(mayn) here comes the sun

Les doigts sur mon clavier, je tapais les derniers mots de mon chapitre, terminant par ce point libérateur, avant de me laisser retomber lourdement sur le fauteuil du bureau. Je lâchais un long soupir, remontant déjà mon fichier pour relire les dernières lignes. Fatigué mais satisfait.
Voilà plusieurs jours maintenant que je me trouvais dans cette maison incroyable, perdu au milieu de la montagne, avec pour but de me recentrer sur l’écriture de mon livre. Les lieux étaient si paisibles, si calme. Petit coin de paradis totalement propice à cette retraite. Je me laissais totalement aller à mon inspiration, n’ayant plus aucune notion de l’heure. J’en aurais même parfois totalement oublié de manger si je n’avais pas eu Maze à mes côtés qui, de temps à autre, se glissait dans la pièce pour m’apporter quelque chose, poser sa main sur mon épaule, ou simplement se poser dans un coin pour sortir ses crayons et pinceaux et dessiner. Je m’en voulais presque en réalité de la délaisser ainsi, tout en sachant au fond qu’elle comprenait. En réalité, sa simple présence dans les parages me faisait pousser des ailes… comme à cet instant alors que je la voyais au loin, à travers la baie vitrée, assise au bord du ponton donnant sur le lac, un livre à la main. Sourire aux lèvres, je sauvegardais mon fichier et filais la rejoindre, appréciant l’air de la nature et le rayon de soleil qui perçait les pins. Je m’approchais d’elle, entourais ses épaules de mes bras par derrière. — Ca va, tu ne t’ennuies pas trop ? demandais-je avec une petite moue, soucieux qu’elle se sente bien malgré tout.

Je gigotais doucement mes pieds dans le vide, frôlant parfois l’eau du bout de mes pieds, selon la position que je prenais. C’était définitivement mon endroit préféré pour me ressourcer quand tu étais plongé dans l’écriture de ton livre. En parlant de livre, j’étais plongée dans un roman Dan Brown plein de rebondissement. Je relevais doucement le visage vers toi en sentant tes bras autour de mes épaules, glissant mon marque-page en plein milieu d’un chapitre et venir laisser reposer ma tête contre ton épaule. — Je m’ennuierais beaucoup moins si j’avais le droit de lire en avant-première tes chapitres. Tournant un peu le visage pour que tu puisses observer mes cils papillonnants, qui avaient pour unique but de te faire flancher. — Plus sérieusement, pas du tout, c’est hyper ressourçant. Et pour cause, moi aussi, je laissais mon téléphone de côté pour me concentrer uniquement sur moi. Mais aussi sur toi. Je m’amusais même à suivre des tutos de cuisine grâce à TikTok, pour te préparer des repas mangeables. Et sans mentir, j’avais le sentiment de m’améliorer. — Tu as fini pour aujourd’hui ou tu fais une pause ? Égoïstement, une part de moi préférait t’entendre me répondre la première option, mais tu savais que je m’adaptais à toi pendant ces jours.

J’aimais la voir ainsi, sereine, détendue. Simplement en train de lire son livre dans ce calme reposant. J’aimais cette proximité qu’il y avait entre nous, cette sensation, pour une fois, de l’avoir pour moi tout seul. Sentiment égoïste quand, de son côté, elle me partageait patiemment avec mon besoin d’écrire. Ma joue venait naturellement se coller à elle quand sa tête se reposait sur mon épaule, serrant un peu plus mon étreinte sans même m’en rendre compte. Puis je souriais en entendant ses mots, petite moue quand elle me faisait son regard de biche pour me faire flancher. — C’est mal, tu sais que je ne peux rien te refuser répondis-je, railleur, me positionnant en victime que je n’étais pas. J’y pensais pourtant, à lui faire lire. Elle avait d’ailleurs été la seule lectrice de mes premiers jets, quand je m’étais remis soudainement à écrire. Mais comme à chaque fois, j’avais cette petite appréhension, cette pression à l’idée de faire apprécier mes textes. — Tant mieux dis-je, sincèrement soulagé, avant de déposer un léger baiser sur sa joue. Puis je me redressais, m’étirais de tout mon long tel un chat qui sort de sa sieste. — Peut-être que je reprendrais cette nuit, mais là j’arrête ! lançai-je dans un soupir. — J’ai bien avancé. Et c’était un réel soulagement. Je prenais vraiment du plaisir à écrire, à retravailler certains passages… même si c’était parfois aussi éprouvant, étant donné que je romançais ma propre histoire. Pris d’une soudaine envie, je retirais mon t-shirt, puis mes chaussures. — Prête pour une baignade ? demandai-je, grand sourire aux lèvres.

Je me sentais dans mon élément, ici. Je ne me sentais ni oppressé par la vie quotidienne, ni par les dettes. Cet été semblait pour moi être la fin d'un chapitre et le début d'un renouveau. J'avais suffisamment profité, mais je savourais chaque jour comme le dernier. Je restais suffisamment en retrait pour te laisser l'espace et le temps pour te laisser l'opportunité de coucher les mots sur le papier. De mon côté, je commençais à apprécier ma propre compagnie et je faisais énormément d'introspection. Je m'imaginais un futur ou je serai cette fois mon alliée. Le présent taisait mon imagination et me ramenait sur terre. — Si je ne peux pas tout lire, peut-être que tu pourrais sélectionner au moins un chapitre ? Une part de moi voulait attendre, quand l'autre essayait de scruter quelques passages quand je m'imposais à toi. Je fermais les yeux à ton geste tendre, te sentant t'éloigner. — Ou tu pourrais reprendre demain et profiter de cette nuit pour te reposer ? Je me redressais à mon tour. — Je suis contente. Je souriais, avant de t'observer, le regard interrogateur. — Pourquoi pas, même si elle est clairement gelée. j'attrapais ma longue robe pour la passer au-dessus de ma tête et le jeter à côté de mes chaussures. — Le dernier à l'eau prépare à manger. Tricheuse. Et sans te laisser l'opportunité de gagner, je sautais à l'eau, dans un plongeon approximatif, riant dès que je reprenais mon souffle.

