(aurea) miaou-date

Vingt heures, je finissais les derniers préparatifs en cuisine pour m'apprêter à accueillir Aurea. Les choses semblaient plus simples entre nous depuis cette journée au summer camp à galérer avec notre canoë et nos pagaies, plus détendues. Je ne savais pas vraiment au fond ce qu'elle pensait de moi, de notre relation. Si c'était sain de se revoir ainsi ou si nous repartions pour des complications. Mais au fond, je n'avais pas envie d'y penser. Jvoulais simplement profiter de sa présence parce que oui, elle me manquait. J'avais envie de passer du temps avec elle, et au détour de plusieurs sms lunaires, je m'apprêtais à lui présenter... mon chat. J'en rigolais tout seul rien que d'y penser tant c'était absurde, mais c'est peut-être ce qui nous rapprochait au fond, cette façon qu'on avait de délirer ensemble si naturellement. Comme s'il lisait dans mes pensées, mon chat sautait justement sur le plan de travail à mes côtés, réclamant des câlins. — J'espère que tu t'es fait beau mon gros dis-je avec un sourire en lui faisant des gratouilles sous le menton. Quelques coups frappés à la porte m'indiquèrent l'arrivée de la jeune femme, pétrifiant le minou. Je posais ma spatule pour aller ouvrir. — Salut dis-je avec un grand sourire en la voyant, me décalant pour la laisser entrer.

J’cherche, mais j’me souviens plus d’la dernière fois que je suis allée chez toi. Sûrement avant notre grosse dispute, avouant que tu pensais à une autre. Mais ça faisait du bien de t’retrouver. Et en c’moment, j’prend chaque moment où tout s’passe relativement bien parce j’sais jamais combien d’temps ça va durer. Reine de l’autosabotage. Prête, sans réussir à savoir si c’est trop ou pas. Dernier coup de lisseur dans les cheveux, dans l’optique de faire la rencontre… de ton chat. Excuse trouvée, qui m’a fait beaucoup rire dans nos conversations. J’embarque avec moi mon khôl pour les yeux dans mon sac à main, idée qui m’traverse l’esprit, riant déjà intérieurement d’ma connerie. Voiture qui m’amène à toi, et avant d’sortir, j’sors le crayon noir, dessinant sur mes joues les moustaches, et un rond noir sur le bout du nez. Connaissant l’étage par cœur, frappant.   « Salut ! » rentrant dans l’appartement. « ça sent suuuuuuper bon ! T’as cuisiné ? » Evidemment, on ne va pas tous manger la pâtée du chat quand même. « Alors il est où mon date ? » t’souriant, cherchant du regard le petit animal à quatre pattes.

Immédiatement je buggais sur ses moustaches dessinées avec son eyeliner ou que sais-je, avant d'éclater de rire. Elle était aussi barrée que moi ! Ca lui donnait même un petit côté enfantin très mignon, qui allait très bien avec son visage de poupée. — Ouais ! J'espère que ça sera à ton goût... même si ce n'est pas de la pâtée ajoutai-je avec un sourire en coin, toujours dans le délire. Même si ça me faisait presque bizarre après tant de semaines sans se côtoyer, j'étais content de la voir ici, chez moi... comme avant. Un peu stressé aussi en vrai. — Il a dû partir se planquer, j'tais dit c'est un peureux ! dis-je en riant, commençant à balayer l'appartement du regard pour essayer de le trouver. — Mais jvois que t'as mis toutes les chances de ton côté pour parvenir à le séduire dis-je, amusé, en désignant son maquillage. — Berlioz ? T'es où mon chat ? l'appelai-je, avant d'aller jeter un oeil dans la chambre d'amis. Bingo. Je l'attrapais pour le caler dans mes bras, m'avançant vers Aurea. — Berlioz, je te présente Aurea, ton date de ce soir - t'en as de la chance dis-je avec un clin d'oeil pour mon chat. — Aurea voici Berlioz, le seul, l'unique dis-je en attrapant sa patte pour l'agiter pour dire bonjour.

Rire quand tu vois mon visage, effet réussi. Plutôt fière d’moi. Tout en retirant ma veste, l’odeur d’la nourriture qui fait son effet dans mes narines. En même temps, il y a deux façons de m’avoir, la bouffe et l’sexe. Combo gagnant. « Ah merde ! Au saumon c’est mon favori. » Riant, et grimaçant à la fois, quand on donne la paté à Mimi c’est une horreur comme ça pue. « T’as cuisiné quoi d’bon ? » m’approchant d’la cuisine et des casseroles. Tu sembles d’être donné du mal pour notre soirée, j’apprécie. Même si j’évite d’me mettre des idées en tête. Sachant à quoi m’en tenir entre nous. « C’est mon côté féline qui ressort, ça n’arrive qu’les soirs d’pleine lune. » Comme les loup-garou, mais en version mignonne. Cherchant ton chat, j’peux pas m’empêcher d’prendre la spatule pour goûter c’que tu as cuisiné. Chaud mais alors qu’est-ce que c’est bon ! T’es bon à marier. J’repose la spatule rapidement, comme une gosse prise en flagrant délit, quand tu reviens avec Berlioz. « Il est trooop beau. » les mains serrés proches de moi. Doucement, je m’approche de toi, de ton chat. Main que j’approche près d’sa truffe pour m’faire sentir. L’avantage d’avoir Mimi qui a été craintive avec moi longtemps. Chatte d’Ana plus qu’la mienne. « Bonsoir toi, j’vais passer l’plus beau des dates. » tentant une caresse, qui n’est pas un grand succès. Il faut du temps. « Bon, j’crois qu’en attendant, tu vas devoir être mon date. » Qui sait, j’serai peut être adopté plus tard dans la soirée.

