fairytale of lies ; clem

Les cours enfin finis, je ne cherche pas à traîner plus longtemps que ça comme j'ai l'habitude de le faire, me dirigeant d'ores et déjà vers le parking pas loin du complexe de sciences et d'ingénierie. Je lance mon sac à l'arrière quand je suis assis dans ma voiture, et je mets le contact pour arriver le plus vite possible à mon appartement. J'ai l'air d'avoir évité la plupart du trafic puisque je prends moitié moins de temps pour arriver chez moi. Je suis même pas d'humeur à relire mes cours de la journée parce qu'à vrai dire, je redoute un peu la manière dont je peux agir avec Clémence sous le coup de la colère et de la déception. Je dois respirer un coup et me calmer avant qu'elle n'arrive. Comme si ne rien n'était, d'ailleurs, la connaissant.

L'heure arrivant bien plus vite qu'anticipé, je me bouge pour lui préparer un café frais, qui me servira autant pour lui en donner un maintenant que pour moi demain matin. Je peux pas m'empêcher de penser au fait que son ex semble être revenu dans sa vie comme un cheveu sur la soupe ; je sais qu'ils s'étaient quittés en bons termes, qu'elle n'avait aucun ressenti négatif envers lui. Ou est-ce que ça aurait pu mal tourner, au juste ? Quand ils étaient tous les deux à Monza ? Ou après ?

Je grogne, renversant du café fraîchement moulu à côté du filtre par la même occasion. Je lâche un soupir et je nettoie rapidement avec une éponge, avant de recommencer mon action. J'entends frapper à la porte. "J'arrive." Je dis, suffisamment fort pour me faire entendre. Je m'essuie les mains sur un torchon et je m'avance vers la porte pour lui ouvrir. "Salut. Tes affaires sont là. Rangées par type." Ça n'avait même pas commencé que c'était déjà tendu.


@Clémence Pastor

Toutes ces histoires, qui t’étaient tombées dessus depuis ces deux semaines compliquées, t’avaient littéralement plombé le moral, et même ton goût de vivre. Tu n’étais qu’un amas de mélancolie shooté à la caféine qui se rendait dans l’amphithéâtre de l’école de médecine chaque matin pour ne pas louper ses cours. Au fond, tu étais studieuse, et tu voulais réussir ton année. Tu te l’étais promis et tu l’avais promis à Rafael aussi. Alors tu avais passé ton après-midi à relire tes cours, revoir ton emploi du temps et organiser ton notion pour te créer un programme de révision. Concentrée, tu n’avais pas vraiment vu l’heure passer et ce n’est que lorsque ton écran de verrouillage s’éclaira sur une photo de toi et Raf que tu remarquais presque partir en retard.

Décapotant le toit de ton auto, tu avais roulé jusqu’au centre-ville, contemplant au travers du rétroviseur, ce carton méticuleusement fermé où tu avais écrit « doudou » suivit d’un petit cœur sur le côté. Les feux rouges semblaient interminables, tes doigts se serraient par moment sur le volant, stressant de ne pas réussir à avoir la moindre conversation avec l’espagnol. Encore une fois, on te tira de tes pensées par un klaxon beaucoup trop féroce a ton goût. Et maintenant garée où tu le pouvais, tu attrapas, tu attrapas le carton et montas jusque chez lui. Toquant, tu finis par entendre sa voix et ton cœur s’emballait dans un rythme effréné. Tu avais l’impression que tu allais mourir et la porte qui s’ouvrit n’était pas d’une grande aide. Un sourire timide étira tes lèvres, mais il disparut aussitôt lorsque tu constates la froideur de sa voix. Il avait tous les droits d’être en colère, mais ça te faisait mal au cœur de le voir ainsi.

