Open season (( Willow

Assise sur le divan du club, les jambes croisées, je me penche en direction du jeune homme qui m’a abordé plus tôt dans la soirée. Dale, vingt-huit ans, et c’est tout ce dont j’ai besoin pour que mon cerveau se mette en pilotage automatique. Incapable de me sortir la tête de mes responsabilités personnelles depuis des semaines, je crois que cette soirée - qui se voulait entre filles - va bien m’aider. Tactile, les doigts qui glissent le long de sa jambe, je semble passionnée par ce qu’il raconte. Je ne suis pas trois fois sûres de me souvenir de tout demain mais pas parce que ce n’est pas important. Plutôt parce que le travail est tout ce qui occupe mon esprit. Je n’y pense pas réellement mais rien n’est éteint. Tel un ordinateur en veille, mon cerveau continue d’analyser les rapports lus plus tôt dans la journée. Jusqu’à ce que l’invitation soit soufflée. Passer la nuit avec le jeune homme me fera le plus grand bien du monde, je le sais. Il n’y a que ça pour me déconnecter de toute façon : les courbes d’un corps chaud, féminin ou masculin. Je ne vais pas dire que je ne suis pas difficile, c’est faux, mais il suffit d’un bon feeling et il passe avec le jeune homme. Je ne fais pas attention dans quelle voiture je monte mais me concentre quelques secondes sur mon cellulaire, activant le partage de ma position avec mes plus proches amies. Il est hors de question que je finisse sur la page des faits divers du 23 Septembre 2024. Il n’a pas l’air très offensif comme ça mais s’il y a bien une chose que j’ai appris en trente ans sur terre, c’est qu’il ne faut jamais se fier aux apparences. Tu ne m’as pas dit ce que tu faisais dans la vie. Non, vraiment ? La question qui tue. Il ne faut pas que je m’emballe. Je suis là pour profiter de ma soirée et nuit, clairement pas pour faire déprimer le brun et me relancer dans ce cercle vicieux. Je suis chercheuse en laboratoire pour un gros groupe allemand. C’est la première fois de ma vie que je suis si concise. Mais c’est aussi la première fois depuis bien longtemps que je n’ai pas envie de penser aux coupes, aux résultats, au cancer. Mais ça ne te dira pas grand chose sur la couleur de la dentelle que je porte de savoir ça… Autant nous relancer sur le sujet, n’est-ce pas ? Il est mignon et j’ai envie de rester dans le mood encore un petit moment. Qui sait, peut-être qu’il m’en sortira avec ses qualités inexistantes au lit. Je ne l’espère pas, vraiment pas. Je ne préfère même pas y penser. Nous arrivons devant le building où il vit et je reconnais les lieux. C’est là que Wendy habite. Cela m’étonne qu’elle ne m’ait pas prévenu qu’un nouveau propriétaire avait posé ses valises ici. Mais en tout cas, s’il vit ici c’est qu’il a de l’argent et que je ne vais pas finir découpée en petits morceaux. Je n’écoute que d’une oreille quand il m’indique l’étage qu’il occupe, peu intéressée par l’information. Ce n’est pas comme si nous allions nous retrouver tous les quatre matins et puis, je verrai bien une fois arrivée. Les dames d’abord. Je souris largement et pose doucement ma main sur ton torse. C’est qu’on t’a bien élevé. La galanterie n’est pas morte les amis ! Et elle a un charme tout particulier, je dois bien l’avouer. La démarche assurée, je le laisse appuyer sur le bouton de l’ascenseur une fois dedans et souffle J’aime beaucoup les bonnes manières mais je suis plutôt d’humeur féline ce soir. Ma main se pose à nouveau sur son torse et mes doigts glissent sur ce dernier, les ongles griffant doucement le tissu que je ne vais pas tarder à lui retirer. Mon regard glisse sur ses lèvres et, comme un appel, je mordille doucement les miennes. Je ne sais pas ce qu’il attend mais je ne suis pas là pour faire le tour du propriétaire de manière littérale.

Il y a beaucoup trop de choses qui se passent dans mon esprit et dans mon corps ces derniers temps. J’encaisse encore les retrouvailles avec Ford et me concentre tellement sur mon travail que je perds le fil de mes propres pensées la plupart du temps. Mais ce soir, avec un peu de volonté et une très bonne compagnie, je prends enfin plaisir à profiter du moment présent. Et le moment présent, il se compose du jeune homme à mes côtés. Je ne cherche rien de sérieux et je doute que ce soit son cas aussi. Mais une chose est sûre, ce n’est pas la conversation que je souhaite avoir avec lui ce soir. Moins on parlera et plus on profitera, ce qui est absolument ce dont j’ai envie et besoin ce soir. On ne sait que les points les plus basiques l’un de l’autre et c’est bien assez. C’est Willow la sauvage que j’ai envie d’être et non pas Willow l’intello chercheuse. Et je ne perds pas mon temps pour lui dire les choses comme elles sont : je n’ai aucune envie d’être traitée comme la princesse que je suis ce soir. Un peu de sauvagerie et de force ne fera de mal à personne. De toute façon, il n’a pas la gueule du gars qui finira par s’étouffer avec des paillettes et de la douceur. C’est probablement pour cela que c’est lui que j’ai jeté mon dévolu. Et puisque je n’ai jamais mâché mes mots, ce n’est pas aujourd’hui que cela va commencer. Ah, c’est… Perturbant, visiblement. Je ne peux m’empêcher de me sentir comme victorieuse, ayant réussi à le perturber et donner la couleur avec quelques mots seulement. Je sens que cela va être une soirée très amusante parce qu’il n’a encore rien vu. Je ne suis pas de celles qui parlent plus qu’elles ne font. C’est tout l’inverse. Les actions ont bien plus d’importance que les mots que l’on ne pense pas souvent. Très tentant. Mh ? Juste tentant. J’espère qu’il ne va pas se dégonfler devant mes avances plus que poussées sinon ça va être comme un flan qui ne prend pas : plat. Mais il revient rapidement à ses esprits, il semblerait, et me surprend de sa question. De quelle couleur ? Verte ? Je secoue légèrement la tête de droite à gauche. Les chiffres défilent sur l'affichage électronique de l’ascenseur et je souffle Quelque choise de plus doux. Sous une robe blanche, il faut savoir être discrète… Ma collection de sous-vêtements est aussi large que celle de robe de haute couture. C’est aussi la couleur d’une fleur qui sent plutôt fort et qui attire les abeilles. Allez, fais fonctionner des neurones, je trouve ça particulièrement sexy. Les méninges en feu, il n’y a rien de plus magistral chez un homme. Je ne suis pas sapiosexuelle mais ça m’enflamme rapidement.