I can speak now || (Tic et Tac)

Cela faisait deux jours que tu étais rentré de la Grèce et tu n'avais pas eu de nouvelles de Chelsea tout de suite. Le Allistair n'avait plus donné signe de vie pendant une semaine entière et au début, son silence ne t'avait pas alarmé. Il fallait dire que, tant que tu étais en Europe tu recevais les messages en décalé, quand c'était le matin sur ton fuseau horaire c'était la nuit sur la côte est des États-Unis. Puis, il y a eu le message de Zephyr, qui t'avait agacé. Au delà du fait que tu n'avais pas parlé avec le blond depuis le bal tu savais que leur relation était assez houleuse, notamment en raison des réticences de Chelsea à s'engager dans une relation plus sérieuse. Et justement, le fait que Chelsea lui pose un lapin ne te semblait pas choquant non plus,, surtout s'ils s'étaient disputés. Aussi tu avais préféré ne pas trop en dire, pour protéger ton ami au cas où. Tu n'avais pas non plus menti à Zephyr lorsque tu lui avais dit que tu ne savais pas où Chelsea était ni pour quelle raison, tu savais que les explications viendront en temps et en heure et il semblerait que le moment était arrivé. Tu avais convenu de retrouver ton meilleur ami à votre café habituel. Cassie était censée te rejoindre chez toi le soir même, une fois que tu auras terminé avec Chelsea. Tu savais que ta petite-amie avait très mal pris la disparition soudaine de votre ami commun, et que cela avait été un sujet de dispute récurrent entre vous ces dernières heures. Tu comprenais le besoin de réponses de la blonde mais tu ne pouvais pas non plus tirer des conclusions hâtives alors que tu n'avais pas beaucoup d'éléments en ta possession. Tu pouvais paraître insensible au sort de ton meilleur ami mais tu savais que vous allez en discuter alors de ton point de vue ça ne servait à rien de t'affoler. Fidèle à tes habitudes, tu étais arrivé un peu en avance au lieu de rendez-vous, et tu constatas que Chelsea était déjà la. Tu l'inspectas brièvement du regard et tu fus soulagé de voir qu'il ne semblait pas blessé. Secoué, très certainement, mais indemne. Tu manquas un arrêt lorsque ton meilleur ami tendit les bras dans ta direction, tel un enfant qui avait besoin de réconfort. "Tu as dû  recevoir un très gros choc à la tête pour me demander une chose pareille." Bien sûr, tu te voyais mal refuser malgré ton aversion des contacts physiques, aussi tu fus le premier à l'étreindre avec force. "Tu m'as manqué petit con." C'était la vérité, après tout, car tant qu'il ne répondait pas à tes messages, tu t'étais rendu compte à quel point c'était vide sans lui.

Ce jour était sans nul doute à marquer d'une pierre blanche puisque tu avais accepté de faire un câlin à Chelsea, à la demande de ce dernier. Tu étais en réalité soulagé de constater que ton meilleur ami avait l'air en bonne santé et qu'il ne lui était rien arrivé malgré ses quelques jours de silence radio pendant lesquels il aurait pu lui arriver tout et n'importe quoi. Tu avais bien sûr des questions mais tu patientais car tu savais que les réponses viendront en temps et en heure. Pour le moment, la priorité était de vous installer à l'intérieur du café et commander de quoi grignoter - les grandes confessions ouvraient l'appétit. Tu te sentis légèrement ému, lorsque tu relâchas ton étreinte. C'était un moment trop intense pour toi qui n'étais guère émotif, d'habitude, aussi tu adressas à ton meilleur ami un sourire légèrement crispé, un peu gauche. Tu laissas tes bras retomber bêtement le long de ton corps, à défaut de savoir quoi en faire. Tu acquiesças en silence lorsque Chelsea te jura qu'il  voulait t'appeler mais qu'il ne captait pas là où il se trouvait. Lui, c'était les problèmes de réseau, toi, c'était le décalage horaire. Puisque tu te trouvais en Europe au moment des faits, ça aurait été compliqué de trouver un créneau pour pouvoir communiquer de manière simultanée. "C'est que tu t'es vraiment exilé au milieu de nulle part pour ne pas être en mesure de capter?" Au moment où la question franchit tes lèvres tu étais très loin de te douter que tu n'étais pas si loin de la vérité, à une ou deux variations près. "Je te suis." Tu dis doucement à la proposition de ton meilleur ami. "Il n'y a pas l'air d'y avoir trop de monde, ça devrait aller." Tu ajoutas après avoir jeté un bref coup d'œil à l'intérieur du café. Il serait en effet très fâcheux si vous ne pouviez pas vous parler tranquillement à cause du brouhaha des autres conversations, et niveau discrétion ce n'était pas terrible non plus, on ne sait jamais, des oreilles bien trop curieuses pouvaient traîner - Veritas pour ne citer que ça. Tu ricanas quand Chelsea te conseilla de ne pas trop  y prendre goût, aux câlins. "Moi?" Tu t'enquis, l'air le plus innocent possible. "Je te ferais dire que c'est toi qui me l'as réclamé.Moi, je n'ai fait qu'accepter." Puis désormais, la seule personne qui pouvait se targuer d'avoir régulièrement des câlins de ta part, puisqu'elle était celle avec qui tu partageais de l'intimité physique.