rainy day, happy day ?

Douleur satisfaisante qui parcourt tes cuisses mais qui rend ta démarche chaotique. La séance a été intense ce matin, t'as pas ménagé ton corps et tu rêves juste de sentir la brulure de l'eau chaude détendre tes muscles. Rien que ça. Mais c'est l'eau froide qui s'abat sur toi, brusquement mais pourtant annoncée par la noirceur des nuages. Ta fâcheuse tendance à ignorer les avertissements. Moins de cinq secondes pour que ta chevelure commence à dégouliner. Tu cours même si tes jambes peinent à coopérer, t'engouffres dans la première porte ouverte et lâche un juron. T'avais envie de changement dans ta vie, pas sûre qu'une douche improvisée soit ce dont tu rêvais. Puis tes iris se lèvent. Le cœur qui sursaute quand elles rencontrent une figure du passé, jamais totalement oubliée. Logan ? Pas sûr que tu rêvais de ça non plus. Quoique...

@Logan Fitzgerald

@Giulia Falcone -- yeux sur ton téléphone. ajuste le col roulé d'une main. l'ascenseur descend, lentement. gravis tous les étapes jusqu'à trouver le hall. émeraudes fixent l'écran de led, check les mails. concentration s'entasse sur les noms qui défilent, ton doigt qui en pousse le tactile. scroll sans regarder en face. pas s'élancent jusqu'à l'entrée, parapluie coincé entre le coude et le torse. visage se redresse, par la coïncidence, timing parfait pour les croiser, ses yeux. stoïque un instant. pieds s'enfoncent dans le sol, à t'faire absorber par le faux marbre.sang qui se glace, sur l'instant. visage surpris, pris par surprise. une bonne, mauvaise ? t'en sais, rien, encore. giulia. pose le ton, tentes de reprendre le contrôle. d'pas montrer que tu commences déjà à tanguer, dans les pensées. qu'est ce que tu fais là ? et tu pries, le p'tit l'univers, qu'elle n'habite pas ici.

La confusion, le brouillard. Tu l'appelles pour t'assurer que c'est lui. En réponse, ton nom glisse sur sa langue. Tu sais pas comment réagir, t'es troublée. Comment se comporter devant quelqu'un qu'on a quitté il y a des années sans jamais donner de nouvelles ? Pas la moindre idée. Ce moment il était pas dans ta to do list. Je voulais pas prendre la pluie. Réponse idiote. La bouche sèche, les muscles crispés, tu détestes te sentir aussi décontenancée. Néanmoins la commissure de tes lèvres se soulève dans un petit sourire, puis tu commences à rire. Reflet de ta nervosité. La situation est cocasse. Des années à l'éviter, à tenter d'oublier votre histoire et c'est en fuyant une simple averse que tu tombes sur lui, chez lui. Les vêtements trempés, les cheveux collés sur le visage encore rougi par le sport. Tu mords ta lèvre pour te calmer. Tu l'aurais cru toi ? Qu'on se retrouverait comme ça. A ne pas trouver quoi se dire, dans un hall.

@Logan Fitzgerald

@Giulia Falcone -- la pluie. billes vertes glissent derrière elle, trouver les torrents qui s'abattent, à travers le baie vitrée. bruit qui résonne, mais rien ne s'entend, à tes oreilles. juste la bulle refermée, autour de vous. bien hermétique. peut être juste, autour de toi, finalement. la bulle. la protection. la couche maximale d'enduit contre les émotions que tu peux ressentir, ressortir. rien montrer. montrer quoi ? que ça t'fais bizarre ? la boule au ventre ? le déni t'feras dire que c'est la faim. le lave vaisselle t'rappelles que tu l'as bien englouti, ton bagel fromage frais, y'a dix minutes. ouais, une coïncidence. torturé à ne pas savoir le reprendre, le contrôle. visage qui se change, le sourire aux lèvres. l'assurance, fake it. tu fais du sport par ici ? j'viens d'arriver dans le quartier je savais pas qu'il y avait une salle pas loin. faux. et puis, vous allez vraiment faire ça ? parler comme des gens lambdas ? pitié.

Oui, je travaille dans une salle pas très loin d'ici. Discussion vide, pas votre habitude. Dure de retrouver l'alchimie d'antan, en espérant qu'elle ne soit pas complètement brisée. Et pourtant tout penche vers cette triste réalité. La main qui glisse dans tes cheveux, gênée. Tu mords ta lèvre, finis par soupirer silencieusement. Ca fait tellement longtemps. T'aurais cinq minutes à m'accorder ? La meilleure option serait de déguerpir, d'oublier cet instant, de reprendre le cours de ta vie. Pourtant t'as préféré affronter la tempête d'émotion qui se joue dans ta tête. Tu tournes en rond depuis des semaines. L'impression de passer à côté de ta vie. Et si c'était lui ? La boussole que te redonnera le bon cap.

