TRAVIS & CORNELIA

TRAVIS & CORNELA

►You're not alone

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J'avais fuit, littéralement fuit la chambre d'hôtel. Je m'y sentais bien, les filles étaient agréables mais la solitude me manquait. Et j'avais terriblement envie de boire, comme si je voulais faire ressortir ma vraie nature, sans inhibition, juste redevenir la fille bizarre qui faisait peur à tout le monde. La vie sociale que j'étais en train de construire me faisait peur et je noyais ça dans de la tequila.

J'en étais à mon quatrième verre, la tête me tournait et j'avais des fourmis au bout des doigts. Accoudée seule au bar, je jetais un regard dans la salle sans chercher quelque chose en particulier. Sans faire attention à ce que je faisais, je posais mon regard sur un type dans un coin de la salle. Il était beau. Pas beau dans le sens "oula, j'en ferais bien mon quatre heure!", plutôt beau dans le sens objectivement beau. Brun. Tatoué, percé, un look de malade sans en faire trop. Il m'intriguait.

Je l'avais fixé trop longtemps ou trop fort, j'en savais rien, mais il leva les yeux dans ma direction. Je plongeais immédiatement le regard au fond de mon verre de téquila.

Faites qu'il ne vienne pas me parler, faites qu'il ne vienne pas me parler, faites qu'il ne vienne pas me parler!

Malheureusement, c'était sans compter sur ma chance de nullarde et je vis le dans le coin des yeux se lever et s'avancer vers moi. J'étais beaucoup trop bourrée.

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FICHE BY LAVENDER J. TREVENA

Ca faisait trop longtemps que Travis s’était retenu de boire. On ne refoulait pas sa nature comme ça. L’ambiance des mathers lui manquait ; les soirées à n’en plus finir, tout ça, avec le summer camp, c’était fini. D’accord, c’était les vacances, la fête, mais rien n’équivalait à ce que pouvait proposer les mathers. Tout ça lui semblait fade. Il ne connaissait personne dans son équipe principalement composé d’Eliot qui se prenait déjà la tête après une seule journée à la plage, alors autant dire que ça ne promettait pas d’être bien glorieux.

Alors qu’il était installé seul à une table, après avoir papoté avec une jeune femme qui finalement ne l’intéressait pas tant que ça, et qu’il avait rerempli son verre une ou deux fois, il sentit un regard posé sur lui. Vous savez, ce pressentiment, qui vous prévient que quelqu’un vous observe ? Il leva alors les yeux, qui croisèrent ceux d’une jeune femme un peu plus loin, qui détourna immédiatement son regard au fond de son verre. Elle était jolie, et ne semblait pas tout à fait comme les autres filles en robe courte qui se trémoussaient dans le bar comme un appel au viol.

Il se leva, se dirigeant vers elle, qui semblait ne plus lui porter attention. Sans vraiment demander la permission, il se joignit à la jeune femme.
« Hey, ça te prends souvent, de buguer sur les gens comme ça ? »
Toujours aussi subtil pour saluer les gens, dis donc.

TRAVIS & CORNELA

►You're not alone

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« Hey, ça te prends souvent, de buguer sur les gens comme ça ? »

J'avais vraiment pas joué la carte la discrétion apparemment.
Je levais les yeux vers lui et accrochais son regard. Il avait les pupilles dilatées, il devait avoir bu un verre de trop, comme moi... J'avais le coeur qui battait à mille kilomètres heure, ça m'était jamais arrivé. Généralement, je considérais les mecs comme une manière de subvenir à mes besoins primaires. Je jouais un rôle le temps d'en accaparer un, je faisais la meuf facile et je finissais dans son lit. Ce genre de relation avec le sexe opposé me convenait parfaitement, je n'en voulais pas plus et j'avais aucune raison d'avoir des fourmis dans l'estomac comme maintenant...

Il attendait une réponse et je ne savais pas laquelle lui donner. J'avais pas envie de jouer un rôle avec lui, il m'inspirait confiance avec son air de mec pas net.

"Non. Disons que je te trouve intéressant, un peu comme un requin au milieu d'un aquarium de poissons clowns."

Il me regarda en haussant les sourcils, mi-surpris, mi-dédaigneux.
Je voulais pas uniquement finir dans son lit sans savoir son prénom comme je le faisais avec les autres. Je me fichais de lui plaire physiquement, je voulais juste qu'il me trouve sympa telle que j'étais.