— Okay… Que tu souffles, déçues qu’au final l’accueil ne soit pas plus agréable. Pas après tous ces moments passés. Pas après tout ce que vous aviez fait l’un pour l’autre. Carton pesant dans tes bras, tu le regardes perplexe, n’ayant même pas remarqué que tu n’avais pas retiré tes lunettes de repos et tu te contentes simplement d’avancer d’un pas à l’intérieur du logement. Tu déposes ses affaires au sol avant de tirer ce qui t’appartient et les charger dans tes bras. Tu entendais la machine à café, te rappelant le nombre de fois où tu avais allumé cet engin. Tes yeux se baladaient rapidement sur ses lieux que tu avais si souvent squattés et ses derniers commençaient à s’embuer, un adieu silencieux beaucoup plus compliqué que tu ne voulais l’admettre. — Je… Que tu lances d’une voix tremblante, mais tu n’arrives pas à finir ta phrase. Tu allais sûrement partir, tu n'aurais pas le cœur à quitter tout ça si tu restais encore longtemps. Pivotant pour lui faire face, tu finis par tendre ta main gauche où trônait ce saphir que tu avais tant chéri pour qu’il la récupère lui. C’était lui qui l’avait glissé sur ton annulaire, tu voulais que ce soit lui qui l’y retire. Pourtant, lorsqu’il le fit, tu ne pouvais retenir ces perles salées qui roulaient sur tes joues. — J’vais y aller, je crois… Que tu dis d’une voix encore plus frêle, tournant les talons pour retourner vers la porte d’entrée.


@Rafael Álvarez

Moi qui adore la voir sourire en temps normal, c'est bien en voyant mon expression qu'il disparaît presque aussitôt. Je n'ai pas vraiment de regret, elle s'est mise dans cette situation toute seule, elle en paye le prix. C'est normal. C'est un bon retour des choses. Je soupire et je la regarde poser mes affaires dans l'entrée, y voyant un post-it avec le surnom favori qu'elle adore me donner. J'en lâcherais presque un soupir de dégoût. Le bruit de la machine à café est bien la seule à remplir le silence pesant qui règne entre nous, pendant qu'elle s'affaire à sortir son carton de l'appartement. Elle qui commençait à parler, elle s'interrompt et tourne les talons. "Clémence. La bague." J'aurais presque pu avoir de la peine, mais non. Ce n'est que de la colère qui m'envahit, parce qu'elle s'est bien foutue de moi alors qu'elle savait que j'étais prêt à tout lui donner pour être digne de son amour. Elle tend sa main et je perds presque patience ; elle pouvait très bien le faire toute seule. Pourtant, je viens retirer ladite bague en ne la touchant même pas, juste pour la faire glisser, qu'elle revienne dans les mains de son propriétaire.

Je soupire, la regardant faire son mouvement. "T'as encore le temps de t'expliquer. Sauf si tu veux que je finisse par te détester." Au moins, c'était clair et net. "Il y a du café frais, tu peux te poser dans le canapé et m'expliquer pourquoi t'as agi comme ça, et je pourrais peut-être envisager de ne pas t'en vouloir. C'est maintenant ou jamais." Je lui rouvre la porte en grand, lui désignant d'une main le salon. Je la laisse rentrer à nouveau, et je ferme derrière elle, me dirigeant vers la cuisine par la suite pour lui servir une tasse de café. Je sors une bière sans alcool de mon frigo pour moi, et je viens la retrouver pour qu'on aie enfin cette pseudo discussion qui fâche. "Tu sais quand même que j'avais confiance en toi, en te laissant partir avec ton ex à Monza ? Que je me disais que t'étais suffisamment de confiance pour pas que tu retombes dans ses bras ? Je sais que t'as jamais été en froid avec lui, mais je pensais pas que t'allais en arriver à là." Je n'ose même pas la regarder, décapsulant plutôt ma bière grâce à la languette qui était apposée dessus. "Et t'as tout intérêt à être honnête, je me doute qu'il n'y a pas qu'un seul putain de bisou dans cette histoire."


@Clémence Pastor

Cette sensation étrange qui te parcourt le corps. C’était la première fois que tu la ressentais en sa compagnie. Tu avais l’impression de percevoir son aura, et ses pensées tellement négatives à ton égard que ça t’en donnait mal au cœur. T’avais chaud, t’avais froid et ton cœur ne savait plus trop sur quel pied danser. Tu tournais les talons pour te diriger vers la sortie lorsque sa voix rauque se fit entendre dans un Français plutôt sec. Tu te figes sur place avant de déglutir quand tu compris qu’il voulait te confronter sur tes faits et gestes. Un soupir franc se fit entendre alors. T’avais pas tellement le choix en fait, parce que c’était soit ça, soit il te détesterait pour toujours et ça te crèverait clairement le cœur si c’était le cas. Les épaules qui s’affaissaient, tu finis par poser le carton au sol avant de revenir dans le logement. En temps normal, tu aurais sûrement ouvert le frigo sans lui demander pour lui piquer une brique de jus, tu te serais calé sur le canapé avant de poser ta tête sur ses cuisses et de regarder une vidéo YouTube. Mais là, tu te contentas simplement de te diriger vers le sofa, essuyant tes yeux du revers de la main après avoir constaté que tes lunettes étaient toujours là. T’étais mal à l’aise ici, mais tu le laissais partir dans la cuisine. T’espérais presque qu’il revienne bien avec cette tasse de café et un couteau, bien que tu savais que la violence n’était pas dans ses façons d’agir.

