intéressaient, il m’a vite pris sous son aile. J’ai longtemps eu le Modern Chess Openings comme livre de chevet, j’ai dû le lire une bonne vingtaine de fois. Je suis aussi passé par le Manuel des finales de Dvoretsky ainsi que par le Vie et Parties de Mikhaïl Tal. J’ai assisté à plusieurs de ses tournois, je l’ai vu se réjouir autant que chialer d’avoir perdu un match. Mon père a été le point de départ de tout et de rien à la fois, mais sans son aide, je ne serais pas à la tête d’une telle fortune aujourd’hui. ›

Nomme un trait de personnalité de tes parents que tu souhaites conserver. Je dirais la combativité et la force de caractère de ma mère. Malgré sa maladie incurable, elle s’efforce de sourire et d’être là pour ses enfants. Il y a des journées plus difficiles que d’autres et je m’efforce d’être là pour elle autant qu’il le faut. Elle vit d’ailleurs chez moi et je tiens à garder un œil sur elle et à être présent lors de ses rendez-vous médicaux. C’est le fait de la voir dépérir de jour en jour sans possibilité de guérison qui m’a poussé à choisir mon domaine d’étude. J’espère qu’elle vivra assez longtemps pour bénéficier du traitement que j’aurai trouvé pour elle. ›

Si tu pouvais parler au petit garçon ou à la petite fille que tu étais, quel conseil lui donnerais tu? Je lui dirais à coup sûr d’emprunter d’autres voies et de faire de meilleurs choix que les miens. Difficile de prévoir la vie, on est au contrôle de rien. J’ai pris les décisions qui m’ont paru justes au moment venu. Je lui dirais de s’ouvrir au monde plutôt que de s’enfermer avec un jeu d'échecs. D’essayer de retenir son père plutôt que de le regarder partir, ainsi il aurait peut-être la chance d’entrer à l’université avant moi. Je lui dirais de conserver ses valeurs familiales, elles sont précieuses et de se fier à son instinct avant tout.  ›

Où te vois-tu dans dix ans ? C’est une excellente question. J’ai beaucoup d’envies, mais le temps donné n’est pas très réaliste. Dans dix ans j’aimerais avoir terminé mes études et être la tête de ma propre entreprise de recherches pharmaceutiques. Dans le meilleur des mondes j’aurai trouvé un traitement pour ma mère, mais je sais que ça prendra bien plus de dix ans pour ça. Je serai impliqué dans plusieurs causes humanitaires et peut-être le créateur d’une fondation à but non lucratif venant en aide aux personnes atteintes de maladies incurables. Je vivrai sans doute à Boston, toujours accompagné de ma mère si elle est encore en vie et célibataire à coup sûr. Une chose est sûre, je serai impliqué dans le domaine humanitaire à deux cent pourcent.  ›

De qui es-tu le plus proche dans ta famille ? Autant j’aime mes sœurs, autant je ne me sens pas proche d’elles. Je suis toujours présent lorsqu'elles sont dans le besoin, je me suis assuré qu’elles ne manquent de rien après le départ de mon père, mais leur personnalité en total opposition avec la mienne, fait en sorte que j’ai du mal à passer plus de deux heures avec elles. Mon demi-frère par contre, il est comme un pilier. C’est mon meilleur ami. Même si nous n’avons pas le même père, j’ai une meilleure connexion avec lui qu’avec mes sœurs. Il va sans dire que ma mère est la personne avec qui je m’entends le mieux dans cette famille. Nous sommes complices et je sais qu’elle prendra toujours ma défense. Elle souhaite me voir heureux et épanouis avec une petite femme et des gosses, mais mon bonheur ne se trouve pas dans ce genre de chose. Je suis sans conteste l’enfant qu’elle affectionne le plus, même si elle a toujours joué la carte de l'impartialité.  ›

Quand as-tu pleuré pour la dernière fois? En dehors de ma naissance, j’ai pleuré deux fois dans ma vie. La première est quand j’ai appris pour la maladie de ma mère. Je ne m’imaginais pas vivre sans elle. Ça a été le plus grand choc de mon existence. Encore aujourd’hui j’entend la voix du médecin en chef dans ma tête, annoncer le diagnostic. La deuxième et dernière fois, il ne s’agissait pas de larmes de tristesse, mais bien de colère. Ce fût lors du départ de mon père.  ›