La curiosité est-elle réellement un vilain défaut ? Je souriais en la voyant essayer de me faire craquer, à la fois amusé et déjà gêné à l'idée qu'elle puisse lire ce que j'avais écris. Impatient aussi. Tout un tas de sentiments contradictoires qui me perturbaient et à la fois, me faisaient sentir vivant. — Tu veux la vérité ? J'ai déjà imprimé une partie pour que tu puisses la lire avouais-je en me mordillant la lèvre. Son avis, son regard m'importait. Elle savait que je comptais sur sa franchise, et qu'elle pouvait apporter une critique sincère. Puis je m'écartais d'elle, la laissant méditer mes paroles avec une certaine malice. — Aussi répondis-je, considérant sa suggestion. C'est vrai que j'avais bien avancé. Je lui adressais un sourire tendre en l'entendant me dire qu'elle était contente, réchauffant mon coeur l'espace d'une seconde. — C'est vrai ? répondis-je doucement. Si serein à cet instant que je n'avais clairement pas envie que ce séjour se termine.
Pris d'une soudaine envie un peu folle, je me déshabillais, l'incitant à faire de même en sachant pertinemment qu'elle allait relever le challenge. Et même plus que ça, puisqu'en quelques secondes à peine elle se débarrassait de sa robe et me lançai un défi à la dernière seconde, comme une gosse, m'empêchant clairement de pouvoir gagner. Je restais bouche bée quelques secondes avant de me marrer, retirant mon pantalon alors qu'elle émergeait à la surface. — Ouais ouais j'ai compris, tu veux que j'te fasse à manger m'exclamai-je en riant. — BANZAAAAAAÏ ! criai-je comme un gamin en sautant dans l'eau en faisant la bombe, éclaboussant Maze comme il faut. — Sa mère elle est gelée ! m'exclamai-je en retrouvant la surface. Puis je me tournais déjà vers elle pour l'éclabousser, toutes les conneries étant bonnes à prendre.

Si je savais que je n’étais pas de celles qui obtenaient tout ce qu’elles désiraient, cela ne m’empêchait pas d’essayer. J’étais curieuse de nature, mais d’autant plus quand il s’agissait de la retranscription de ton histoire. Je souriais tendrement à tes mots, touchée par ton attention. — J’ai hâte de lire, merciiii. Mais j’avais aussi peur, d’une certaine façon. La peur de ressentir ne serait-ce qu’une toute petite part de la douleur que tu as dû traverser au travers des années. Même si la communication avait toujours été notre fort, je craignais tout de même les passages où tu parlerais de nous. — Oui c’est vrai. Je n’avais aucune raison de te mentir. Peut-être que parfois, j’avais usé d’omission, afin de te préserver, mais j’essayais toujours d’être la plus sincère possible. Finalement, je te suivais rapidement dans ton élan de folie et me déshabillais rapidement afin de gagner le propre défi que je nous lançais. J’aimais contourner les règles, ou tricher. J’avais ça dans le sang. — Ouiiii. Que je disais, essoufflée, passant rapidement mes mains dans mes cheveux pour les plaquer en arrière.  Je hurlais, m’éloignant en quelques brasse de toi, pour être hors de portée de tes éclaboussures. — T’as fini ? Demandais-je, avant de m’introduire à nouveau sous l’eau, réduire la distance et ressortir juste face à toi. — Plus d’éclaboussures, promis ?

J'adorais l'embêter, c'était plus fort que moi. J'avais peut-être raté l'occasion de la voir faire le repas - sans doute un mal pour un bien - mais je comptais pas la laisser s'en sortir aussi facilement. Je riais en la voyant fuir en hurlant, clairement le genre de réaction qui me donnait envie de continuer, jusqu'à ce qu'elle soit hors de portée. Je souriais comme un gamin, ne cessant de nager pour ne pas geler sur place. — Oui c'est bon répondis-je, sage comme une image. Ou pas. Je l'observais alors qu'elle s'enfonçait dans l'eau, me méfiant instantanément d'une éventuelle riposte. Mais non. Elle était même super mimi à ressortir là, juste en face de moi. Ces cils plein de gouttelettes et son regard bleu et perçait le mien. — Promis répondis-je doucement, m'enfonçant légèrement dans l'eau... pour ressortir aussi vite et lui cracher de l'eau dessus. Oui, j'avais osé. J'éclatais de rire devant son visage outré, la rattrapant déjà par le bras pour l'empêcher de partir. — C'est bon c'est bon ! J'arrête ! m'exclamais-je, mi-riant, mi claquant des dents. Elle était vraiment froide cette eau. — Sinon, une bonne douche brûlante ? suggérai-je en riant face à mon état, capitulant déjà.