Te saisissant finalement du café, tu te contentes simplement de souffler doucement dessus pour le refroidir un peu, avant de sentir de canapé s’enfoncer un peu quand il vient de s’asseoir à côté de toi. Tes doigts serrent le récipient chaud un peu plus fortement avant d’inspirer profondément. T’aimais pas qu’on suppose des choses sur toi quand ce n’était pas la réalité, mais c’était Rafael… Tu ne voulais pas partir au quart de tour et devenir mauvaise avec lui quand tu savais ce qu’il avait vécu avec Silvia par le passé. — Arrête de croire que j’t’ai trompé de la sorte.Que tu sors avant de poser la tasse sur la table basse, sans en toucher le contenu. — j’suis pas allé à Monza avec Gabriel avec une raison en tête. Et encore moins quand je suis heureuse dans mon couple. J’voulais juste passer un moment sympa au circuit avec un ami. Ex ou pas, il reste mon ami. T’allais sûrement pas le retirer de ta vie, d’autant plus quand il semblait avoir besoin de ton soutien. Ta relation avec lui était compliquée et ça ne s’était sûrement pas arrangé en Italie. Tu aperçois les lèvres de Rafael bouger et tu lèves ton index dans sa direction. — Ah non, tu me laisses parler. S’il te plait… Après, tu pourras dire ce que tu veux. Que tu lui somme.

— j’te l’ai déjà dit, il m’a embrassé et j’avoue que ma seule erreur c’est pas de l’avoir repoussé à ce moment-là. Mais y a rien eut de plus qu’un baiser parce qu’il une morale et que j’en ai une. Tu ramènes tes pieds que tu avais déchaussés rapidement sur le sofa, te redressant et pivotant légèrement pour être dans sa direction. — J’te balance pas non plus que je t’aime toujours autant qu’au début sans le penser… Ça serait mentir a tout le monde même à moi. Sauf que ce baiser a fait remonter des sentiments que je pensais enfouit et c’est le foutoir complet dans ma tête depuis. Tu marques une pause rapide, reprenant la tasse que tu portes à tes lèvres. Il avait encore ce goût délicieux et sucré comme tu l’aimais. Et c’était peut-être la dernière fois que tu pouvais le goûter. Même cette tasse que tu avais utilisée ci souvent allait te manquer. Tu sentais à nouveau les larmes te monter aux yeux. — j’ai pas envie que tu souffres Raf… Parce que je t’aime beaucoup trop pour oser t’embrasser et sûrement penser à lui malgré moi. J’arrive pas à réfléchir en ce moment, j’ai juste l’impression d’être la pire des personnes sur cette planète. J’en dors pas, j’fais même de la merde et j’pense à faire des choses pas très sympas me concernant parce qu’au fond, peut-être que tout serait plus simple si je n'existais pas... Et t’y avais pensé toutes ces journées de cours. Même là alors que tes lèvres prenaient un goût de sel désagréable, tu te disais encore que si tu allais dans les abysses, tu n’emmerderais plus personne et t’aurais encore moins a supporter cette tension qui te tordait le cœur.


