PUMPKIN SPICE LATTE | TATEE

Septembre est arrivé, le retour à l’université, les adieux aux vacances, à l’été, un sentiment qui lui plait autant qu’il la rend encline à la mélancolie, la Haiwee. Il n’y a qu’une seule et unique chose qui la met en joie en cette période, c’est la petite expérience qu’ils ont décidé d’entendre Sheng et elle, cette aventure de presque vie commune… Mais malgré le baume que cela pose sur son cœur, elle décide de traîner un petit peu une fois ses cours terminés, désireuse de se plonger dans l’ambiance presque automnale en allant se chercher une de ces pumpkin spice latte, cliché à souhait.

Alors au détour d’une rue, à la recherche du starbuck où elle adore aller, dans la vitrine de ce dernier, c’est la silhouette de Tate qu’elle reconnait, penché sur des feuilles, à l’évidence occupé, même absorbé par ce qu’il fait. Le jeune homme, c’est grâce à la Adams qu’elle le connait, alors parce qu’elle les considère comme sa famille, ces bleus avec qui elle a vécu plusieurs mois, ceux qu’elle culpabilise de potentiellement quitter… Elle se décide à entrer et à défaut d’aller commander derechef son café, se glisse à proximité. La curiosité sur les bords de son sourire, lorsqu’elle lui souffle, « Ca a l’air passionnant. » et elle le prononce on ne peut plus sérieusement. Autrement dit, de lire, elle en brûle d’envie.

A la suite des paroles de la brune, Tate ferme en vitesse et d’un mouvement surtout sec, l’écran de son ordinateur, accusant sa propre surprise d’avoir été pris sur le fait. Haiwee en sursaute presque, et se fond finalement dans un doux sourire lorsqu’il vient lui dire… " tu m'as fait peur. " c’était loin d’être son but, alors elle craque un léger rictus désolé, " j'aurais pu renverser mon café sur mon pc. " inutile qu’il lui précise le drame que cela aurait été. Même si Haiwee n’est pas encore vraiment encline à passer sa vie sur les outils technologiques, elle a conscience d’à quel point ils sont importants pour certains. Et en ce qui concerne l’Adams présent ici, elle sait que l’objet contient ses récits.

Alors il prend la peine de décaler sa tasse de café, avant de lui préciser, " interdit de le lire avant qu'il soit fini, " une moue se glisse à nouveau sur le visage d’Haiwee, l’envie de lui souffler que ce n’est pas très gentil, " je veux vraiment qu'il soit parfait. " en revanche, ça, elle ne peut pas le lui reprocher, elle aussi, elle met tout son cœur dans ce qu’elle fait ; De fait, elle ne peut que comprendre, bien que ça ne l’empêche pas de s’asseoir face à toi. « Allez… juste pour moi. » elle commence à négocier, usant de son sourire le plus innocent afin de débuter son plaidoyer. « Rien qu’un petit extrait. » Leur amitié comme argument premier. Passionnée d’imaginaire, d’aventure, de réalité romancée, c’était presque logique qu’elle adore ce que Tatum parvient à créer. « T’as beaucoup avancé ? » Peut-être qu’il a passé son été plongé dans cette réalité, que la fin est proche, que son histoire arrive à son apogée… Il y a, en tous cas, dans l’amérindienne, beaucoup trop de curiosité.

