J’arrive au café universitaire avec quelques minutes d’avance, comme à mon habitude. Entre deux cours, cet endroit est un véritable carrefour où les étudiants se retrouvent pour souffler. C’est exactement ce dont j’ai besoin aujourd’hui. Avec la charge de travail de cette semaine, les nuits raccourcies , ce déjeuner avec Neriah est une bouffée d’air frais.
Je m’installe à une table près de la fenêtre, la lumière du jour illuminant légèrement l’espace. Les conversations des autres étudiants et le tintement des tasses me bercent pendant quelques instants. Je jette un œil à mon téléphone pour vérifier l'heure. Je suis en avance, comme toujours. Avec elle, c'est un rituel bien établi : on se retrouve ici, on déjeune ensemble, on décompresse. Malgré nos emplois du temps surchargés, on essaye de maintenir ces moments. C’est précieux, surtout dans cet environnement où tout va si vite.
Je regarde dehors, observant distraitement les passants pressés. Le bruit ambiant du café me permet de réfléchir un instant. Cette semaine a été particulièrement intense, j’ai à peine eu le temps de respirer. Je sens le poids de la fatigue dans mes épaules, mais je sais que Neriah, comme à son habitude, trouvera une manière de me faire oublier tout ça, au moins pour un moment.
Je me passe une main dans les cheveux, un geste que je fais souvent quand je suis nerveux ou pensif. Juste au moment où je me perds dans mes pensées, je l’aperçois du coin de l'œil. Un sourire s’étire sur mes lèvres, naturel. « Salut, » je lui lance dès qu’elle s'approche de la table, ma voix à peine couverte par le bruit environnant. Je la laisse prendre place avant d’ajouter, avec un demi-sourire : « Alors, prête pour le marathon d’aujourd’hui ? »
Sans attendre de réponse, je continue, cherchant à rompre le silence. « J’ai l’impression que cette semaine n’en finit pas... » Je m’appuie sur le dossier de ma chaise, essayant de paraître détendu, même si en réalité, l’épuisement se fait sentir. « Tu sais, ce genre de semaines où t’as juste envie de tout lâcher. »
Je n’en dis pas plus. Elle comprendrait tout de suite que je plaisante à moitié. La fatigue pèse, c’est vrai, mais je ne suis pas du genre à abandonner. Ce qui est sûr, c’est que si quelqu’un peut me sortir de cet état d’esprit, c’est bien elle.
Je laisse échapper un léger soupir et croise les bras sur la table. Mes pensées retournent, malgré moi, à tout ce que je garde enfoui. Les questions sur mon père, les découvertes récentes que j'essaie d’ignorer.
Je me redresse, reprenant le fil de la conversation. « En tout cas, c'est cool que tu sois venu. J’avais vraiment besoin de souffler. »
Je lui adresse un sourire sincère, cette fois un peu plus lumineux. C’est l’effet qu’elle a sur moi, après tout.
(Ian Beaumont)