@Rafael Álvarez

S'il n'y avait pas cette sensation de tension dans l'air, on pourrait presque croire tous les deux que ce n'est en vérité qu'une soirée banale entre nous comme on a pu le faire par le passé. Juste nos boissons favorites, la télé en fond en restant collés l'un à l'autre. C'était sûrement du passé, à présent, parce qu'il n'y a pas grand-chose qui pourrait nous faire revenir à ça. Je me terre dans un silence en l'écoutant parler, essayant de démêler le vrai du faux dans ce qu'elle peut dire ; même si une partie de moi-même me hurle d'accepter ses excuses pour que tout revienne comme avant. Cette fois, je ne vais pas laisser mon cœur parler comme je sais si bien le faire, je vais avant tout laisser ma raison s'exprimer pour éviter de souffrir plus que ça. J'ai suffisamment subi par le passé, accepté des choses sous prétexte que j'étais amoureux alors que ce n'était plus vraiment le cas. Ce qu'elle me dit là, c'est comme si je lui balançais du jour au lendemain que je recommençais à voir Silvia parce que j'ai toujours des sentiments "enfouis", comme elle le dit si bien. Silvia, c'était mon premier vrai amour, celle avec qui j'ai partagé le plus de choses dans ma vie, la première personne à m'avoir véritablement aimé ; et ce, même si ça s'est mal terminé entre nous. "S'il avait vraiment une morale, il ne t'aurait jamais embrassé. Si une seule once de ce que tu dis est vrai, tu m'aurais jamais caché tout ça. Pas jusqu'à maintenant. Pas à ce point." Parce que même si on était un couple, on était avant tout meilleurs amis. Elle l'a sûrement oublié en route.

Je veux pas que tu souffres... Ironique. C'est bien ce qu'elle fait depuis un peu plus d'une semaine, maintenant. Je n'affiche juste pas ce masque là en ce moment. Peut-être plus tard. Tout seul. Avec un peu d'alcool, que je m'offre rarement. J'avais mal, suffisamment mal pour me remettre en question tout seul, savoir si j'étais suffisamment bien pour elle. Ou si c'était mieux que je disparaisse pour qu'elle trouve quelqu'un qui l'aime vraiment. "Je sais. Je suis au courant, pour l'ecstasy. Je vais rien dire sur ça, on a déjà suffisamment de choses à aborder." Ce serait bien de lui dire d'où est-ce que je tiens ça, d'ailleurs. "J'en ai parlé avec Gabriel. Lui comme moi, on s'est demandés ce qu'il se passe dans ta petite tête pour que tu agisses comme ça. Mais en t'écoutant, c'est devenu clair." Je prends un instant pour me boire une lampée de bière. J'allais bien en avoir besoin, pour lui dire ce que j'avais sur le cœur depuis quelques jours. "J'y pensais tout à l'heure. Je crois bien que t'as oublié quelque chose nous concernant. Ton amour, j'en doute pas - ou alors un peu. Mais tu sais ce qui nous unit à la base, j'ai bien l'impression que tes sentiments pour moi t'ont aveuglée à un point que t'as oublié qu'on était meilleurs amis." Est-ce qu'elle se souvient seulement du rôle des meilleurs amis ? Se dire les choses. Pas hésiter à le faire. Se supporter, l'un l'autre, même dans des moments difficiles. Se foutre de la gueule de l'autre parce qu'il s'est foutu la honte devant son crush. Demander pourquoi tu parles encore par sms avec cet ex que t'étais sensé avoir bloqué. Juste suffisamment avoir confiance en cette personne pour n'avoir aucun secret.

"Arrête de penser que t'es la méchante de l'histoire. Je peux paraître rude, mais c'est parce que j'ai besoin de savoir pourquoi. Depuis tout à l'heure, c'est pas mon cœur qui parle. Sinon tu serais déjà pardonnée." Nouvelle gorgée d'alcool, je tourne le regard vers la baie vitrée de mon appartement pour observer la ville. Elle était vive et active, tout l'inverse de cette pièce où le froid s'installait parce qu'il n'y avait aucun mouvement. "J'écoute ma raison. Et ma raison me demande de te détester. Mais, naturellement, j'y arrive pas. Je peux pas. Même si j'y mettais toute ma force, ce serait impossible que je réussisse à le faire." Tout serait bien plus simple si je n'étais pas aussi sentimental. Bien plus facile à dire qu'à faire, parce que depuis tout à l'heure, rien qu'en la voyant dans cet état, je n'ai qu'une envie ; la prendre dans mes bras et lui dire que tout ira bien, pour le mieux, et que c'était juste une mauvaise passe qui était probablement bientôt finie. Que tout reviendra comme avant. "On s'est mit en break jeudi dernier. Et là, en début de semaine, tu me dis que c'est mieux qu'on arrête. Pourquoi ? Pourquoi comme ça, d'un coup ?" Pour la première fois depuis qu'elle est arrivée, je pose mon regard sur elle. Je la vois pleurer. J'ai cette sensation désagréable qui me prend aux tripes, qui me serre le thorax. Je dois me mordre la lèvre pour faire taire mes propres émotions. Alors que je suis comme elle ; j'ai une sale envie de chialer et d'évacuer tout ça pour de bon. "T'as foutu quoi, avec Gabe ? Si ce n'était qu'un baiser accidentel, tu serais pas dans un état pareil." Parce que je la connais suffisamment pour lire en elle comme un livre ouvert. Ses émotions n'ont aucun secret pour moi, parce qu'on a passé tellement de temps ensemble ces dernières années.