Comment as-tu vécu le départ de ton père ? Plutôt mal parce que lui et moi avions une excellente relation. Nous avions l’amour des échecs en commun. Il avait tout pour être heureux. Une famille, une maison, un travail, mais ça ne lui a pas suffit. Il n’a pas supporté l’annonce de la maladie de ma mère. Il voyait là un gros enjeu financier, les dettes et tout le reste. Il a choisi de se barrer en nous laissant tous derrière. Comme j’étais devenu l’homme de cette maison, j’ai vite cherché un moyen de subvenir à nos besoins. Les goûts faramineux de mes sœurs pour le luxe, les traitements hors de prix pour ma mère. Après le lycée, plutôt que de poursuivre mes études, je me suis lancé à pieds joints dans les échecs. Depuis toujours, mon père me répétait, un champion d’échecs gagne très bien sa vie. J’ai intégré l’un des meilleurs clubs d’Allemagne à seize ans avant de migrer vers Boston à mes dix-huit ans. J’ai côtoyé les meilleurs maîtres de ce monde et monté les échelons. J’ai gagné des tournois pour débuter, ce n’était pas cher payé, mais c’était amplement pour subvenir aux besoins de tout le monde. Mon classement au niveau de la FIDE a grimpé en flèche et très vite je me suis retrouvé devant le numéro un mondiale. La partie la plus exaltante de ma vie. Il ne devait pas s’attendre à croiser le chemin d’un jeune prodige ce jours là, mais c’est à ce moment précis que j’ai compris que je venais de trouver le meilleur moyen de gagner de l’argent et ne plus avoir à me soucier des dettes et des créances. Gagner son premier championnat à dix-huit ans c’est wow, mais dans le monde des échecs, j’ai toujours été considéré comme un vieux prodige en sachant que les surdoués sont pleinement investis dans le domaine depuis l’âge de douze ou quatorze ans.  ›

Pourquoi avoir lâché les échecs pour retourner à l’université ?  Pour la simple et bonne raison que j’ai d’autres projets en tête. Je ne me voyais pas jouer aux échecs pour le reste de mes jours, même si en intégrant Harvard, je compte m’inscrire au club d’échecs. J’ai décidé de me lancer dans le domaine qui me passionne, motivé par la santé de ma mère qui se détériore de mois en mois. Cinq ans champion en titre des échecs c’est amplement suffisant pour moi, je laisse le flambeau à Magnus Carlsen un très bon joueur Norvégien. J’aurais dû poursuivre sur le plan académique plutôt que de me lancer dans les tournois d’échecs, mais j’avais besoin d’argent à ce moment-là. Désormais, je n’ai plus aucun obstacle au travers de mon chemin et je compte bien terminer mes études le plus rapidement possible avec une mention honorable. ›

Décris moi ta partenaire idéale Le domaine des relations n’est pas celui dans lequel j’excelle le mieux. Célibataire depuis toujours, je me limite à des relations sexuelles sans plus. Je baise d'une certaine façon et seul un type de femme spécifique apprécie. Pas de baisers, pas de contacts face à face. Si elles essaient de changer de direction à mi-chemin, je leur montre la porte. Mon attention est portée sur les femmes de carrière, des femmes fortes et entreprenantes. Elles sont généralement indépendantes et ça me plaît ainsi. Elles savent ce qu’elles veulent et tout comme moi, elles n’aspirent pas à trouver le grand amour et à fonder une famille, pour la plupart du moins. Je ne crois pas au grand amour et encore moins au mariage si on se fit à l’exemple de mes parents. ›

Informations en rafales J’arrive toujours trente minutes en retard lors d’un match important d’échec, j’aime déstabiliser mes adversaires et les aplatir en quelques tours & Je déteste les fruits de mer & J’ai une grande confiance en moi & Je possède une collection de jeu d’échecs & Je n’ai peur de rien & Je ne suis pas tendre & Je préfère le silence et la solitude & J’adore étudier & Je déteste les excentriques & Je suis rancunier & j’affiche toujours une mine ténébreuse & Je suis totalement inconscient de mon charme & J’adore narguer mon entourage autant que mes adversaires dans la vie & On me surnomme le régicide.