échappée libre (( spencerwaal #4 ))

Les deux amoureux dévalaient les routes sinueuses de Mykonos à bord de leur quad loué, le vent chaud de l’île caressant leurs visages. Landon était celui qui conduisait, alors que Cassie avait ses deux bras enroulés autour de la taille de son chéri. Le soleil doré de l'après-midi baignait les collines rocheuses et les maisons blanchies à la chaux d'une lumière éclatante, créant un contraste saisissant avec le bleu profond de la mer Égée qui s'étendait à perte de vue. Chaque virage leur offrait une nouvelle perspective, une nouvelle vue imprenable qui les laissait sans voix. Cassie riait aux éclats, sa chevelure flottant derrière elle alors qu'elle s'accrochait fermement à son cow boy. « Ne nous perds pas ! » cria-t-elle à Landon, sa voix remplie d'une excitation enfantine. Ils empruntèrent alors un chemin de terre qui les mena à un petit village pittoresque, niché à flanc de colline. Ici, le temps semblait s’être arrêté. Les habitants, souriants, leur faisaient signe alors qu'ils passaient, leurs rires se mêlant à celui des touristes qui flânaient dans les ruelles pavées.  « Arrêtes-toi là, ça a l'air cool pour prendre quelque chose à boire, j'ai soif » dit-elle alors qu'elle regardait déjà où est ce qu'ils pouvaient se poser, mais surtout où est ce qu'ils se trouvaient réellement sur le GPS du téléphone. « Ok, parfait. Et après ça, on reprend la route. Il y a une plage cachée pas loin d’ici, accessible seulement en quad. » Toujours devoir prévoir. Elle avait du mal à lâcher prise et se laisser guider par la vie, et des imprévus.

@Landon Fabre-Spencer

Cette sortie en quad, tu l'avais appréhendée, d'une part parce que ça faisait littéralement des mois que tu n'avais pas pris la route avec ce genre d'engin et d'autre part, cela te faisait inévitablement penser à cette virée en moto que Cassie avait faite avec ce type en Sicile. Objectivement ce n'était pas si grave, mais toutes les sensations que tu ressentais à bord du bolide te faisait inévitablement penser à ce qui aurait pu être et ce qui n'aura pas lieu. Tu en retirais une certaine amertume, si ce n'est une certaine tristesse. Tu faisais toutefois bonne figure pour ne pas gâcher le moment mais aussi parce tu essayais de rester prudent. Les routes de Mykonos étaient non seulement étroites mais aussi très sinueuses, la géographie de l'île grecque étant assez accidentée. Manoeuvrer le quad lors des croisements avec les véhicules qui venaient en face relevait de l'exploit mais tu ne te sentais pas trop dépaysé. Les tracteurs que tu manœuvrais sur les routes de campagne étaient bien plus lourds et difficiles à manier qu'un quad. "J'essaie." Tu répondis en tournant légèrement la tête vers la blonde mais il semblerait que ta voix se soit faite emporter par la vitesse et le vent qui ébouriffait vos cheveux. C'était bien pour cette raison que tu restais prudent, pour ne pas vous perdre. Tout naturellement, tu ralentissais en traversant les villages blindés de touristes. Tu n'avais aucune idée de l'endroit où vous allez, aussi tu te laissais guider par ta copilote. Ça n'avait l'air de rien, comme ça, mais c'était un signe de confiance que tu lui accordais, car tu étais du genre à planifier tes itinéraires dans les moindres détails, les imprévus ayant tendance à te stresser. Tu t'arrêtas donc, tu avais aussi soif et tu ne disais pas non à un petit rafraîchissement. "On va à la plage, donc? Il y a des endroits pour se garer au moins?" Tu l'espérais, en tout cas, parce que tu te voyais mal abandonner votre véhicule comme ça, parce que tu n'avais pas l'intention de rentrer à pieds.