@Clémence Pastor

Tu hausses les épaules doucement à ses paroles. Il avait raison sur certains points effectivement, mais cela ne voulait en aucun cas dire que vous n’aviez aucune morale ou que vous mentiez sur ce qui s’était passé à Monza. Tu l’écoutes attentivement avant que tu ne finisses par essayer les larmes qui commençaient à assécher tes joues. Long soupir un peu plus soulagé, tu finis par parler. — je ne crois pas que tu aurais été ravi que je te dise en revenant de Milan que mon ex m’a embrassé… Tu tortilles tes doigts les uns avec les autres, ne sachant trop que dire ou que faire. Tu le laisses déblatérer ses ressentis parce qu’il avait tous les droits de se plaindre et de te faire comprendre les choses. Tu ne relèves en aucun cas ta consommation de drogue, tu serrais simplement les dents, ne voulais pas cracher ton énervement sur Rafael. Tu n'étais pas violente et tu ne le serais jamais, tu ne voulais pas devenir comme Silvia et lui faire vivre la misère. Tu étais assez mature pour lui faire comprendre indirectement que tu allais rester dans ton coin, jusqu’à ce que cette discussion se termine. Tu ne tenterais aucun contact envers lui puisque visiblement, il avait l’air dégoûté par ta personne.

Tu reprends en main cette tasse qui se tiédit doucement entre tes doigts, portant a tes lèvres ce liquide foncé qui te laissa échapper un soupir d’aise. Pourtant, lorsqu’il évoquait votre relation amicale au passé, tu pouvais ressentir une pointe douloureuse dans ta poitrine. Est-ce que pour lui, il avait tiré un trait sur tout ce qui faisait vous ? Ou est-ce qu’il évoquait ça simplement comme votre statut initial ? — Parce que, si je t’avais dit que Gabriel m’avait embrassé… Est-ce que tu aurais passé l’éponge dessus ? Tu es mon meilleur ami Raf, et même avec ce statut, je ne suis pas certaine que les choses seraient restées comme avant après ces révélations. Tu bois une nouvelle gorgée avant de reposer la tasse où elle était précédemment, faisant attention à ce qu’elle ne tache pas le meuble. Puis tu laisses tes yeux se balader un peu partout, s’arrêtant sur la fenêtre du salon. Le temps était très agréable et dégagé. En temps normal, tu lui aurais sûrement proposé d’aller se balader dehors, au bord de la rivière, main dans la main et sûrement vous arrêter pour boire un café dans une petite échoppe. Mais t’étais là, coincée sur ce canapé à devoir te justifier encore et toujours sur les événements passés.

