PEOPLE ARE STRANGE | FOSTELL

Elles reviennent vite, les habitudes. Je n’aurais pas cru. J’aurais pensé que j’allais avoir du mal à m’y remettre. A me replonger dans le bain. Je croyais même que j’allais me tromper une ou deux fois de chemin. Que j’en remettrai en doute mes choix. Que j’en viendrai à me dire que ce n’est pas ici, chez moi. Mais c’est tout le contraire, n’est-ce pas ? Le MGH, je le connais par cœur, sur le bout de mes doigts. Chaque pièce, chaque salle, c’est dans mon âme, qu’il est gravé, cet hôpital.

Mais parce que tout ne peut pas être rose – autrement dit je ne peux pas opérer tout le temps – parce que lorsqu’on est chirurgien, on est avant tout médecin… Même si ce n’est pas mon activité préférée, aujourd’hui, je m’occupe des vaccins. Et malgré cette activité qui n’est pas 6des plus stimulantes, je craque un sourire lorsque je passe, sur mon dos, la blouse blanche. Ca aussi, c’est une habitude que j’ai rapidement récupérée ; apprécier d’y voir mon nom brodé. Dr. Foster T. Mon égo flatté.

Dans la salle de consultation, je patiente pour voir débarquer le prochain, qu’on se le dise, si j’avais su avant que j’allais devoir m’occuper d’une campagne de vaccination pour tous les flics et autre du coin, j’aurais peut-être un peu plus rechigné avant d’accepter. Non pas que je n’ai pas de respect pour les métiers de la sécurité, j’avoue sans mal que pour certains, l’humour est un trait qui laisse à désirer. Et tandis que de l’imprimante de la salle sort les informations concernant l’homme qui vient d’ouvrir la porte derrière moi, je m’arme d’un stylo, sans prendre la peine de le regarder vraiment – une œillade, juste le temps de constater qu’il est très grand – et m’entends le lui demander, automatisée, « Non, prénom et date de naissance s’il vous plaît. » dans le seul but de m’assurer que c’est la bonne personne que je vais piquer.