— I can see us lost in the memory (thea)

Découverte pour Milo qui connaissait quelques coins de nature mais n'avait jamais exploré celui-ci. L'occasion s'y prêtait bien, emmener Thea loin. Des personnes à qui elle devait parler, des rues qu'elle devait traverser comme si la vie continuait alors que son quotidien ne serait plus jamais le même. S'il ne pouvait pas comprendre ce qu'elle vivait, il la connaissait suffisamment pour identifier ses besoins en moment de crise. Une dont ils n'avaient jamais fait l'expérience, et qui la changerait sans doute, mais il s'aventurait à penser être l'un de ceux qui la connaissait le mieux. Les premiers mètres parcourus dans le calme, chemin emprunté pour arriver à l'endroit repéré sur les photos, panier en main.  – C'est pas mal comme spot. Au bord du lac, nappe étendue. Loin du peuple, parfaitement ce dont elle avait besoin. Quelques kayaks au loin, bruit de fond. Rien de dérangeant. – J'ai pris ton préféré. Alors qu'il tirait le dessert du panier en premier, dans l'espoir de la convaincre de manger alors que la matinée s'achevait.

Thea ferme les yeux une seconde et soupire doucement. Elle avait conscience d'étouffer à Boston, mais n'avait pas anticipé le bien que partir lui ferait. Furtivement, l'idée de partir plus longtemps, plus loin lui traverse l'esprit, lui semble être la meilleure idée au monde mais elle n'a pas le temps de s'y attarder puisque Milo commente leur vue. Elle ouvre doucement les yeux et esquisse un petit sourire, l'un des premiers depuis dix jours. "Oui, très." Elle regarde un peu plus autour d'elle, se dit qu'ils pourront faire du kayak dans l'après-midi mais n'est pas certaine d'en avoir la force. Thea est épuisée et si elle sait que c'est plus de la fatigue mentale que physique, elle ne sait pas si elle aura le courage de pagayer pendant une heure ou deux. Qu'importe, il sera toujours l'heure d'y réfléchir après, Milo est déjà en train d'installer la nappe de pique-nique. "Tu as vraiment pensé à tout." précise-t-elle, pas surprise un instant mais touchée de sa démarche. Leur relation a été plus que compliquée ces derniers temps, traversant que des bas et beaucoup de crise mais à l'instant où Thea lui a annoncé la nouvelle, Milo a tout mis de côté pour être simplement présent pour elle. Elle n'en parle pas vraiment, parce qu'incapable de formuler ce qui lui traverse l'esprit sans risquer de s'effondrer mais aussi de se créer d'autres espoirs, mais elle en est plus reconnaissante qu'il n'y parait. Elle s'installe sur la nappe à coté de lui et acquiesce doucement quand il lui dit avoir pris son dessert préféré. "Fallait pas..." Ni se donner tant de mal - parce qu'il n'est pas exclu qu'il ait pris le temps de le faire lui-même - ni apporter tant de nourriture, car elle n'a clairement pas un grand appétit. Mais consciente d'être l'inverse de facile à vivre en ce moment et de tous les efforts que ses proches font pour elle, Thea ajoute : "On commencera par le dessert, que je sois sure d'avoir assez d'appétit pour le savourer." S'alongeant un peu, elle se met sur le côté pour pouvoir faire face à Milo. "Comment tu connais, ici ?"

Penser à tout, il essayait. Il croyait toujours le faire, et ces dernières semaines lui avaient montré que c’était faux. Parce que s’il pensait à tout, il aurait anticipé que quelques messages auraient foutu en l’air leur relation. Pas que ça en était la seule cause, l’enchaînement avait été dévastateur. Jamais il ne s’était imaginé qu’ils se retrouveraient là, encore six mois auparavant. À se promener dans ce genre d’endroit sans se toucher, sans qu’il ne passe son bras autour de son épaule, pour l’embrasser sur la tempe. Il s’était surpris y penser trop naturellement, avant de se raviser. Les habitudes difficiles à lâcher, après un an à s’être apprivoisés. Sourire presque crispé à ses paroles, alors qu’il met en avant le fait d’avoir choisi son dessert préféré. L’avantage, c’est qu’il connaissait si intimement ses goûts et qu’il y avait peu de risque de se foirer. Tête hochée quand il la voit faire un effort, le dessert est sorti alors qu’il retire le couvercle pour la servir. – J’suis déjà venu une fois, avec des amis. Je me disais que c’était le bon moment pour revenir. Belle journée, étonnamment peu fréquenté aujourd’hui. L’assiette en carton qu’il lui tendait, avec une petite part. Rien de trop intimidant, pour lui donner l’envie de manger plus facilement. Lui commençait dans l’ordre, son plat servi. Il s’installe, les genoux remontés vers lui. – Des fois, je crois qu’on se sentirait mieux à vivre dans cet environnement qu’en centre de Boston. Difficile d’avoir la paix, là-bas.