À chaque fois que tu penses te sentir mieux, tu finissais par laisser échapper quelques larmes malgré toi. Te te redresse alors pour attraper un mouchoir dans la boite qui se trouvait là. C’était pour toi qu’il en avait mis là, parce que tu étais émotive et qu’il savait que tu pleurais souvent devant les films… T’essayes de contenir tes émotions, mais dès que tu croises son regard, tu es submergée par tout ça. — J’t’ai dis qu’on avait rien fait Raf… Et tu n’allais pas répéter un million de fois la mêle chose, même si effectivement, des choses resteraient dans ton jardin secret. Pour ce qui concerne l’Italie, il ne s’était rien passé et ton discours ne changerait pas. — je t’aime et j’ai pas envie qu’on se sépare en soit. Mais j’arrive plus à réfléchir depuis ce baiser. Parce que je l’aime aussi… Et j’veux faire de mal à personne. Je ne sais pas où en est mon cœur, j’ai juste besoin de ne pas avoir constamment les pensées divisées entre vous deux. Tu ne sais pas vraiment s'il pourrait te comprendre, mais tu espérais qu’il ait un minimum de maturité pour se dire que tu faisais tout ça pour ne pas le faire souffrir. Tu avais même évoqué avec ton frère vouloir consulter quelqu’un pour tenter que tu évites de te noyer dans tes émotions. Humidifiant tes lippes, tu finis par enfoncer ton dos dans le canapé. T’aurais aimé que les choses soient plus simples. Et pourtant, tes yeux se posèrent sur ton annulaire maintenant vide de cette pierre bleuté qui l’avait embelli depuis la mi-juillet. — Tu peux lui demander directement s'il s’est passé quelque chose entre nous si ça peut te rassurer. Mais il ne te dira pas qu’il y a eu quelque chose juste pour te faire plaisir ou te faire entendre raison. Et certes même si à Milan, vous étiez au bord de faire quelque chose, vous n’aviez rien à vous reprocher puisqu’il n’y avait rien à redire. Tu n’allais pas inventer une fausse coucherie juste pour que Rafael satisfasse son imagination. — J’aimerais que les choses soient plus simple Raf… Mais j’veux juste que tu comprennes que mes sentiments pour toi sont inchangés. Et que… si un jour, tu veux bien me pardonner, j’aimerai vraiment qu’on reprenne tout depuis le début… Le tout début. En attendant, j’en demande peut-être trop, mais je n'ai pas envie de te perdre… J’aimerais que tu restes dans ma vie, au moins en tant qu’ami et qu’on réapprenne doucement ensemble.


@Rafael Álvarez

Je dois presque me retenir de m'énerver parce qu'elle n'a pas l'air de comprendre ce que je cherche à lui dire. Elle réussit pas à aligner deux plus deux, à réfléchir sur ce que je ressens vraiment. Elle réussit pas à remarquer que je suis complètement dingue d'elle, et que même s'il y avait eu une tromperie, peu importe sa nature, je l'aurais pardonnée. Elle ne me regarde même pas, alors que mes yeux sont ceux qui sont le plus révélateurs sur la situation. Elle a juste peur de n'apercevoir que de la haine et de la colère. C'est peut-être ce qu'elle entend au travers de ma voix, mais j'ai toujours été un petit garçon qui ne voulait que de l'amour ; qui ne rêve que d'une belle vie bien rangée ; d'une femme belle, intelligente, à en faire tourner tous les regards. Juste d'une vie tellement plus simple...

Je lâche un soupir, prenant une nouvelle longue gorgée de bière pour ravaler toutes ces émotions qui ne cherchent qu'à sortir. Je l'écoute en silence, cherchant mes mots pendant quelques secondes par la suite. "Je me souviens que vous vous êtes quittés en bons termes, et on avait tous les deux longuement parlé de ça par la suite. Tu sais, je pense que c'est surtout l'avis des autres qui a influencé et plus ou moins forcé la fin de votre relation." Je baisse les yeux, prenant un instant pour bien choisir mes mots. "Vous avez juste jamais cessé de vous aimer. Et si tu te tenais tant à sortir avec moi, c'était pour tenter de passer l'éponge sur le passé. T'as jamais réussi." Et, en un sens, c'est comme ça qu'elle s'est jouée de mes sentiments. Est-ce que je peux lui en vouloir ? Pas vraiment. J'étais pareil avec Silvia. J'avais besoin d'amour pour oublier tout ce que j'avais vécu avec elle ; que ce soit les bons comme les mauvais moments.

Je pose mon regard sur sa tasse de café noir, dans le mug qu'elle préférait utiliser ici. C'était un geste machinal quand je l'ai sortie. On se débarrasse pas aussi facilement des habitudes. "Alors on peut reprendre depuis le début. Juste en tant qu'amis. Tu m'as connu quand j'étais en détresse émotionnelle, c'est à mon tour de t'aider, en tant qu'ami. Pas en tant qu'ex." Parce que j'ai clairement appris à comprendre les émotions des autres, également les miennes ; grâce à elle. "Tu veux que je commande un takeout, et on discute de ça, tranquillement ? Promis, plus de reproches."