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FICHE BY LAVENDER J. TREVENA

S’il avait les pupilles dilatées, ce n’était surement pas que de la faute de l’alcool. S’il dealait, il prenait également beaucoup de substances, et ne cherchait généralement pas à le cacher. Bon d’accord, le bleu qu’il avait dans le creux du bras n’était pas très discret, mais avec la chemise qu’il portait ce soir, bien qu’il en eut remontée les manches, ne le laissait pas voir. Tout ça pour dire, qu’il était surement passé par la case piqure avant de se rendre ici. Ca n’entravait pas trop son comportement, trop l’habitude depuis des années, il avait de l’entrainement.
Il eut un sourire amusé à la réponse de l’intéressée.
"Non. Disons que je te trouve intéressant, un peu comme un requin au milieu d'un aquarium de poissons clowns."
Il avisa les personnes qui les entouraient, avant de lui répondre. Poissons clowns, c’étaient plutôt bien choisi, quand même.
« J’crois qu’un requin aurait déjà essayé d’en croquer quelques uns.»
Dit-il, en reconcentrant ses yeux d’un bleu clair sur la jeune femme. N’empêche que ca réponse lui avait plu. Il aimait bien, les gens un peu différent, qui ne répondait pas des choses entendu milles fois, et qui aurait nié ce qu’il avait avancé plus tôt. Toute façon, avec Travis, fallait soit lui tenir tête, soit être imprévisible pour qu’il ne vous ignore pas. Bon, sauf pour une nuit, là, à part lui plaire physiquement, il ne fallait pas grand-chose, à part partir le lendemain.

TRAVIS & CORNELA

►You're not alone

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« J’crois qu’un requin aurait déjà essayé d’en croquer quelques uns.»


J'étouffais en vain un éclat de rire. Je le voyais bien se lancer sur les idiots qui se trémoussaient sur la piste de danse, toutes dents dehors.

« C'est pas moi que ça dérangerait, vide, ce bar serait beaucoup plus chouette... J'ai envie d'une cigarette, tu m'accompagnes si je t'en offre une? »


Je finissais cul sec mon verre de tequila et attrapais mon sac sans attendre sa réponse. Je sautais du tabouret et me retrouvais face à lui. Je levais la tête dans sa direction et sentais aussitôt les effets de l'alcool et de sa présence transformer mes jambes en marshmallow.
Je vacillais légèrement et baissait les yeux sur son torse. Il était vraiment musclé... Le genre de musculature d'un mec qui fait du karaté ou de l'escalade, un corps sec et étonnamment maigre. Un petit éclair de lucidité traversa mon esprit quand j'aperçus le pli de son coude, légèrement bleuté.

Bizarrement, ça ne me fit ni chaud ni froid. J'avais moi même mes secrets et il était hors de question de lancer un sujet sur ses activités.

Je faisais quelques pas et me retournait en souriant :

"Tu viens ? On sort d'ici, c'est nul."

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FICHE BY LAVENDER J. TREVENA

« C'est pas moi que ça dérangerait, vide, ce bar serait beaucoup plus chouette... J'ai envie d'une cigarette, tu m'accompagnes si je t'en offre une? »
Un bar vide, ce n’en était plus vraiment un. Si on voulait être seul, valait mieux s’acheter une bouteille, se caler comme un porc dans un coin tranquille, et se miner en solo. Mais en même temps, il comprenait son idée. Autant il y avait des bars intéressant, autant celui-ci était un bordel de vacanciers avide de trouver quelqu’un. Ca se voyait aux regards qui trainaient, aux fesses qui se déhanchaient, et aux hommes qui buvaient pour se donner du courage. C’était presque risible quand on voyait tout ca de l’extérieur.
Sans même attendre de réponse, elle se leva. Il fit de même, la dépassant du haut de son mètre quatre-vingt dix.
« Ca se refuse pas ! »
D’accord il en avait, mais si elle avait besoin, il lui en donnerait aussi. Travis n’avait jamais été pingre sur tout ce qui concernait ce qui se fumait. Que ce soit l’herbe ou les clopes, il dépannait tout aussi bien. La jeune femme vacilla quelques peu, et il arcqua un sourcil. Il était pas seul à avoir bu, c’était sur. Elle baissa les yeux sur lui, mais il ne le remarqua qu’à peine.
"Tu viens ? On sort d'ici, c'est nul."
« Ca dépend, j’ai le droit à un nom, ou bien ? »
Oui parce qu’avec tout ça, il n’en savait pas plus sur son identité. Et ce serait toujours mieux que de la héler. Néammoins, il la suivit avec un sourire un coin. Pour un bar de Floride, il s’était attendu à mieux, tout de même.

TRAVIS & CORNELA

►You're not alone

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« Ca dépend, j’ai le droit à un nom, ou bien ? »

Ah oui, les présentations d'usages... Il était impossible d'y échapper, évidemment. Je déteste cette étape dans les nouvelles rencontres parce que ça finit généralement en conversations inutiles. On s'attarde sur les études, l'âge, les activités extra scolaires et le tour d'horizon des connaissances en commun et du "Oh bah moi aussi je la connais, c'est la cousine germaine par alliance de la soeur de mon meilleur pote!"... Génial.

