Here we meet again || ((ft Ellie))

Il y a un moment qu’il n’était pas venu traîner de ce côté-ci de la ville Chelsea, un moment qu’il n’avait pas arpenté ces rues. Trois ou quatre mois faciles, si ce n’était plus. Il faut dire que depuis son retour du Summer Camp, il avait du mal à retrouver certains de ses repères, son quotidien. Tellement de choses avaient été bouleversées en deux mois de temps, tellement de choses en si peu de temps. Mais comme toujours, il allait retrouver ses repères l’écossais, se réadapter à tous ses changements, à cette nouvelle vie car même s’il n’aimait pas cela, il en était capable. Plus fort et déterminé qu’il ne voulait bien le voir.

Dans l’une de ces rues, il passe devant la devanture d'un bar, se remémore la dernière fois qu’il y est rentré. L’air était bien plus froid, la nuit bien plus entamé également. Il se souvient de la vague de chaleur qu’il a ressenti en passant la porte, mais aussi de toute cette soirée passée à l'intérieur, dans un premier temps, puis chez une inconnue. Quelque chose qui ne lui ressemble pas, qui n’est pas vraiment ancré dans ses habitudes, mais encore une fois, il avait su s’adapter l’étudiant. Il repense à cette inconnue, à elle et se demande ce qu’elle a bien pu devenir pendant ces huit derniers mois. Travaillait-elle toujours dans ce bar ? Il n’en savait rien Chelsea, trop gêné le lendemain pour penser à demander un numéro avant de partir, pour garder le contact, pour oser remettre les pieds ici. Lui, le gamin. Le voyait-elle toujours ainsi après la nuit qu’ils avaient passé ensemble ? Se souviendrait-elle de lui ? Rien n’est moins sûr, mais il n’y avait qu’une seule façon de le savoir.

Lorsqu’il passe la porte, il n’est pas surpris de voir que l’ambiance n’a pas vraiment changé, qu’il fait toujours tâche en ces lieux l’étudiants, au milieu des pompiers, des policiers, et autres hommes à la carrure plus imposante que la sienne. Mais il ne se laisse pas démonter, tout comme la première fois. Après tout, il avait le droit d’être ici. Comme tous les autres. Et rapidement, il obtient la réponse qu’il était venu chercher, l’aperçoit derrière le bar. Ellie. Cette fois, pas de détour vers une table, c’est directement qu’il se dirige vers le bar, léger sourire sur les lèvres. Pose ses bras sur le comptoir, s’installe directement face à la belle. « Salut Ellie ! »

Il n’en a pas eu beaucoup des histoires comme celles ci Chelsea, sans lendemain, sans contact régulier. Il n’est pas vraiment de ceux qui arrivent à être intime avec un.e inconnu.e sans avoir auparavant posé tout un tas de questions sur la personne, sans avoir avant cela eu au moins deux ou trois dates comme ça, pour faire simplement connaissance. Pas spécialement timide, mais un réel besoin d’être rassuré sur la suite des événements, d’être certain qu’il ne va pas encore s’embourber dans une situation qui le dépassera plus rapidement qu’il l’imagine. Ellie, elle est cette exception dans ses habitudes, cette inconnue avec qui il s’est laissé tenter, prenant un risque sans trop le mesurer. Une nuit avant qu’elle ne disparaisse, aussi rapidement qu’elle était apparue dans la vie du Allistair.

Pourtant, il y avait souvent pensé, à cette nuit, à elle. S’était demandé s’il était préférable de laisser les choses ainsi ou s’il serait plus correct de sa part de prendre des nouvelles. Plusieurs jours à y penser, un peu trop longtemps, trop pour que ça semble naturel. Finalement, l’idée était tombée dans l'oubli, la volonté aussi. Pointe de regret accompagnant son geste - ou non geste plutôt - suffisamment marquée pour qu’il ne fasse pas deux fois la même erreur. Alors la porte, il la pousse, la salle, il la traverse pour se diriger jusqu’au bar derrière lequel se trouve la belle qu’il salue avec le sourire. Un sourire qui se ternit alors qu’elle semble peiner à se souvenir de lui. Ca le pique un peu dans son ego le Allistair, même s’il se sait loin d’être inoubliable, un peu trop premier degré parfois. Tout comme quand elle souligne avec précision le temps passé. Un calcul que lui n’avait pas fait mais qui, soudainement, se révèle très pertinent. « Non… » Qu’il confesse avec une pointe de panique, se relevant pour se pencher par-dessus le bar, comme s’il cherchait à l’enjamber pour simplement voir le ventre de la barmaid. Plutôt plat pour quelqu’un sur le point d’accoucher. A moins que… Ce soit déjà trop tard ? « Non hein ? » Qu’il demande la voix tremblante, à l’idée d’avoir vraiment pû mettre la jeune femme enceinte.

La panique sur le visage du Allistair est réelle, autant que celle qui gagne du terrain à l’intérieur de lui. Il refuse de croire qu’il ait commis cette erreur, refuse de croire qu’il ait pû mettre Ellie - ou n’importe qui d’autre - enceinte. Il avait toujours été prudent sur ce genre de choses, Nevan ayant toujours bien insisté sur l’importance de se protéger, en toutes circonstances. Et surtout, il n’était pas prêt à assumer la responsabilité de la parentalité. Il était trop jeune pour cela, trop instable, trop immature. Il avait déjà du mal à l’idée d’assumer ses responsabilités auprès de Zephyr et son fils, ne pouvant ignorer qu’il serait malgré lui une sorte de figure paternelle si leur relation devait durer. Alors si en plus il avait un autre enfant, à lui… Son visage devient un peu plus livide alors que la brune ne nie pas l’existence d’un bébé, justifie même sa silhouette par une naissance prématurée. Il est à deux doigts de s’évanouir alors Chelsea, abasourdi, choqué par la nouvelle. Quelques secondes d’étourdissement avant que la jeune femme rétablisse la vérité, surement consciente de la crédulité de l’étudiant.

L’air s’engouffre à nouveau dans les poumons du jeune Allistair que relache un peu sa prise sur le bois du comptoir. Il n’était vraiment pas passé loin du malaise, réellement choqué par cette possible nouvelle. « C’est vraiment pas drôle, et pas sympa de ta part ! J’y ais cru ! » Un peu trop facilement d’ailleurs, sans surprise avec lui. Son visage se renfrogne alors qu’il reprend peu à peu ses couleurs. « J’étais juste venu voir si tu travaillais encore ici, prendre de tes nouvelles mais si j’avais su j’aurais tracé ma route ! Vous devriez pas avoir le droit de faire ce genre de blagues, vous savez pas quel effet ça fait ! » D’apprendre du jour au lendemain que l’on est parent. Parfois avec des mois, ou des années de retard. Enfin, l’essentiel était qu’il ne l’est pas finalement.