Je riais tout en faisant la grimace en l’entendant parler de pâtée au saumon. Clairement l’une des pire odeur au monde la bouffe pour chat. Même si eux se précipitaient dans nos pattes pour ça. « Chili con carne » répondis-je en la voyant flâner du côté de la cuisine. J’aimais bien faire à manger, ou lui faire plaisir… tout simplement. Alors j’avais essayé de faire les choses bien, de l’accueillir comme il se doit. Une façon de lui dire combien j’étais content de la voir à nouveau chez moi. Enfin, les présentations avaient lieu entre les deux principaux intéressés. Je souriais en la voyant niaise devant le matou, qui lui, plus peureux que jamais, prenait déjà ses jambes à son cou pour tenter de trouver une meilleure cachette. « Froussard » lâchai-je un brin railleur en le laissant s’échapper, retrouvant les yeux félins d’Aurea. « Mince alors… » dis-je en me mordillant la lèvre, faussement déçu. « J’accepte les caresses sur le crâne contrairement à lui » glissais-je innocemment tout en allant sortir deux bières du frigo, avant d’en tendre une à la jeune femme, regard malicieux.

« Ah… » mine faussement déçue, sortant mon pire jeu d’actrice. « Je n’aime pas vraiment le chili con carne. » Mytho, j’avais l’nez dedans il n’y a même pas deux minutes d’ça. « Nan, j’adooooooooore ! Et même qu’il est très bon. » avouant que j’ai goûté pendant qu’tu avais l’dos tourné. Oups, sorry not sorry. La bouffe et moi c’une grande histoire d’amour. J’sais même pas comment j’fais pour tenir autant la ligne avec tout c’que j’peux manger. Présentation faite avec Berlioz, mais l’coup d’foudre semble s’être fait que d’un seul côté. « C’est l’effet que j’fais en règle général. » Faire fuir les mâles. Haussement d’épaules, léger rire n’prenant pas ma phrase très au sérieux. « Tu raffoles toujours autant des papouilles à c’que j’vois. » Souvenir passé, les soirées juste posées les doigts dans tes cheveux. Direction l’salon, où j’me jette dans l’canapé, espérant voir mon amoureux félin revenir. « Merci. » bière fraîche entre les doigts. Sac à côté, lingette démaquillante dans mon sac que j’fini par chercher. « J’vais retirer ma connerie quand même. » finissant par vider l’contenu du sac dans le canapé. Ouai bon, entre tampon, préservatif, et rouge à lèvres, il y a d’quoi faire. D’ailleurs… « t’as vu j’sors plus sans. » Taser entre les mains, cadeau qu’tu m’avais fait quand l’autre fou m’suivait avec Ollie. « J’suis toujours pas convaincu qu’ça doit faire mal. » alors que j’le pose contre toi. Faisant mine de m’en servir. Sauf qu’involontairement, j’appuie sur le bouton qui lance la décharge électrique. « PUTAIIIIIIN ! » lâchant immédiatement l’objet, terrifiée de c’que j’venais d’faire.

Je flippais l'espace d'un instant en l'entendant dire qu'elle n'aimait pas le chili con carne, avant qu'elle ne me dise rapidement qu'elle plaisantait. Je plissais les yeux, petite moue sur le visage, acceptant l'idée que je me faisais berner. « Attention à toi » répondis-je, railleur. Présentations félines faites, Berlioz ne mettait pas longtemps à prendre ses jambes à son cou... comme toujours. « Ah oui ? Pas toujours » commentai-je malgré moi en entendant sa remarque. Ta gueue Zayn. Pas la peine de raviver les discordes passées alors qu'elle acceptait de passer la soirée avec moi. « Ouais... toujours » répondis-je alors qu'elle faisait justement allusion à notre relation passée. Mmh.On s'installait dans le canapé et Aurea s'empressait d'enlever son maquillage de chat, déversant le contenu de son sac à main. J'haussais un sourcil, m'amusant à attraper un tampon entre les doigts, un préservatif... « T'es bien équipée » lançai-je, amusé. Et c'était pas peu dire vu qu'elle me montrait le tazer que je lui avais acheté à l'époque, quand elle s'était fait agressée. « Il paraît que ça fait hyper m... » commençai-je pour lui répondre, quand sans comprendre ce qui m'arrivait, je me prenais une décharge électrique. « AAAAAAH ! » m'exclamai-je sur le coup, renversant ma bière sur moi. Avachis dans le canapé je grimaçais de douleur, sans parvenir à vraiment bouger. « Putaaaain Aurea ! » grognai-je, serrant les dents.

