(rp libre) Dites à mes amis que je m'en vais

Harvard. Ce nom tournait en boucle dans sa tête alors qu'elle marchait dans la rue, tirant sa grosse valise en tissu. Elle avait revendu ou donné la grande majorité de ses affaires, pour n'arriver dans sa nouvelle école qu'avec une valise d'un peu moins de trente kilos. Toute sa vie tenait désormais de cette valise. Cette pensée lui était étrange, à la fois satisfaisante mais lui laissant une mélancolie amère. Elle ne savait pas ce qui l'attendait, elle ignorait tout de cette ville, de cette école. Bien qu'elle sot sociable, elle redoutait la suite. Elle se concentrerait sur ses études. Oui, c'est ça, elle se concentrerait sur ses études et tout irait bien.

Crrrrrrrrrrack.

Le son de ce déchirement ne lui disait rien qui vaille. Alors qu'elle tirait sa valise sur une marche, le tissu s'était accroché et déchiré, tirant sur la fermeture éclair qui avait sauté et s'était dézippée dans la foulée. Ses affaires affluèrent sur le sol, jolis t-shirt et petites culotte jonchant les pavés à ses pieds. Elle ouvrit de grands yeux et retint sa respiration, puis ferma les yeux, et souffla longuement. On inspire, et on expire. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, sa première pensée se dirigea vers les gens autours qui traversaient sans la regarder ou pire : en la regardant de travers.

Mais je rêve, quelle bande de....

Lèvres pincées, elle tourna la langue dans sa bouche. Une fois, deux fois, trois fois. Elle crevait d'envie de leur jeter un de ses dessous en pleine tête. Une culotte de règles, tiens, ils ne méritaient que ça. Soupirant à nouveau, elle s'accroupit et entreprit de ramasser ce qui traînait.

Comment je vais transporter tout ça moi ?

@Ottis Heimann Elle regardait ses fringues, dépitée. Elle n'avait pas de sac qui lui permettrait de tout transporter malgré sa valise déchirée. Elle contemplait les dégâts, tentant de regrouper ses affaires qui s'étaient éparpillées au sol en attendant de trouver une solution pour tout emmener jusqu'à Harvard. L'université n'était plus très loin, mais la journée était bien avancée, l'automne arrivait et les jours raccourcissaient, et il faudrait certainement plusieurs allers-retours. Elle devait trouver une solution pour tout emmener en une seule fois. Elle fut tirée de ses pensées par une présence à ses côtés, Oh merde, elle n'aurait pas dit mieux. Une main attrapa une de ses culottes et machinalement, elle suivit le mouvement des yeux, jusqu'à relever la tête pour voir le jeune homme qui se tenait debout près d'elle.

Un gros coup de main, même, s'il vous plaît...

Elle se redressait à son tour, réalisant qu'elle avait tout fait tomber devant un bar et percevait les éclats de rire de l'intérieur. C'était bondé, et probablement d'étudiants d'Harvard. C'était histoire que sa maladresse soit connue dès le départ, c'est ça ? Le jeune homme en sortait et à en juger par son regard rieur et son expression, il crevait d'envie de rire.

Hey !

Outrée, elle récupéra sa culotte des mains de l'inconnu et le gifla avec. Pas très fort bien entendu, mais le geste était symbolique. Elle aura finalement cédé, mais au moins, ce n'était pas une culotte de règles.

On aide d'abord, on se moque après. Et vous êtes... ? demanda-t-elle en retrouvant son sérieux et visiblement moins agacée. au moins, quelqu'un s'était arrêté. Quelqu'un qui venait certainement de sortir les phrases les plus tordues qui soient au Blanc Manger Coco après quelques verres, mais au moins, il ne s'était pas contenté d'un regard en biais en la laissant galérer.