@Logan Fitzgerald

@Giulia Falcone -- cinq minutes évidemment. joues se déforment sous l'os de la mâchoire qui se serre. crispé le fitz. cinq minutes que tu veux éviter. où tu préfères fuir. maintenant. mais le gentleman -plutôt celui qui veut garder le contrôle et à qui ce n'est pas censé être dérangeant-. ouais carrément. ton doigt qui pointe le café, un peu plus loin dans le hall. petite terrasse sur la place centrale. ils font des trés bons latte, j'te le paie. évidemment. tu sors les grands jeux, tout pour le cacher que t'as les joues qui brulent à force de contracter. le pas qui s'avance vers une table, la chaise tirée, pour elle. avant de poser tes fesses en face. les avants bras sur la table, cherche à éviter le regard, encore. essayes de trouver le serveur des yeux. alors, tu travailles pas loin, c'est ça ? t'es censé dire quoi ?

Aucune sincérité dans sa réponse. T’es plus aussi performante dans l’art de le déchiffrer, mais là tout son corps crie le contraire. T’aurais pas dû proposer, t’aurais dû te tirer quand tu le pouvais encore. Mais te voilà à sa suite, presque fasciné par ce qui t’entoure. T’as jamais vu un endroit pareil, en même temps t’es pas assez blindée pour t’offrir ce genre d’appart. T’es pas de ce monde toi. Tiens ça te rappelle quelque chose… Souvenir amer envolé, assise en face de lui tu tentes de croiser ses billes émeraudes. Établir une connexion. Impossible. Ouais au Bands of Brothers. Toujours dans la boxe. Second souvenir amer. Sérieusement ? Ça va être ça votre conversation ? Le serveur arrive, prend la commande, repars. Désolée de pas avoir donné de nouvelles. Au moins c’est dit, le besoin de se libérer un peu, mais le corps ne se détend pas.

@Logan Fitzgerald

@Giulia Falcone -- le corps entier qui hurle. t'es pas discret et tu veux l'être. la peine perdue. elle le voit, elle le sait. le visage entier qui cherche ailleurs. l'échappatoire. et le corps qui s'assoit sur la chaise, se prend dans le piège en face d'elle. deux cafés latte, pour vous. classique, simple. de quoi finir vite, partir. oublier le moment. tu sais que non. pensées calibrées pour toujours te faire ressasser. mais les billes se redressent vers les siennes. c'est normal. vous étiez séparés, tu n'attendais rien. peut être que si. si en fait. et t'as jamais rien eu depuis tant d'années ? juste devenu normal, avec le temps. je n'en ai pas donné non plus. trop rancunier pour ça. il n'aurait pas fallu trop le montrer, qu'elle te manquait. faut pas déconner. avants bras sur la table. anxiété laisse tes doigts tripoter frénétiquement cette manque, autour du poignet. le bracelet en dessous. t'as pas changé. les émeraudes se perdent un instant sur son visage. traquent les différences, sans vraiment en trouver.

Ca t'aurais couté quoi d'envoyer un message ? A l'époque tout. Pourtant ça t'aurais évité des retrouvailles aussi… pesantes. Quelque part tu savais que tu le reverrais, maintenant, dans dix ans, vingt ans, tu l'aurais revu. Le temps passe mais on oublie jamais vraiment son premier amour. Fragment de cœur offert il y a des années qui vous lie. Pour toujours. T'étais occupé par tes études. Est-ce que t'aurais aimé un signe de sa part ? Pas sûr. La rupture a été difficile. T'es du genre à arracher le pansement quitte à créer de nouvelles cicatrices. Sa remarque te fait sourire. C'est une bonne chose ? Le regard dévie sur sa manche, habitude conservée. Lui aussi est resté le même. Quelque part ça te rassure. Toi non plus. Et ta main trouve ses doigts qui triturent, se veut rassurante. Détends toi Logan. Facile à dire.

@Logan Fitzgerald

@Giulia Falcone -- émeraudes trouvent ses doigts, sur les tiens. manche du pull froissé sous le stress. l'habitude depuis toujours de toucher ce bracelet, autour de ton poignet. bracelet qui n'a pas quitté la peau depuis longtemps. réflexe d'anxiété. le corps qui te trahis, l'traitre. mais tu relâche un instant, un souffle s'extirpe des lèvres. non c'est pas une mauvaise chose je suppose. elle n'a pas changé. toujours aussi belle. les jours encore rouges. les cheveux dégoulinent de la pluie. billes qui tombent sur ses épaules pour suivre une perle sablée, tomber sur son haut. laisser une tâche, parmi les autres. c'est juste bizarre, non ? d'se revoir là. et tu te détends. calme, un peu, la pression. cafés qui arrivent, tasse devant vous. phalanges attrapent déjà la petite cuillère. toujours allergique aux fleurs ? tu glousses, un instant, à l'écho des souvenirs. le premier. celui où t'as failli la tuer en lui offrant l'énorme bouquet.