[1] whiskey sour (minji)

tws: dettes

Le Lazy Coyote, 15 Septembre, 22:05

Seulement vingt-deux heures, mais déjà, la salle est bien remplie. Un fin sourire se dessine sur ses lèvres, alors qu'il s'autorise une seconde, un instant, pour profiter de la vue: une foule de gens. Les samedis ont beau être réputés pour savoir encourager les gens à sortir de chez eux, il serait prêt à parier sa main que le bar n'avait jamais vu autant de clients, pas même avant qu'il ne l'ait racheté. Et si Joe n'est pas dupe; s'il a bien conscience qu'une bonne soirée ne suffira pas à le tirer de la merde dans laquelle il s'était plongé lorsqu'il avait eu la « merveilleuse » idée de racheter ce bar en 2019, il s'autorise, un instant, à espérer qu'il pourra un jour voir la lumière au bout de ce charmant tunnel nommé « endettement » dans lequel il s'était précipité quatre années plus tôt.

Le seul point négatif de cette affluence de clients? Le barman est seul à assurer les commandes ce soir. Il avait convaincu April de rentrer chez eux, une heure plus tôt, lorsque la soirée semblait encore calme, persuadé qu'il pourrait facilement assurer la gestion du comptoir seul. À présent, voilà qu'il regrette cette décision hâtive.

C'est alors que tu l'interpelles pour passer ta commande.

#rplibre #libre

Brebis égarées, voilà ce que sont bon nombre d'étudiants depuis la rentrée avec l'annonce de la nouvelle doyenne d'Harvard sur les maisons. Évidemment tu ne t'inclus pas dans le lot, tu n'es pas de ceux qui vivent par et pour ta confrérie, mais tu compatis tout de même à la peine et la colère de tes camarades Pforzheimer. Et en ce samedi soir où plusieurs d'entre eux se seraient d'ordinaire réunis au sein de la maison pour y faire la fête, il a fallu trouver une alternative pour vous réunir. Le nom d'un bar jeté au milieu d'une conversation de groupe meets et voilà plusieurs dizaines de dorés entre quatre murs. Quatre murs qui visiblement ne s'attendaient pas à un tel afflux de clients. Cela fait bien dix bonnes minutes que tu attends au comptoir pour commander et ton agacement commence à se manifester, surtout lorsque tu constates qu'une personne arrivée après toi se fait servir avant toi. Décidée à ne plus patienter sagement, tu interpelles l'un des employés. Une piña colada et deux mojitos s'il vous plaît.

Une piña colada et deux mojitos, s'il vous plait.

Il te regarde à peine, focalisé sur les recettes qu'il se doit de remémorer, notamment pour les consommations les plus classiques telles que celles que tu viens de lui commander. Une part de lui te bénit silencieusement pour avoir choisi des boissons faciles à confectionner. « Une piña colada et deux mojitos, coming right up! » affirme-t-il avec diligence, avant de rassembler ses ingrédients. « Il te faudra autre chose avec ça ou ce sera tout pour le moment? » demande-t-il en commençant à verser le jus d'ananas dans son shaker.

Ta patience a ses limites, et heureusement pour lui que le serveur auquel tu t'es adressé ne t'a pas ignorée. C'est la première fois que tu mets les pieds dans ce bar et il ne manque pas grand chose pour que ce soit la dernière, malgré l'ambiance générale plutôt sympathique qui y règne. C'est tout pour le moment merci. réponds-tu à sa question. Tu ne peux guère emporter plus de verres avec toi sans risquer de tout faire tomber. Ceci dit, si vous vous trouvez deux barmans de plus pour faire le service, ce ne sera pas de trop. Je ne sais pas si c'est l'un de vos collègues qui est tombé malade à la dernière minute ou si c'est le patron qui ne sait juste pas gérer ses effectifs mais bon courage à vous. Encouragements teintés d'une critique acerbe que tu ne peux retenir, peu habituée à la lenteur du service client.

Ce sera tout, pour la mademoiselle, à priori. Ça te facilite la tâche, à laquelle tu t'attèles avec diligence. La colada terminée, tu passes à la préparation des mojitos lorsque la jeune femme reprend la parole pour... T'insulter? Ou tout du moins, insulter la rapidité de ton service. « Je... Pardon? » Reposant le récipient sur le comptoir d'un geste légèrement trop abrupt, tu plantes ton regard dans celui de la demoiselle. « C'est moi, l'patron. » T'aurais probablement mieux fait de fermer ta gueule, mais t'as le sang bien trop chaud pour pouvoir te permettre tant de contrôle et de retenue. Tu verses alors la piña colada dans un verre, sans quitter son regard, avant de la glisser vers elle. « Une piña colada ... » souffles-tu, attrapant ensuite les deux autres verres qu'elle avait commandé. « Et deux mojitos. » Ton intonation, froide et glaciale, communique suffisamment de choses pour que tu n'aies pas besoin d'en rajouter une couche. Et pourtant, ça reste plus fort que toi: tu as besoin d'avoir le dernier mot. « C'est pas un McDo, ici, mademoiselle. »