Cassie sentit le vent fouetter son visage alors que le quad filait à travers les routes sinueuses de Mykonos. Elle tenait fermement son casque, un sourire malicieux aux lèvres, savourant ce mélange d'adrénaline et de liberté. Mais malgré l'excitation du moment, elle ne pouvait s'empêcher de jeter un coup d'œil discret à son compagnon de route. Elle avait remarqué son silence, une concentration plus intense qu'à l'habitude. Quelque chose le préoccupait, c'était évident, mais elle choisit de ne pas le brusquer. La route étroite défilait sous les roues du quad, les paysages typiques des Cyclades se succédaient : des maisons blanches aux volets bleus perchées sur les collines, des oliviers, des petites chapelles aux dômes arrondis, et en contrebas, la mer Égée d’un bleu profond qui s’étendait à perte de vue. Elle savait qu’ils finiraient par trouver un de ces petits coins de paradis où se poser, loin des sentiers battus. En entendant sa question, elle tourna la tête vers lui, ses cheveux blonds ébouriffés par le vent. « Oui, on va à la plage ! Je pense qu’il y aura de la place pour se garer, ne t’inquiète pas. » Cassie lui tapota l'épaule pour qu'il la suive lorsqu’elle aperçut un petit chemin de terre qui semblait mener vers le bas. Elle le guida avec confiance, même si elle n’était pas tout à fait certaine de la destination finale. Mais elle avait confiance en eux, en leur capacité à trouver leur chemin, ensemble. Le chemin descendit en pente raide, débouchant sur une crique isolée où quelques autres quads étaient déjà garés. Parfait, se dit-elle. Elle leva un pouce en direction de son petit copain, satisfaite de leur trouvaille. Une fois garés, ils descendirent du quad, leurs pieds touchant le sable chaud. Cassie se tourna vers lui, un sourire complice illuminant son visage. « C’est juste là, on aura la plage presque pour nous tous seuls. Ça va être trop bien. » Cassie attrapa sa main brièvement, une manière discrète de lui dire qu’elle était là, qu’ils étaient là, ensemble. « Allez, viens. On va se rafraîchir un peu. »

Tu prenais ton rôle de pilote très au sérieux, tu ne te laissais pas distraire par des éléments extérieurs pendant que tu conduisais. Tu ne connaissais pas la route et tu ne voulais pas commettre d'imprudence, d'autant plus avec Cassie à l'arrière. La fois où tu t'es planté avec Zaian t'avait suffi, tu n'avais pas envie que la même chose vous arrive alors que vous étiez à l'étranger, si loin de chez vous. Il est vrai que tu étais tendu, dans l'hypervigilance, attentif à tout. Cassie n'avait plus qu'à profiter du paysage, de la sensation du vent dans ses cheveux, tandis que tu t'occupais du reste, de votre sécurité à tous les deux. Pour te repérer tu t'en remettais entièrement à elle, suivant ses indications sans broncher. "OK, reçu cinq sur cinq!" Tu acquiesças, lâchant les manettes d'une main pour lever le pouce en l'air. De là où tu te trouvais, dans cette position, tu regrettais de ne pas pouvoir effleurer une de ses jambes au passage, dans une caresse discrète et furtive. "Accroche-toi la pente est raide!" Tu lanças, par dessus ton épaule alors que le bolide s'engageait sur le sentier côtier. Vous n'étiez visiblement pas les seuls à avoir eu l'idée de venir ici, à en juger les quelques véhicules déjà stationnés, en contrebas. Tu pouvais supposer qu'après avoir rejoint l'aire de stationnement il vous faudra continuer à pieds. Tu ne disais rien, tu voulais juste profiter de ce moment de quiétude, et admirer le paysage. Tu serras légèrement sa main en retour lorsqu'elle te la prit. Tu sortis ton téléphone de ton sac banane que tu portais en bandoulière, pour prendre une photo de la mer qui s'étendait devant vous, à l'infini. Tu envoyas rapidement la photo à ta mère, qui en avait réclamé. " C'est beau." Tu fis remarqué, émerveillé par le spectacle que la nature vous offrait si généreusement. Tu ne savais pas ce qu'elle entendait par se rafraîchir mais tu te disais que tu pouvais au moins tremper les pieds dans la mer Égée. Tu attrapas sa main plus franchement, pour ne plus la lâcher tandis que tu marchais à ses côtés. "Je suis content d'être ici avec toi." Tu dis enfin, en tournant la tête vers elle. Tu n'étais pas forcément démonstratif, ni très bavard, mais ce que tu venais de dire, tu le pensais sincèrement.

Cassie ressentit un mélange de chaleur et de sécurité en entendant ces mots de la part de Landon. Sa main dans la sienne, elle sentit une connexion profonde.Elle le regarda un instant, absorbant la sincérité dans ses yeux, avant de lui offrir un sourire doux, plein de tendresse. « Moi aussi, je suis contente d’être ici avec toi, » répondit-elle, sa voix empreinte d’émotion. C’était vrai. Être ici, à l’autre bout du monde, loin de tout ce qui leur était familier, rendait ce moment encore plus précieux. La beauté brute du paysage, le souffle léger du vent marin, et la sensation réconfortante de sa main dans la sienne faisaient de cet instant quelque chose d’unique. Ils continuèrent à marcher côte à côte, leurs pas s’accordant naturellement, comme s’ils suivaient un rythme commun. Cassie profitait de chaque détail du paysage : les falaises abruptes qui plongeaient dans la mer d’un bleu profond, les criques cachées qu’ils apercevaient de temps à autre, et le ciel d’un bleu éclatant, sans un nuage à l’horizon. Elle jeta un coup d’œil furtif à Landon. Elle sentit Landon resserrer légèrement sa prise sur sa main, comme s’il voulait s’assurer qu’elle était toujours là, présente à ses côtés. « Tu veux aller tremper les pieds ? Elle a l’air bonne, non ? » Impatiente de sentir l’eau fraîche contre sa peau, son corps. Ils descendirent ensemble vers la plage, leurs pieds foulant le sable chaud qui glissait doucement sous leurs pas. Lorsqu’ils atteignirent enfin le bord de l’eau, Cassie ne put s’empêcher de lâcher un petit rire de bonheur en sentant la fraîcheur des vagues lécher ses orteils. Elle se tourna vers Landon, ses yeux pétillant d’excitation. « Allez, viens. Je te lâche pas. » lui dit-elle en le prenant par la main. Elle ne voulait pas le forcer, mais elle voulait profiter de ce moment avec lui. Elle voulait le rassurer et lui faire comprendre qu’avec elle, tout irait bien. Ils n’allaient pas totalement se baigner, mais juste se mouiller les pieds.