Bien évidemment, l’amérindienne ne le forcera jamais, s’il accepte de la laisser lire les mots qu’il a couché sur le papier, ce ne sera que lorsqu’il sera prêt. Son travail, elle veut plus que tout le respecter. Et puis, elle sait être patiente, plus que la majorité. " n'essaie pas, ce sera non. " Pas maintenant alors, elle garde pour plus tard les négociations. Elle hoche le visage par la positive, jusqu’à ce qu’il ne se remette à parler, et que ses sourcils viennent naturellement se froncer. " j'ai eu une panne d'écriture pendant les vacances mais ça revient. " elle est désolée pour lui, mais d’un côté, elle ne peut que constater que la page blanche semble se remplir, ici. " assieds-toi, tu as le temps de boire un petit café avec moi, non ? " L’hésitation, elle ne lui prend que quelques secondes, et elle accueille avec entrain son invitation.
La brune se glisse sur la chaise face à lui, accrochant son sac à cette dernière, puis revient poser son regard sur son ami, « Raconte, c’était des vacances de folies ? » pour pouvoir justifier le fait de ne pas écrire, de ne pas y arriver. Peut-être qu’il était simplement trop occupé à profiter. Et de ses doigts, elle attrape une carte de l’endroit, prête à commander une boisson qu’elle n’a jamais goûté. Haiwee, toujours partante pour la nouveauté.

Les lignes de la carte des boissons, elle ne les lit pas, même si elle a ouvert le dépliant, elle se contente d’écouter ce que Tate a à lui raconter, ses vacances en particulier, " j'étais au nouveau mexique, chez mes parents. " elle approuve d’un mouvement de tête, elle aussi avait eu envie de rentrer un petit peu avant de s’envoler pour le Summer camp. " j'ai revu des connaissances, j'ai trainé à droite et à gauche. mais écrire... " Dans ses explications, son malaise, elle le ressent, ça la force à arquer ses lèvres, tout doucement, comme pour l’inviter à continuer de s’expliquer. Sauf qu’il n’ose pas et se contente de retourner, l’interrogation à Haiwee. " bref, et toi, t'as été au summer camp ? " C’est le bref dans son début de phrase qui lui confirme que la bas, c’était délicat. « Fidèle au poste, depuis trois ans. » Ca passe tellement vite, le temps. « On a récolté pas mal d’argent, » et ça, elle le dit fièrement. Parce qu’elle n’en démord pas, ils ont tout donné pour ça. Et puis… elle ose, « T’as le droit d’avoir du mal à écrire, tu sais… » ici, chez ses parents, ailleurs, elle est convaincue – parce qu’elle a déjà lu – que c’est ancré en lui, et que c’est toujours que ça reviendra, « Je suis certaine que les plus grands écrivains ont aussi été victime de la page blanche. » Et ça n’a pas empêché Shakespeare de devenir Shakespeare. Alors ce passage à vide, il ne définit pas l’écrivain qu’il est. L’amérindienne sait que ça va aller.

C’est un euphémisme que de dire qu’ils ont simplement récolté « pas mal » d’argent. Cent trente mille dollars, ce n’est pas simplement pas mal, c’est plus que ça, et elle le sait bien, ça représente plusieurs personnes qui pourront être aidées. " trop bien, c'est pour quelle association ? " un sourire est toujours présent sur les lèvres de l’amérindienne tandis qu’elle explique, « La clinique Rylon, c’est une clinique qui aide surtout les familles dans le besoin. » encore, c’est la fierté qui teinte le ton de sa voix. A croire que même après quelques jours à Boston, elle ne réalise toujours pas qu’ils aient réussi à accomplir ça.

La conversation se poursuit sur le thème de son écriture et de cette panne qu’il a rencontré, " je sais, ce n'est pas la première fois que ça m'arrive. " elle s’en doute bien, même elle parfois ne sait plus quoi écrire pour le journal, même si ce n’est pas vraiment comparable, "j'attends l'hiver, le froid, cette ambiance, ça me donne une pique de motivation bizarrement. " et ça, par contre, elle peut totalement le comprendre. Elle a beau adorer l’été, c’est l’automne et l’hiver qui restent ses saisons préférées. « C’est le côté rassurant d’être lové dans le canapé alors que les températures commencent à tomber. » elle assure en hochant la tête positivement, " t'as choisi ce que tu prenais ? " elle s’en revient à la boisson, et décide donc, « Autant rester dans le thème, » celui de l’ambiance automnale, « celui avec le potiron là. » qu’elle tente d’apprendre à apprécier. « Toi ? » peut-être qu’elle regrette déjà son choix.