@Clémence Pastor

Tu comprendrais totalement les réactions de Rafael s'il te disait des atrocités, s'il haussait carrément le ton. Il en avait tous les droits après tout, il avait besoin de réponses et tu ne lui en donnais pas vraiment. Enfin, tu ne voulais pas avouer certaines choses pour éviter de le blesser plus qu’il ne devait l’être déjà. Tu avais un cœur et ça te ferait mal de le savoir dans le mal le plus profond par ta faute alors, il y avait des choses qu’il valait mieux taire. Tasse de café en main, tu laisses tes ongles par moment tapoter le récipient comme si tu essayais de te détendre et contenir les émotions par dizaines qui te pousseraient peut-être à dire et faire de choses dont tu n’avais pas envie. Puis tu l’écoutes à nouveau, cette fois-ci pour qu’il te parle de cette relation passée avec Gabriel qui s’était terminée un peu abruptement, sûrement comme il le disait, encouragée par nos entourages mutuels, mais tu n’étais pas vraiment alerte pour te ressasser en détail tout ce qui s’était passé après le Spring Break et savoir si quelqu’un avait forcé cette rupture. Pour toi, ça s’était fait d’un accord commun, mais en même temps, tu avais assez mal vécu les semaines suivantes et sûrement tenté d’oublier en jouant les femmes fortes et irrésistibles. Ton compte Meetsme recevant à longueur de journée des centaines de notifications de mecs qui voulaient clairement profiter de toi. À ce moment-là, t’en avais besoin, mais ça ne t’avais jamais vraiment fait oublier Gabe. Et Rafael avait été dans ta vie, beaucoup plus proche que tu ne l’espérais puis, tu avais sûrement soigné ton chagrin en sa compagnie. Tu ne l’avais pas utilisé, ça, tu en étais certaine, mais cette proximité accrue avait probablement biaisé tes sentiments pour lui. Non, tu ne dirais pas que tu ne l’aimais pas, bien au contraire, tu éprouvais des choses pour lui, mais, s'il n’y avait pas eu tout ça avant, peut-être que tu aurais beaucoup plus prit ton temps avec lui.

Inspiration profonde, tu ne fis aucune remarque à son petit monologue parce qu’il avait entièrement raison. Te contentant de boire ton café dans un silence de mort, tu avais fini par évoquer ton envie de le garder dans ta vie d’une manière ou d’une autre. Après tout, il était important pour toi-même s'il ne partageait plus ta vie de la manière dont il l’aurait voulu. Ou peut-être qu’il t’accorderait une autre chance plus tard qui sait… Pour le moment, tu ne te projetais pas dans la vie avec qui que ce soit, c’était beaucoup trop compliqué. Pourtant, tu ne comprenais pas vraiment ce retournement de situation. Lui, qui tenait à toi, semblait ne pas tenter de te récupérer de force comme si, il battait en retraite à l’image de Napoleon à la bataille de Leipzig… Puis tu ne put retenir un petit rire malgré toi lorsqu’il parlait de détresse émotionnelle. Ce n'était pas ton cas, Rafael avait clairement été dans une situation compliquée, toi par contre t’étais juste conne et paumée… — Je n'ai pas envie que tu m’en veuilles ou que tu penses que je n'ai pas été heureuse avec toi. C’est juste compliqué et je ne maîtrise rien du tout, ça me fait flipper. Et j’veux encore moins te perdre… Tu finis par poser ta tasse sur la table basse, pivotant alors sur le canapé pour lui faire face avant de pincer tes lèvres. Tu ne savais pas s'il accepterait, mais au fond de toi, tu savais que tu en avais besoin. Besoin d’un peu de réconfort amical. — T’accepterais alors, un câlin de ton amie ? Que tu lui demandes timidement, sans non plus lui imposer la chose s'il ne se sentait pas assez confortable pour l’instant d’avoir le moindre contact physique avec toi. — Et j’dis pas non pour manger quelque chose non plus.


