night vibe (rose)

Toi qui pensais passer une soirée tranquille chez toi après ton business trip et ta journée de cours, t’as fini par te faire embarquer dans un bar club de Boston. Comme quoi, il ne faut jamais que tu acceptes un verre avec tes anciens collègues, tu te fais à chaque fois embarquer. L’alcool coulait à flot, t’essayais de faire attention à ne pas trop boire – mais t’es vite manipulable dans ce genre de situation. Ça parlait business, t’étais à fond dedans mais ta vessie te fit comprendre qu’il fallait que t’ailles la vider urgemment. Tu te levas, passa aux toilettes pour ton plus grand plaisir -mieux qu’un orgasme parfois. Tu te lavas les mains et sortit des toilettes, il y avait eu plus de monde d’un coup. Ton corps rencontra un autre corps, manquant de trébucher. « désolé » dis-tu en français. Bizarrement.

profite. sors. rencontre du monde. limite sermonnée parce que j’me cantonne à ce que j’sais faire de mieux. demeurer dans ma solitude. cette bulle apaisante où j’sais qu’aucun mot ne peut m’atteindre. aucun geste ne peut m’impacter. dernier bouquin terminé, allongée sur mon lit, les mots de reese tournaient en boucle. son visage toujours marqué au fer rouge dans l’esprit tourmenté. l’envie de le dégager. d’effacer ces souvenirs qui demeurent ancrés. ce besoin de déconnecter les nerfs. taire la raison pour laisser le coeur vriller pour un autre. corps bousculé par un autre alors que je m’apprêtais à rejoindre le comptoir. réclamer mon dû. désolé. traduction spontanée ; reconnaissant la langue employée. comme quoi les quelques cours dispensés par mon beau-père s’avéraient utiles. — c’est grave. pas grave ? j’m’embête à te répondre en français. mélangeant les mots. espérant que tu comprennes l’intention. billes curieuses qui te fixent, visage familier. rictus qui se forme, vicieuse. quand la mémoire me revient. — vigliacco. le trouillard dans ta langue non ?

La vessie maintenant vide, tu te sentais mieux. La tête encore dans le brouillard, effet de l’alcool sans aucun doute. Tu percutas une demoiselle en voulant retourner vers ta table. Le monde était finalement arrivé, pourtant t’es pas resté très longtemps dans ce coin d’intimité. Tu t’excusas en français, un réflexe que tu avais par moment – tu te demandes pourquoi, toi qui parlais plus anglais que français depuis quelques années maintenant. « ce n’est pas grave » répondis-tu en anglais. Tu te doutais que la langue française n’était pas courante chez elle. Ton regard posé sur elle, tu reconnus la sœur de Amore. Tu ne sais pas pourquoi, mais tu te doutais que tu la croisais en vue de votre rencontre sur meet. « nan, on dirait plutôt lâche et je ne pense pas l’être » dis-tu en penchant la tête, amusé. « t’es venu boire pour oublier ? » lui dis-tu du tac au tac. ta franchise est toujours là, on change pas une équipe qui gagne.

rancune peinte sur ce visage offert. le sourire perfide en guise de réponse. l’ironie encore une fois de tomber sur un mec que j’voulais pas forcément rencontrer. pas après un rejet. pas d’humeur à t’apprécier. ou à faire des efforts. t’en as pas fait toi de toute façon, non ? — pourquoi ? ça t’intéresse ? j’réplique, me rapprochant de ton corps. le doigt qui vient se poser sur tes lèvres. regard félin, prête à te prendre comme prochaine victime. tu te montrerais certainement plus intéressant que les âmes présentes ce soir. — oublier quoi ? j’me souviens même pas de toi. la provocation comme arme favorite quand il s’agit d’amadouer.

Les yeux posés sur la demoiselle Morelli, petite-sœur de ton ancien colocataire et super pote. T’as été mis au courant de la situation actuelle, t’as bien compris qu’elle cherchait à se venger la belle. Peut-être que t’aurais fait pareil à son âge. « oui, j’ai le droit ? » demandas-tu en arquant un sourcil suite à ses mots. T’avais envie de savoir si elle avait ce besoin d’oublier, au point de boire jusqu’à ne plus tenir. Son regard félin plongé dans les tiens, tu la laissas se rapprocher de toi, son corps frôlant le tiens au passage. « normal que tu ne te souviens pas de moi, tu me connais pas » dis-tu d’un sourire au coin amusé. Tu la connaissais vite fait de Amore, mais tu ne connais pas cette rose épineuse. L’alcool ne te mettait jamais de barrière, t’étais bien trop curieux de savoir ce qu’elle valait cette belle au cœur brisé.