J'étais sûre que Travis était pas conventionnel, il fallait juste que je lui montre que moi non plus.

Mais son prénom, ça serait bien quand même. Histoire de mettre un nom à la seule personne intéressante de l'unique soirée dans les alentours... Niveau beuverie, il allait falloir que j'aille chercher ailleurs que dans le coin.

Je pris une grande respiration et balançait d'une traite et très vite :

« Je m'appelle Cornélia, je suis d'Harvard, quatrième année d'architecture, 22 ans, célibataire, je vis seule. Le prends pas méchamment, je dis juste ça pour qu'on soit débarrassés. Et toi?"

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FICHE BY LAVENDER J. TREVENA

« Je m'appelle Cornélia, je suis d'Harvard, quatrième année d'architecture, 22 ans, célibataire, je vis seule. Le prends pas méchamment, je dis juste ça pour qu'on soit débarrassés. Et toi?"
A part le prénom des gens, généralement, il n’en demandait pas plus. Parce que sinon, il devait aussi répondre aussi à ses banalités. Et il aurait dit quoi ? « Travis, dealer et voleur depuis des années, 4ème année de psychologie & sport, célibataire mais à un lit déjà bien utilisé » ? Non, ca le faisait pas trop. Non qu’il avait honte de ce qu’il était, mais que personne n’avait besoin de savoir, et peu en connaissait plus sur lui que son prénom. Et les services qu’il offrait, pour certains. Avec une moue faussement impressionné, il lui répondit.
« J’en demandais pas tant, mais ravi de le savoir. Travis, pour ma part.»
Il sourit, et sorti dehors. Lorsqu’elle sortit son paquet, il lui en prit une, puisqu’elle avait gentiment proposé, et au lieu de la fumer purement et simplement, il s’accroupit, roula un joint avec dexterité, avant de se relever, de le porter à sa bouche, et de l’allumer. Une épaisse fumée odorante s’échappa lentement de son nez et de sa bouche. Voila, il en avait bien besoin, de l’alcool, et de la fumette, c’était tout ce qu’il lui fallait.

TRAVIS & CORNELA

►You're not alone

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« J’en demandais pas tant, mais ravi de le savoir. Travis, pour ma part. »

J'avais encore fait une bourde. C'était tellement difficile d'essayer de ne pas jouer un rôle que j'en jouait un malgré moi et que je passais forcément pour une idiote... Crotte.

"Ah euh... eh bien, enchantée alors..."


J'attrapais une cigarette dans mon paquet et le tendais à Travis qui en sortie une également. Pendant que j'allumais la mienne, je le regardais du coin de l'oeil s'affairer à rouler un joint avec tout son talent. Il avait l'habitude, j'avais pas rêvé.
En vérité, je m'en fichais pas mal, je fumais énormément à une certaine époque et à vrai dire, la façon dont les gens menaient leur vie ne m'intéressait pas vraiment. J'avais plaisir à croire qu'on était libres de nos mouvements.

J'en étais à la moitié de ma cigarette et une petite lueur dans le coin de l'oeil m'indiqua que mon voisin venait d'allumer l'objet du délit. La tête me tournait toujours, j'avais les mains moites et je commençais à me demander si changer mes habitudes était toujours une bonne idée...
Sans me rendre compte que je parlais à voix haute, j'expirais bruyamment en chuchotant :


"C'est beaucoup plus compliqué que ça en a l'air une vie sociale..."

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FICHE BY LAVENDER J. TREVENA

"Ah euh... eh bien, enchantée alors..."
C’était pas une bourde qu’elle avait fait, enfin, ca avait au moins le mérite d’avoir amusé le jeune homme, non ?
Il avait allumé son joint, qu’elle avait déjà fumé la moitié de sa cigarette. Rapide, dis donc. Mais à la foi, il se rendit compte qu’elle ne semblait pas au top de sa forme. Mais il le garda pour lui ; chacun ses petits secrets, après tout, elle n’avait rien dit en le voyant rouler, alors il lui rendait la pareille.
Elle expira alors bruyamment, et il tourna la tête vers elle, tandis qu’elle parlait, tout en expirant sa fumée.
"C'est beaucoup plus compliqué que ça en a l'air une vie sociale..."
« Si on s’prend la tête, surement.»
Il n’avait jamais rien vu de compliqué la dedans. Peut être parce que justement, lui, ne se prenait jamais la tete,  il laissait les choses se faire, ne réfléchissait pas vraiment avant d’agir ou de parler, c’était tellement plus facile de vivre comme ca !