@Rafael Álvarez

C'est bien le genre de paroles que je n'aurais jamais aimé prononcer, ni le genre de pensées que j'aurais voulu avoir, mais il faut bien que je me rende compte des choses ; pour l'instant, je peux tirer une croix sur l'amour. Elle n'a pas oublié son ex, et j'ai sûrement été trop aveuglé par mes sentiments à son égard pour le voir. Je me disais que c'était sûrement la seule deuxième chance qu'on pouvait se donner tous les deux, après avoir autant l'un que l'autre foutu en l'air la première. Jamais deux sans trois ? Seul le temps me le dira. Je lâche comme un long soupir pour évacuer toute cette pression qui cherche à exploser alors que ça ne sert plus à rien, et que ça n'a servi à rien en premier lieu. "Viens là." Que je lui dis, dans un souffle. Je la laisse s'approcher et je la prends dans mes bras. Ce contact doux me réconforte bien plus que je ne l'espérais, prenant mon temps pour l'apprécier avant qu'il ne reparte pour dieu sait combien de temps.

Je lâche un léger rire quand elle avoue avoir un petit creux. Je suis pareil, sur le coup. En plus de m'avoir ouvert l'appétit, ça m'a bien fatigué. "Shake Shack, comme d'habitude ?" Son favori, c'est quelque chose qui ne s'oublie pas. Je m'écarte d'elle doucement, prenant mon téléphone pour regarder dans mon historique de commande Doordash et répéter l'une des dernières qu'on a pu se faire ici. "C'est parti, l'habituel avec dessert et extras !" Comme si on allait se faire une soirée films nanars, rituel de meilleurs amis pendant qu'on était sur nos téléphones ou en train de se raconter les derniers ragots. Je crois qu'en fait, je serais incapable de me passer de son amitié. "Je vais aller prendre une douche, si ça arrive plus vite que prévu, tu connais le code de mon téléphone et les codes de l'immeuble." Parce que non, je n'avais clairement pas la foi de les changer même avec ces circonstances là.


@Clémence Pastor

Cette accolade semblait être le signe d’une sorte d’accord de paix entre vous. Tu n'avais clairement pas envie de te prendre la tête avec lui et si c’était pour cela que tu étais venue, tu préférais clairement reprendre ce carton que tu avais laissé à l’entrée de l’appartement et simplement retourner à ta voiture. T’avais assez pleuré et t’étais assez pathétique comme ça. Tu resserres doucement ton étreinte contre son corps sans pour autant ne trop t’attarder non plus, ne voulant pas embrouiller plus que cela ton esprit. Frottant doucement ta main dans son dos imposant, avant de lui confirmer que tu avais effectivement un petit creux. En même temps, il ne t’avait pas fait venir à une heure où tu aurais pu éviter d’avoir le ventre qui gargouille pour accentuer tes paroles. Il avait fini par proposer un Shake Shack comme à votre habitude et tu l’avais vu ouvrir Doordash, ce qui te fit sourire doucement. Décidément, tu te demandais pourquoi t’avais toujours pas installé cette application sur ton mobile, des fois, tu n’avais juste pas envie de refaire toutes tes commandes une par une… — Oui, t’inquiètes pas ! Prends ton temps. Que tu lui dis avant de le voir disparaître dans sa chambre, récupérant quelques affaires pour se jeter sous la douche.

Tu avais fini par glisser sur le sofa, t’allongeant sur ce dernier comme tu avais l’habitude de faire avant et le silence de l’appartement devenant pesant, tu attrapes alors la télécommande pour zapper les chaînes, mais tu ne trouvais rien à ta convenance. Allumant Netflix, tu finis par cliquer sur Selling Sunset et lancer le programme sur son profil, parce que tu y avais encore tout ton historique d’ici. Lorsqu’une notification retentit, tu te redressas pour attraper le téléphone du garçon et constater que le livreur était en bas. Pourtant tes yeux s’étaient surtout arrêtés sur ce fond d’écran où vous apparaissez encore tous les deux. Soupir léger qui s’échappe de tes lèvres, tu descendis chercher les sacs en papier, la commande étant déjà payée, tu remontes automatiquement avant de picorer quelques frites, rapidement repérées par Rafael. — Pardon ahah, c’était trop tentant. Que tu dis, fermant la porte d’un petit coup de pied avant de poser les sacs sur la table basse, constatant que ton programme tournait toujours sur la télé. — Tu peux mettre ce que tu veux, j’ai mis ça pour patienter. Parce que, pas sûre qu’il soit intéressé par des chamailleries de meufs qui vendent des maisons de luxe à Los Angeles en fait. Puis, tu sors son téléphone de tes poches et lui rend. Parce que tu avais eu besoin de confirmer la réception de la livraison.

@Rafael Álvarez