ONE SHOT FOR MY PAIN | FOSNETT

Le problème lorsqu’on quitte un endroit, ou plutôt, lorsqu’on revient quelque part, c’est que la vie, elle, elle ne s’est pas mise sur pause. Elle ne vous a pas attendu. Non, elle a simplement continué. Et vous tout ce que vous pouvez faire, c’est tenter de vous adapter. De faire au mieux. De faire semblant. Vous dire que ce n’est pas grave, qu’après tout, rien n’est important.

Mais vos collègues ne sont plus que des anciennes connaissances, vos amis vous reconsidèrent avec méfiance. Vous n’êtes plus que celle qui a été. Fut un temps. Avant. Plus maintenant. Tout est pareil mais tout a changé. Et moi je ne sais plus sur quel pied danser.
Et dans ce bar où j’étais une habituée, je le réalise encore plus. Parce que la serveuse est nouvelle. Parce que je ne la connais pas. Parce que je suis venue seule après ma garde. Que la carte des cocktails n’est plus la même. Et que je me sens tellement paumée que je me retrouve à demander à l’un des clients accoudés. « Vous me conseillez de prendre quoi ? » Sachant que je recherche quelque chose qui aurait le goût de chez moi bien que je ne sois plus certaine de savoir quelle saveur s’amalgame à ce goût-là. Cela dit quand mes yeux accrochent les siens, je ressens cet effet, celui de déjà vu, qui me murmure avec délicatesse, qu’après tout, Taylor, tout n’est peut-être pas perdu.