Petite taquinerie sur l’repas. J’étais pas difficile sur la bouffe, au contraire, j’ai même tendance à trop bouffer. Et j’dois reconnaître qu’un homme qui sait faire à manger, c’est terriblement sexy. Mais ça, j’le garde pour moi. J’le dirai peut être un jour, qui sait. Petit être à quatre pattes qui s’enfuit je n’sais où chez toi. Terrifiée par ma venue, et la proximité. J’devais être un chat dans une ancienne vie si on s’base juste sur ça. Terrifiée d’me laisser approcher. Juste un « mh.. » à l’idée d’faire fuir les mecs, mais c’est aussi parce que moi j’le décide comme ça. Quand tu m’as parlé de ton stop j’ai cherché à coupé les ponts parce que j’sentais l’attachement arriver et que c’était plus simple pour moi, quitte à t’sauter à la gorge au passage. Assise à tes côtés, lingettes dans la main, constatant le contenue du sac. C’qui m’fait rire au passage. « J’suis prévoyante, on n’sait jamais c’qui peut arriver. » tournant l’regard un instant vers toi, petite lueur dans les yeux. Puis on arrive sur l’taser, jouant un instant avec sans passé aux conséquences qui … « ZAYN ÇA VA ??! » passant à genoux dans l’canapé, paniquée par la grimace, objet qui tombe lourdement au sol. J’sais pas quoi faire, les mains en l’air sans savoir quoi en faire, tremblante. « J’suis désolée, j’suis désolée, j’suis désolée ! » répétant en boucle cette phrase. Main qui s’pose sur l’impact, ça fonctionne sur moi quand j’me fais épiler, et que l’esthéticienne pose sa main sur l’endroit où elle a retiré la bande d’cire. « J’vais appeler les pompiers pour savoir c’que j’dois faire… » cherchant mon téléphone d’une main. Tu parles mais tu n’bouges pas. P’tin j’suis vraiment la pire au monde.

On ne sait jamais ce qui peut arriver hein ? Je relevais le regard en entendant ses mots, captant un instant la lueur dans ses yeux, et ce petit raté dans ma poitrine avant que mon coeur ne s'accélère malgré moi. J'haussais légèrement les sourcils, me pinçant les lèvres pour retenir des mots que j'allais regretter. Glissant sur cette atmosphère ambigüe qui me donnait juste envie de me rapprocher d'elle encore un peu plus... Mais ça, c'était avant qu'elle ne me mette KO avec un coup de tazer. La mâchoire cripsée sous la douleur et dans l'incapacité totale de remuer, je fermais les yeux un instant en me pinçant les lèvres, attendant que la douleur passe. Tu m'étonnes que ça met un mec à terre cette merde. Tendu comme jamais, j'essayai de souffler, entendant vaguement Aurea qui appelait les pompiers... qui lui conseillaient de contrôler mon poul. « J'vais crever ? Nickel comme date » soulignai-je entre mes dents, ne pouvant m'empêcher un trait d'humour, même quand j'en chiais sa mère et qu'Aurea posait ses doigts sur mon poignet. Petit à petit je commençai à sentir les fourmillement quitter mon corps, m'aidant à me détendre. « Ca va aller » dis-je d'une voix plus posée, autant pour la rassurer que pour laisser les pompiers là où ils étaient.

Pourtant, j’suis pas l’genre maladroite dans c’que j’fais. Dans mes paroles, pas dans mes actes. Coup que j’regrette si vite. Corps qui devient paralysé par l’électrochoc. J’lâche tout, cherchant les bras ballants quoi faire, comment réparé ma connerie. Paniquée. Téléphone avec les pompiers qui m’donne des indications sur c’que j’suis sensée faire. Prendre ton pouls, ton poignet entre les doigts, ça pulse comme jamais. Inquiétude que j’vais parvenir aux téléphones. « J’arrive pas à compter. » ça va trop vite. « Il parle c’est bon signe, nan ? » finissant par être rassuré par le médecin au téléphone, m’donnant un numéro à rappeler en cas d’aggravation, avant d’raccrocher. « J’vais t’allonger quand même. » en réponse à ton ça va aller. Mis dans le canapé, sur le côté. Merci les gestes de premiers secours. « C’était un date ? » Toujours avec mes moustaches de chat sur l’visage, proche du tient, la main sur ta joue. « Tu n’trouveras jamais un autre date aussi original que celui-là alors. » finissant par une touche d’humour également. Mais pas rassurée pour autant.