w/ @A. Junior Cooper
Le froid mordant. Le bruit des lames sur la couche épaisse de glace. Il n’y a que dans ce lieu que je me sens enfin libre d’être moi-même. Il n’y a qu’ici que mon rythme cardiaque est stable et que j’arrive à vraiment être heureuse. Ça n’a pas toujours été le cas puisqu’il y a dix ans, lors des Jeux Olympiques de Sochi, ma vie a basculé. Étoile montante du patinage artistique américain, j’ai fini dans un état tellement dramatique que je ne pensais pas revoir le jour à un moment. Mais comme quoi, tout est possible. Et je crois que c’est avec cette idée en tête que je me décide à aider Junior sur la glace. Elle a débarqué à un cours débutant il y a quelques mois et c’était difficile à regarder. Vous voyez Bambie sur la glace ? C’était Junior. Elle s’est rapidement améliorée mais si elle souhaite continuer le patinage - à titre récréatif - elle va devoir réellement s’améliorer pour aller dans un groupe avec des adultes de son âge. Il paraît que c’est carrément creepy d’avoir une adulte avec des gamins sur la glace et qu’elle a beaucoup plus de forces qu’eux donc les petites se sentent ridicules… Je ne comprends pas totalement, sachant qu’elle ne fait de mal à personne mais pour calmer les parents complètement ridicules qui m’entourent lors des cours, j’ai pris la décision d’aider Junior pour qu’elle puisse profiter de réels cours aussi. Patiner à reculons n’est pas si fun que ça en a l’air. Vêtue d’un leggings noir, d’un pull col roulé noir et de mes pâtins blancs, je profite du calme de la pâtinoire. Il n’y a pas de musique en route, personne sur la glace à part moi et mes patins. Le bruit de ces derniers qui glissent et raclent la glace est majestueux à mes yeux. J’accélère légèrement mon rythme, essaye un saut des plus simple et souris largement quand j’atterris sur un pied dans un équilibre parfait. Et c’est lorsque j’entends la porte du fond claquer que je sors de cette transe dans laquelle j’étais jusque là. Je patine vers la sortie et d’un léger mouvement, me retrouve sur la gomme, enfilant les protèges-lames pour retrouver mon élève de l’heure - heure et demi suivante : Junior. Heyyy. Ça va ? Mon ton est chaleureux et je souris en me dirigeant vers la blonde. J’ai pas pensé mais t’as tes gants aussi ? Sinon je vais en chercher à l’accueil. Ne jamais patiner sans protection sinon un doigt peut facilement y passer sous les lames.
(Olive Desjardins-Parker)
i'm giving you a nightcall to tell you how i feel