sables mouvants (tommy)

Errance nocturne, l'humeur dans les abysses. Tu avais pris connaissance de l'article de Veritas en attendant à l'hôpital que Cassie se fasse recoudre suite à la blessure qu'elle s'est faite pendant votre cours de cuisine. Ce qui devait être une bonne soirée pour vos deux mois ensemble avait tourné au cauchemar. Tu n'avais pas compris pourquoi elle était autant en colère, tu avais coupé ton téléphone afin d'être tranquille. La tranquillité avait été de courte durée, les notifications étaient tombées et t'avaient laissé sans voix. Les bleus que Cassie avait eus au visage étaient revenus sur le tapis et Veritas t'accusait d'en être l'auteur. Pendant tout ton temps d'attente tu avais ruminé, sentant la colère enfler en toi de minute en minute. Tu n'avais pas dit un mot quand Cassie avait fini ses soins, pas plus que tu avais décoché un mot sur le trajet du retour. Tu n'avais pas envie de rentrer chez toi, et te retrouver à broyer du noir. Tu pensais pouvoir t'en sortir, goûter à un peu de bonheur mais il semblerait que tout était éphémère, avec toi, tes démons finissaient par te rattraper, à croire que tu portais malheur. Tu ne savais pas depuis combien de temps tu marchais dans l'obscurité, les lieux te semblaient familiers, tu n'étais sans doute pas loin de chez toi mais de cela tu n'en étais pas certain. Tu ne savais pas de quoi tu avais besoin, si tu voulais être seul ou bien avoir un peu de compagnie. Tu passais devant plusieurs bars sans pour autant t'arrêter, incapable de prendre une décision. Peut-être que tu étais mieux tout seul finalement, tu faisais partie de ceux qu'il valait mieux éviter pour que tu n'entraînes personne dans ta lente agonie. Tu songeas en l'espace d'un instant que tu avais cours demain, que tu ferais mieux de ne pas trop tarder à te coucher pour espérer te reposer plusieurs heures, sous peine d'avoir la gueule en vrac en cours demain mais c'était sans compter tes insomnies. Tu étais bien trop épiné pour pouvoir espérer fermer l'œil alors tu marchais. Au bout d'un moment tu ressentis le froid, aussi tu te décidas à rentrer dans le premier bar venu. Tu avais besoin d'un verre. Boire pour oublier n'allait régler en rien les problèmes de fond mais faute de mieux...Tu te posas au bar, rejoignant les piliers de bar habituels qui ne firent pas attention à toi. Tu commandas un verre et tu attendais que ça se passe, ton téléphone éteint dans le fond de ta poche, tu voulais juste disparaître pendant quelques heures.

Tommy s’assit lourdement sur le tabouret du bar, le poids de la journée pesant sur ses épaules. Ses pensées tournaient en boucle, comme une spirale sans fin. Les images de sa dernière mission revenaient en boucle. Des jours étaient mieux que d’autres. Mais pas ce soir. Ce soir, il arrivait pas à se calmer et oublier. Il serra la mâchoire, sentant la colère et la tristesse monter en lui, cette sensation étouffante qu'il ne pouvait contrôler. Le verre qu’on lui posa devant lui ne l’intéressait même pas vraiment. Il le fixa un instant, contemplant le liquide ambré comme s'il pouvait y trouver une réponse. Mais rien. Il savait que l’alcool ne ferait que brouiller les frontières, qu’il ne ferait qu’enterrer les vérités qu’il tentait désespérément d’ignorer. Pourtant, à ce moment-là, il s'en foutait. Il attrapa son verre et en but une longue gorgée, sentant l'alcool brûler sa gorge, un réconfort temporaire, trompeur. Tommy se sentait piégé. Il avait cru que tout allait mieux, qu'il avait droit à une pause, à un peu de bonheur avec Eline. Mais non, la vie semblait toujours trouver une façon de lui rappeler qu'il ne pouvait pas échapper à ses démons. Son passé, ses erreurs, tout était à nouveau dans ses pensées. Il n'avait jamais voulu tous les tuer… Jamais. Perdu dans ses pensées, il s’adossa contre le comptoir, ses yeux parcourant distraitement la pièce. Personne ne semblait le remarquer, et c’était peut-être mieux ainsi. Il voulait juste être invisible, au moins pour quelques heures. La solitude, bien que pesante, était peut-être la seule chose qui lui allait vraiment. Jusqu’à ce qu’il vit ce petit jeune arriver. C’était pas sa place ici. Il le voyait à sa tête. Et pourtant, quelque chose était sombre en lui. Son regard. Surement le même que le sien. Un regard sombre, perdu, vide. Il le stoppa de la main. « C’est pas ta place ici. Allez dégage. » Puis il lui fit un signe de la tête pour lui montrer le chemin de la sortie. Il voyait en lui un potentiel.

@Landon Fabre-Spencer

L'éventualité de faire une mauvaise rencontre ne t'avait même pas effleuré l'esprit. Tu t'étais laissé porter par tes déambulations nocturnes sans te soucier de la destination, sans regarder si les rues étaient en réalité des coupe-gorges ou les troquets du coin d'infâmes trous à rats. Tu n'avais pas davantage étudié la populace qui y traînait, tu t'étais contenter d'aller chercher le verre tant convoité. Tu fouillas dans tes poches dans l'intention de glisser quelques pièces au barman non sans avoir l'impression que tu étais en train de faire les fonds de tiroirs tant tu étais fauché, à sec alors que ce n'était pas encore la fin du mois. Tu avais parfois des rentrées d'argent, selon les événements et autres conventions où tu étais convié en tant que magicien, mais en tant qu'intermittent du spectacle tes revenus n'étaient pas fixés, loin de là puisque tu étais surtout dans le creux de la vague en attendant des jours meilleurs. Il faut croire que tu avais mis trop de temps pour commander puisque avant même que tu puisses payer un autre type t'interpella. Sans te démonter pour autant tu toisais de haut en bas l'inconnu qui t'avait dit d'être dégager. "Pardon?" Tu dis alors d'un ton sec, parce que tu n'avais pas besoin qu'un gars random vienne te prendre la tête, pas ce soir. "À moins que vous étiez en train d'attendre et que je vous suis passé devant par inadvertance, j'ai le droit d'être ici." Le barman, de l'autre côté du comptoir commençait à s'impatienter et attendait toujours ton paiement. Tu glissas finalement plusieurs pièces pour t'acquitter de ta dette puis sans faire l'aumône d'un regard à l'autre gars, tu pris ton verre et tu t'éloignas pour te poser sur un siège libre, montrant par là que tu n'avais certainement pas l'intention de bouger de là.

Son visage, ombragé par la lumière tamisée, exprimait une irritation palpable. Il paraissait hésiter, une tension flottant dans l'air comme un fil tendu. « J’imagine que t’es nouveau ici, hein ? » lâcha-t-il d’un ton détaché, sans le quitter des yeux. « Ou alors tu t’es juste perdu. » Il s’avança légèrement, comme pour bien marquer son territoire. « C’est pas une question d’avoir le droit ou non, » répondit-il en faisant rouler les mots, sa voix grave résonnant dans la salle. « C’est que t’as pas la tête à être ici, tu vois. » Il le fixait toujours, prêt à bondir à la moindre étincelle. Le silence qui suivit était lourd. Un défi silencieux entre les deux hommes. Finalement, Tommy lâcha un grognement.

@Landon Fabre-Spencer