@Ottis Heimann Tous bourrés ? Si tôt ? Elle se retenait de rire, songeant qu'ils fêtaient clairement la fin de l'été, ou la rentrée et leurs retrouvailles. Ou peut-être que c'étaient simplement de sacrés fêtards dont la soirée ne faisait que commencer avant même que le soleil ne se couche. La gifle avec la culotte les fit rire à gorge déployée également, n'empêche qu'ils n'auraient sans doute pas tant jasé s'ils avaient été à la place dudit Ottis. Elle le fixait, alors que les émotions se mêlaient ; la gêne bien entendue, mais aussi l'amusement, l'agacement, la lassitude. Son trajet pour Harvard était interminable et semé d'embûches, entre le taxi qui l'avait abandonnée à une station service à cause d'une urgence personnelle, le pneu crevé d'Orphée et maintenant ça, c'était à croire que la vie la défiait d'intégrer cette nouvelle université.

Enchantée Ottis, j'espère ne pas trop écorcher la prononciation, mon accent français ne veut pas partir, finit-elle par répondre avec un sourire suffisamment large pour dévoiler ses dents. J'essaie péniblement d'aller jusqu'à Harvard, mais comme tu peux le constater... Elle baissa les yeux jusqu'à ses affaires au sol : Je commence à me dire que l'univers ne veut pas que j'y parvienne.

Un petit rire finit par franchir ses lèvres alors qu'elle jetait sa culotte sur le monticule d'affaires qui était parvenu à rester sur la valise. Elle fixa du regard ses affaires un moment avant de relever les yeux vers son interlocuteur, songeant enfin à faire preuve d'un peu de gratitude - quand même. Désolée pour la gifle, mais sache que c'est une de mes culottes préférées, si ça peut te consoler. C'est un honneur. Elle rit, puis reprit en lui tendant la main : Je suis Diane. Mais je ne t'en voudrais pas de me surnommer Miss Catastrophe.

@Ottis Heimann L'atmosphère se détendait un peu finalement, après ce moment de gêne et après s'être jaugé, chacun semblait retrouver son naturel. Si, d'ailleurs traverser l'Atlantique à la nage est l'expérience d'une vie, je recommande, renchérit-elle sur un ton humoristique. Il était vrai qu'une vie sans péripétie paraissait fade, mais parfois un peu de calme, un petit fleuve tranquille ne pouvait pas faire de mal. Un taxi m'a laissée à l'entrée de Boston et a dû partir à l'hôpital pour une urgence familiale. Une fille d'une station-essence m'a avancée jusqu'au bout de la rue mais son pneu a crevé... Du coup, je marche. C'est la loi des séries je crois, répondit-elle en roulant des yeux avant de laisser échapper un rire. Honnêtement, il valait mieux en rire qu'en pleurer. Ses nerfs auraient pu lâcher, mais elle tenait bon.

Quand il parla des réseaux sociaux en l'aidant à se relever, elle jeta un coup d'œil derrière lui et haussa les épaules. D'accord. Même si le ridicule ne tue pas, je ne voudrais pas crever l'écran à peine arrivée, c'est vrai. Surtout qu'elle espérait se faire plutôt discrète en réalité, elle n'avait pas le coeur à se donner entièrement socialement. C'était déjà un changement brutal de venir ici, il n'était pas nécessaire de se compliquer les choses à peine arrivée. Merci beaucoup pour ton aide en tout cas, ajouta-t-elle en s'asseyant sur la valise comme demandé. Et là, elle se rendit compte de sa fatigue ; une fois les fesses posées sur sa valise, elle sentit combien ses jambes étaient faiblardes. Je crois que je suis épuisée par cette journée interminable, je n'y serais pas arrivée sans ton aide. Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs n'est-ce pas, elle n'était pas encore à destination, après tout. Elle songea un instant aux amis d'Ottis à l'intérieur puis baissa les yeux vers lui alors qu'il s'affairait à tirer sur la fermeture éclair. Et toi alors, t'es pas bourré ? Vous fêtiez quoi ?