anna karina vangaard dite〝nana〟— lily-rose depp
traits
il n'est pourtant qu'à quelques pas. il est juste à sa portée. c'est pour l'art d'elle-même qu'elle se sacrifie ⸻ pour lui qu'elle fait ce don sacré. c'est pour mourir qu'elle s'éternise. c'est pour lui qu'elle veut vivre à jamais.
liturgie de la beauté, est-ce par la douleur que tu gracies les sanctifiés ?
groupe
╱ muse, sculptrice, poétesse. les trois à la fois : triple, comme la dynastie claudel. nana est une artiste enivrée, fiévreusement attachée à son art avec l'obsession théurgique d'une créatrice enflammée. elle songe, érige, transforme puis bâtit de ses mains chétives la femme moderne ⸻ galatée faite de roche marbrée. mais nana peine à se fondre dans la masse, étrangère mal moulée. après tout, c'est lorsqu'elle a souhaité intégrer la adams house que les maisons ont fermé. une plaie ; une infortune malheureuse qui la dépasse, qu'elle ne peut contrôler. alors, elle se cantonne à son rôle : celle de l'anonyme, irrespirablement noyée. une ironie qui a de quoi la troubler puisqu'au bout du compte, c'est ardemment qu'elle a toujours voulu briller.
admission à harvard
elle le jurerait : ce n'a jamais été à dessein qu'elle s'est inscrite à la fac. l'instruction telle qu'elle la conçoit pourrait ne se décrire qu'à ses yeux que comme le corps hiératique d'une assemblée maussade ; institution solennelle, figée, fixée dans le temps, archaïque et acariâtre. immobile, elle l'est pourtant ⸻ ou du moins a t-elle fini par le devenir lorsque sa carcasse paralysée s'est engourdie, piégée par sa rigidité et son inconstance. charpente abîmée et armature décharnée laissent lors à céder aux rêves délaissés l'humble aspiration de se reconstruire. de panser ses blessures ⸻ elles qui l'ont tant brisées.
sculpter. voilà une façon de se refaire, de se recomposer. pétries dans de l'argile, ses paumes reconnaissent dans la matière la toute puissance atomique de la création praxitélienne. elle émule pygmalion ; feint d'être prométhée ; se la joue phidias et, dans un élan démiurgique, soutire la côte d'adam pour la transmuer en nouvelle ève. qu'aurait-elle fait pour transfigurer avec autant d'aisance son être ! mais nana n'est pas naïve : elle sait quel sort réserve la nature à ceux qui la transgressent. et à transcender sa condition, les muses l'ont chanté : l'on finit toujours par s'y perdre.
harvard. c'est ici qu'elle étudie. qu'elle expie ses péchés. ici aussi, qu'elle purge ses désirs d'incarnation. qu'elle étrangle sa métamorphose rêvée. trois ans après l'incident, elle s'y est fermement attelée : elle a affiné son œuvre jusqu'au point de rupture, jusqu'à finir par se négliger. lettres, rendus, dossiers : tout s'est amoncelé sur sa table de chevet au point de déborder sur son parquet, de se confondre avec ses cachets, de se mêler aux comprimés et d'encrasser son parterre ⸻ elle qui répugne l'immondice, la répudie et la rejette. elle n'en a plus dormi : c'est à peine si elle a mangé. elle n'en a plus rêvé : c'est à peine si elle le souhaitait. si elle ne voulait pas abandonner.
et puis un soir, sous une lumière tamisée, l'écran de son ordinateur s'est embrasé d'un chatoiement blanchâtre, inespéré. l'air satisfait de nana est plus éloquent que ne le peut être n'importe quelle expression poétisée. elle a réussi. elle l'a fait. être acceptée au département d'art de la plus célèbre faculté du monde est une prouesse en elle-même. pourtant, quelque chose cloche. son triomphe a des relents d'âpreté. et le vide qu'elle cherche à combler ne s'emplit pas ⸻ non. il ne fait que se soustraire. frustration vaniteuse de celle qui veut invariablement revenir en arrière : mais que voulez vous ? nous le disions déjà il y a des siècles : la vie n'est amère qu'à ceux qui l'attendent sucrée. alors, par nécessité, le goût de la réussite se dépouille de toute sa sapidité. elle est acerbe. elle naît de la cruauté.
sculpter. voilà une façon de se refaire, de se recomposer. pétries dans de l'argile, ses paumes reconnaissent dans la matière la toute puissance atomique de la création praxitélienne. elle émule pygmalion ; feint d'être prométhée ; se la joue phidias et, dans un élan démiurgique, soutire la côte d'adam pour la transmuer en nouvelle ève. qu'aurait-elle fait pour transfigurer avec autant d'aisance son être ! mais nana n'est pas naïve : elle sait quel sort réserve la nature à ceux qui la transgressent. et à transcender sa condition, les muses l'ont chanté : l'on finit toujours par s'y perdre.
harvard. c'est ici qu'elle étudie. qu'elle expie ses péchés. ici aussi, qu'elle purge ses désirs d'incarnation. qu'elle étrangle sa métamorphose rêvée. trois ans après l'incident, elle s'y est fermement attelée : elle a affiné son œuvre jusqu'au point de rupture, jusqu'à finir par se négliger. lettres, rendus, dossiers : tout s'est amoncelé sur sa table de chevet au point de déborder sur son parquet, de se confondre avec ses cachets, de se mêler aux comprimés et d'encrasser son parterre ⸻ elle qui répugne l'immondice, la répudie et la rejette. elle n'en a plus dormi : c'est à peine si elle a mangé. elle n'en a plus rêvé : c'est à peine si elle le souhaitait. si elle ne voulait pas abandonner.
et puis un soir, sous une lumière tamisée, l'écran de son ordinateur s'est embrasé d'un chatoiement blanchâtre, inespéré. l'air satisfait de nana est plus éloquent que ne le peut être n'importe quelle expression poétisée. elle a réussi. elle l'a fait. être acceptée au département d'art de la plus célèbre faculté du monde est une prouesse en elle-même. pourtant, quelque chose cloche. son triomphe a des relents d'âpreté. et le vide qu'elle cherche à combler ne s'emplit pas ⸻ non. il ne fait que se soustraire. frustration vaniteuse de celle qui veut invariablement revenir en arrière : mais que voulez vous ? nous le disions déjà il y a des siècles : la vie n'est amère qu'à ceux qui l'attendent sucrée. alors, par nécessité, le goût de la réussite se dépouille de toute sa sapidité. elle est acerbe. elle naît de la cruauté.
anecdotes
- Code:
<pris><i class="bi bi-check"></i><b>LILY-ROSE DEPP</b> <span>@"Nana Vangaard"</span></pris>
(Nana Vangaard)