MOTOKO WHITAKER ✧ suzu hirose

tout a commencé avec cette femme : fumiko suzuki. jeune étudiante de vingt ans, heureuse et épanouie. cette tokyoïte a tout pour elle dans la vie : des amis, un physique plus qu’appréciable et une famille aimante. mais — parce que la vie n’est pas toujours rose — à son histoire si parfaite, s’ajoute un problème : fumiko vient d’apprendre qu’elle est enceinte.

et parce qu’un problème n’arrive jamais seul, tout s’est très rapidement enchaîné : ses amis ont tous coupé les ponts avec elle — il faut dire que pour un pays aussi strict que le japon, sortir des codes n’est jamais bien vu. si seulement ce n’était que ça. désormais sans amis, fumiko se retrouve aussitôt mise à la porte, sa famille faisant comme si elle n’avait jamais existé. alors la voilà neuf mois plus tard, devant les portes du premier orphelinat de la capitale nippone. elle ne peut se permettre de garder l’enfant ; depuis son émancipation involontaire, passer l’hiver avec un nourrisson est inimaginable. et puis, elle est jeune, fumiko. bien trop jeune.

rapidement, l’orphelinat devient sa première demeure et les gardiennes, ses mamans. elles lui ont trouvé un nom — motoko (元子), littéralement enfant de la capitale. et elles l’ont vu grandir, motoko. apprendre à marcher, à lire, à écrire. c’est seulement en août 2008, à l’âge de 4 ans qu’elle fut adoptée par une famille : les whitaker. sa seconde famille. sa seconde maison. pour autant, eux comme elle ne voulaient pas oublier son passé, alors le prénom est resté inchangé.

grandir dans une famille telle que les whitaker a probablement été pour elle le plus beau des cadeaux. entourée de ses huit frères et sœurs, c’est ici qu’elle a appris à aimer et à être aimée. elle a également eu ses premiers caprices, ses premières réflexions. et puis ses premières passions. décembre 2008, son premier noël à la maison. les cadeaux tombent du ciel, mais un cadeau va finir par accaparer toute son attention : un piano. sonne le début d’une grande histoire d’amour entre motoko et la musique.

commence alors le début des leçons. d’abord aux côtés de son frère soren, mais rapidement le niveau augmente et elle continuera seule. vrai petit génie, moto est la fierté musicale de la famille — faut dire que posséder l’oreille absolue, ça aide. ça a commencé par de simples concertos, puis les concours sont arrivés. piano, violon, trompette. ses trois instruments de prédilection, pour lesquels seules les médailles d’or sont de mises chez les whitaker. de quoi forger leur caractère le plus fort : l’ambition.

mais il serait tort de réduire motoko à la musique seulement. touche à tout, elle s’est découvert une véritable passion pour le japon — peut-être dû à son désir de renouer avec ses origines. entre ikebana, céramique & city-pop, moto a tout de suite considéré un voyage sur les terres de ses ancêtres comme une évidence. alors, high school diploma en poche, la voilà s’envoler pour la capitale nippone.

deux années passées et la voilà de retour sous le soleil américain miaméen bostonien. après un séjour plus que ressourçant,  motoko est fin prête à entamer ses études de musicologie, prête à retrouver ses frères et sœurs qui l’ont tant manquée.