unholy ─ Bibimes

Spoiler:

Cela aurait pu arriver des centaines de fois. James est prudente dans ce qu’elle consomme, veille à ne jamais prendre de substance d’une personne qu’elle ne connaît pas mais une fois les drogues et l’alcool mélangés, c’est tout simplement de l’inconscience que de se dire qu’elle est capable de surveiller ce qu’il se passe autour d’elle. Mais elle l’est, inconsciente et elle confond la chance avec la prudence, avec la preuve qu’elle sait maîtriser ce qu’il se passe autour d’elle. Elle ne peut même pas dire que c’est parce qu’elle veille à se mettre la tête à l’envers en terrain conquis, qu’avec des gens qu’elle connaît et avec qui elle se sent en sécurité car c’est faux. James traîne essentiellement avec des gens de son milieu social, c’est sans doute la seule vérité qui pourrait la préserver si elle était naïve, mais James ne l’est pas : elle sait pertinemment que ce n’est pas de traîner dans un milieu social ou un autre qui fait qu’elle est en sécurité quand les fous peuvent bien se trouver partout. Ce soir, la chance tourne et elle ne voit évidemment rien venir. Il est cute et elle s’ennuie, alors elle le laisse lui offrir un verre et lui parler de quelque chose à quoi elle ne prête pas vraiment attention. Un sourire sur le visage, elle observe son visage, ne se concentre pas sur ses mains et ne voit donc pas ce qu’il glisse dans son verre. S’il savait qu’il n’aurait sûrement même pas besoin de ça… James ne cherche pas plus loin, prend une gorgée de son verre et attrape sa main pour l’emmener sur la piste de danse. Si sa conversation n’est pas plus intéressante que ça, autant tout faire pour l'éviter, la soirée passera sans doute plus rapidement sur le dancefloor.
Elle le voit, l’attirer à elle et embrasser son cou, mais tout est flou et tout tourne. James est habituée à se mettre la tête à l’envers, mais cette sensation qui s’empare de son corps, elle ne l’a jamais ressentie. Toute force semble avoir quitté son corps, comme si elle était incapable de se maîtriser. Ses sourcils se froncent, du moins elle essaie et lorsqu’il lui propose de sortir quelques instants, elle ne peut qu’acquiescer même si quelque chose en elle lui crie que c’est un mauvais choix. Trop tard, elle n’arrive pas à formuler l’inverse, ni même à résister aux pas qu’il lui fait peur et si elle est mi-consciente mi-inconsciente, une part d’elle a peur comme elle n’a jamais eu peur jusqu’ici. Elle essaie de le repousser mais ses bras sont mous. Elle n’abandonne pas mais quand la silhouette est propulsée un peu plus loin, elle se demande où elle a trouvé cette force ne se rendant pas compte tout de suite qu’elle n’est pas à l’origine de ce mouvement. Elle tente de se relever mais échoue, lamentablement avant d’essayer de se concentrer sur la voix qu’elle entend. Tout est flou. “Dur.” finit-elle par réussir à articuler, elle l’entend mais par instant, devant lutter comme jamais pour essayer de rester consciente. James s’appuie sur la jeune femme pour se relever et tourne la tête vers elle pour voir si elles se connaissent à nouveau mais elle n’arrive pas à stabiliser l’image qui se dessine devant elle - ni ses jambes, d’ailleurs. “Merci… je crois.” Pas qu’elle aurait préféré rester avec le jeune homme mais elle n’est pas tout à fait certaine de ce qui vient de se dérouler, ni qu’elle en aura le moindre souvenir le lendemain.

Sorcière comme elle est, Bibi ne veut pour autant pas être de ceux dont l'indifférence cause la chute d'un innocent. Elle venge, empoisonne, jette des sorts et maudit les traîtres et les criminels, purgeant la Terre de ces mécréants, mais elle ne peut pas tout le temps détourner le regard. Au contraire. Plus que jamais, ses yeux surveillent. Alors quand elle aide la victime à se relever, Bibi ne s'attend pas vraiment à des réponses claires ou à beaucoup d'aide ─ dans un tel état, autant ne s'attendre à rien d'elle. Sortant le téléphone d'une main, elle titube tant bien que mal hors de l'allée avec la fille contre elle, et appelle un service pour qu'une voiture vienne au plus vite les chercher et les ramène chez elle. L'hôpital ? Pas la peine, elle aura tout ce dont elle a besoin chez elle. Tiens le coup... Évite de t'évanouir s'il te plait... Elle grimace un peu sous l'effort pour tenir sa protégée du moment contre elle, et tourne légèrement la tête en entendant un grognement en fond, dans son dos. L'homme est toujours au sol, dans le mal, à peine visible dans la pénombre. Allez... on file. souffle-t-elle en s'éloignant davantage.
Une voiture finit par s'arrêter à proximité, et Bibi parvient à faire rentrer la blonde sur les sièges arrière, avant que la voiture ne s'éloigne. Aucune question ne fut posée, certainement parce que deux femmes rentrant de soirée avec l'une d'elle mal en point n'est pas une chose si rare ─ tristement. La main sur le front de la blonde, Bibi s'assure qu'elle ne va pas plus mal que les minutes d'avant. Puis le temps s'accélère un peu. Elles arrivent à un point nommé, lorsque la voiture s'arrête ; le conducteur vient aider Bibi à sortir la blonde du véhicule, et les deux femmes partent en direction d'une résidence dans laquelle elles s'engagent. L'ascenseur monte, une porte s'ouvre ; et le moelleux d'un lit rencontre le dos de la droguée qui peut s'y étaler de tout son long. Quant à Bibi, elle s'affaire ; eau, couverture, nourriture. Tout est préparé pour que la jeune femme, une fois en meilleure état, trouve du réconfort dans des choses simples.