Je n’avais pas prévu de me retrouver au milieu d’une manifestation aujourd’hui. En sortant ce matin, l’idée était simple : acheter quelques trucs au marché, profiter d’une journée tranquille avant de replonger dans mes révisions. Mais dès que je mets un pied dehors, je sens que quelque chose cloche. Le bruit au loin m’informe rapidement que les étudiants de Harvard se sont encore rassemblés pour protester. Cette fois, c’est contre la fermeture des maisons de confrérie. Personnellement, ça ne me concerne pas. Je n’ai jamais fait partie de ce genre de cercle, et pour être honnête, je ne comprends pas vraiment pourquoi ils y tiennent autant. Pour moi, la fac est un moyen de construire ma carrière, pas un lieu pour m’investir dans des causes étudiantes. Mais voilà, je me retrouve malgré moi en plein cœur de la manifestation.
Je tente de rester en périphérie, de contourner la foule, mais elle grossit rapidement, engloutissant les trottoirs, les rues, jusqu’à ce qu’il soit presque impossible de continuer mon chemin sans être bousculé. Les slogans fusent, les pancartes se balancent au-dessus des têtes, et j’essaie de me faire le plus discret possible. Je n’aime pas les foules. Encore moins quand je n’ai pas choisi d’y être. Mes mains se crispent sur les anses de mon sac de courses, et je me dis que tout ça ne va durer qu’un moment. Je pourrais simplement attendre que ça passe, mais je sens déjà l’oppression monter.
Je me faufile entre les manifestants, cherchant une issue pour m’éloigner du centre de la scène. Malheureusement, la marée humaine est plus forte que prévu. J’esquive une pancarte qui passe près de ma tête, et c’est là que tout dérape. Je ne fais pas attention à ce qui se passe autour de moi et je bouscule quelqu’un. Mon épaule heurte légèrement celle d'une jeune femme juste à côté, et dans la seconde qui suit, je la vois basculer en arrière. Son pied glisse sur le bord du trottoir, et elle perd l’équilibre.
Le bruit de sa chute me fait réagir immédiatement. Je m’approche d’elle alors qu’elle est assise par terre, visiblement sonnée. Elle grimace et porte la main à sa cheville, qui semble douloureuse. Le stress monte en moi. Ce n’était qu’un simple accrochage, rien de volontaire, mais je me sens coupable malgré tout.
"Excuse-moi... ça va ?" Je me penche vers elle, cherchant à capter son regard pour m’assurer qu’elle va bien.
"Je suis vraiment désolé," je dis en essayant de me faire entendre malgré le vacarme
(Ian Beaumont)