YOU FOUND ME | HARTTER

La tradition voudrait qu’elle reste sur le terrain, qu’elle participe au divot stomp, mais ce n’est pas Miya, ça ne lui ressemble pas. Alors si elle a fait semblant de remettre en place une motte avant de disparaître. De laisser ses pas la guider en direction des écuries, plus attirée par le calme, l’aura des chevaux que par l’euphorie des êtres humains, c’est vrai.

Peut-être qu’elle ne devrait pas se trouver ici surtout sans être accompagnée par l’un des propriétaire ou cavalier, en réalité, elle sait que ce n’est pas franchement autorisé, mais elle se motive en se disant qu’au pire, elle jouera les naïves. A la suite d’une hésitation maitrisée, elle pénètre à l’endroit où les chevaux patientent, l’habitacle est vite sondé ; Personne. Alors elle s’avance un peu plus, son regard s’attardant sur la beauté de certaines bêtes, cependant elle ne s’arrête que devant le box d’un hongre qui retient un peu plus son attention.

Elle reste quelques secondes stoïque, la respiration apaisée, amadoue l’animal sans même réellement l’approcher. Avant d’incliner le visage et oser tendre en sa direction la douceur de sa main. Elle chuchote un « Tu ne crains rien… » au moment où elle pose sa paume afin de caresser son crin. Elle ne pourrait dire combien de temps s’écoule dans cette étrange bulle de fin d’été, mais si elle retire ses empreintes du cheval, ce n’est que parce qu’elle sursaute d’entendre un chambardement derrière elle. A l’évidence, son instant de paix est terminé, et elle grimace au moment de se retourner vers l’origine de ce fait.

Le temps s’était égrené différemment dès l’instant où elle avait posé sa paume sur la bête, et l’intrusion qu’elle subit la dérange, pour être honnête. La fin du calme, le début de la tempête. Alors qu’elle était là pour la fuir, loin de la foule, c’était largement ici, qu’elle préférait être. A la vérité, elle aime être cet entre-deux, jongler entre la fille vivant dans un monde doré mais à la fois, qui crève d’envie de l’abandonner. C’est bien pour cela, que ses projets d’avenir lui conviennent autant, n’est-ce pas ? Que malgré le mélange de ses sentiments, elle n’hésite pas, le plus souvent. Mais jetant une œillade à celui qui vient d’arriver, elle l’accueille en silence, de prime abord, forte de son caractère patient. « Non non. » Fronce les sourcils sans comprendre la négation. « C'est moi aujourd'hui. » C’est lui qui… quoi ?

Elle l’observe, toujours de biais, poser l’équipement, et s’en revenir à elle, afin de compléter son idée. « J'sais pas ce qu'on t'a dit mais t'es venue pour rien. » Avalant sa salive plutôt que de parler, encore une fois, elle caresse le vieil animal avant de s’en revenir à toi. Elle se détourne complètement du cheval afin de faire – enfin – face à celui qui vient de gâcher son moment de calme. Les paupières un tantinet plissées, le temps de le détailler. A son allure, elle devine sans mal qu’il est un habitué. Un joueur peut-être même, pour ce qu’elle en sait. Un soupir s’échappe de ses lèvres qui se transforme en un semblant de sourire, à la suite de son appréciation, ne sachant pas réellement sur quoi fonder, pour le moment, son opinion.

Son regard jongle un ou deux coups entre lui et l’équidé, et parce qu’elle se sent accusée d’une chose qu’elle n’a pas fait. Elle s’embarque dans un gentillet jeu de rôle. « Pourtant, on m’avait dit que si je le voulais, je pourrais le monter. » Un mensonge qu’il pourrait rapidement démanteler, surtout si lui, est doué. Parce qu’il n’y a qu’à la regarder. Elle, sa robe, ses escarpins, même si elle se montre posée et assurée lorsqu’à l’inconnu, elle s’adresse, il ne lui faudrait que quelques secondes en réalité, pour prendre conscience de sa maladresse.

Bien sûr qu’il n’y a aucune once d'honnêteté dans ses dires, qu’elle n’a pas du tout envie de monter sur le cheval, simplement une volonté de déstabiliser celui qui vient de s’adresser à elle sans une once de civilité. Et aussi parce que par son intrusion, la brume a enveloppé son havre de paix. Parce qu’il reste de marbre, immobile comme un parfait épouvantail, elle n’ajoute rien et se mure dans une attitude toute aussi stoïcienne que la sienne. Peut-être qu’elle aurait dû profiter du temps de pause afin d’aller profiter de la douceur d’un sorbet plutôt que de se retrouver ici, face à la mauvaise humeur d’un étranger. « Non. Tu veux pas, » Mais c’est là où tu te trompes, car tu vois, depuis cette nuit-là, elle ne laisse plus le droit aux hommes de décider pour elle, n’est-ce pas ?

Alors la brune plisse ses paupières tandis qu’elle le défit de ses prunelles couleur cannelle. « Même pas en rêve, » il poursuit sur sa lancée, forçant Miya à soupirer. « j’ai bossé dur, » Et elle n’est pas là pour remettre en cause son acharnement. Elle ne le connaît pas, et elle n’est pas très inspirée par le fait d’apprendre à le faire, c’est définitif, elle n’aime pas ses manières. Pourtant, elle est bien loin d’être une sorcière. Cela dit, elle est d'accord pour le confesser, qu’elle a imaginé l’espace d’une seconde, lorsqu’il a prononcé, « Excuses-moi, tu m’gênes. » avoir imaginé, faire bouillir ses testicules dans un chaudron. Et de la force de son calme olympien, la jeune femme lui répond, « En revanche, tu n’as pas bossé sur la civilité. » N’en déplaise à son interlocuteur, mais elle ne fait qu’énoncer, une simple vérité. Cela dit, une fois sa parole articulée, elle se décale sur le côté, revenant poser son regard sur la bête âgée. Presque attristée de savoir que cette dernière va être aujourd’hui forcé de galoper.