Après plusieurs semaines d'un manque insupportable, tu avais enfin l'impression d'être de nouveau entier. Il est vrai que tu avais craint que la distance avait tué dans l'œuf  votre relation toute jeune mais tu étais soulagé de constater que ce n'était pas le cas. Tu te sentais enfin à ta place et l'endroit importait peu, tant que tu étais auprès d'elle. La chaleur de sa paume contre la tienne te rassurait, les mots ici n'étaient pas nécessaires, tu te contentais de simplement ressentir. La brise marine ébouriffait tes cheveux épais et les rayons du soleil caressaient ta peau qui avait encore pris des  couleurs depuis la dernière fois que vous vous êtes vus,couleurs que tu avais prises à force de travailler dehors, à la ferme de tes parents. Deux salles, deux ambiances. Finalement, Cassie te proposa d'aller tremper les orteils dans la mer d'un bleu profond. Bien que tu te sois préparé à cette éventualité, tu n'avais pas encore décidé si tu voulais franchir le pas. Prévoyant comme à ton habitude, tu avais toutefois mis un caleçon de bain sous tes vêtements, juste au cas où, aussi il n'y avait aucun risque que tu te baignes cul nu. Le sourire encourageant de Cassie acheva de te convaincre. C'était une occasion unique qui se présentait là, l'eau avait l'air propre et transparente, ce n'était pas du tout comme chez vous, à Boston, où l'eau était verdâtre, voire grise et ne donnait pas du tout envie de s'y baigner, en plus d'être froide. Ce n'était pas que tu étais particulièrement frileux mais lorsque tu imaginas l'eau froide de la baie du Massachusetts s'insinuer entre tes orteils, un frisson glacé te dévala l'échine et te donna la chair de poule. L'eau de la mer Egée devait être bien meilleure. "D'accord je viens." Tu cédas finalement, avant de te pencher pour enlever les lacets de tes chaussures de marche ainsi que tes chaussettes fantaisie. Heureusement que le ridicule ne tuait pas parce qu'on ne te refera pas. "Mais seulement les pieds, d'accord?" Quitte à apprendre à nager tu préférais encore le faire dans la piscine de votre hôtel, il y avait tout de même moins de risques d'être emporté au large par un courant trop puissant. "On ne risque rien à laisser nos affaires sur la plage, hein?" Tu t'enquis, un peu réticent â laisser tes chaussures hors de portée des vagues qui venaient s'abîmer paresseusement sur le rivage.

Cassie ne put s’empêcher de sourire en voyant la réticence sur le visage de son copain. Elle aimait cette façon qu’il avait de toujours être préparé, parfois un peu trop prévoyant à son goût, mais c’était aussi ce qui faisait partie de son charme. Tandis qu’il retirait ses chaussures avec une certaine minutie, elle se rapprocha de l’eau, sentant le sable chaud sous ses pieds et le doux frisson de la mer qui venait chatouiller ses orteils. « T’inquiète, on ne risque rien, » répondit-elle en se retournant vers lui, ses yeux brillants de malice. « On est presque seuls ici, et puis, qui irait voler des chaussures de marche ? » Elle rit légèrement avant de le regarder à nouveau, prête à l’encourager. Cassie adorait ces moments simples avec lui. Ici, tout semblait plus léger, plus fluide. « Allez, juste les pieds ! » lança-t-elle avec enthousiasme en tapotant la surface de l’eau du bout des orteils. « L’eau est parfaite, promis. Rien à voir avec celle de Boston ! » Elle leva les bras, mimant une vague pour ajouter à la plaisanterie, tout en l’invitant du regard à la rejoindre. Elle le connaissait bien désormais, savait quand il hésitait encore, mais aussi quand il se laissait doucement convaincre. Elle se rapprocha de lui, les cheveux portés par la brise, puis tendit la main comme pour l’encourager à faire le grand pas – ou du moins, à tremper les pieds. « Et puis, on est en vacances, non ? C’est le moment de profiter. » Elle lui lança un regard complice. « Et je te promets que je ne te pousserai pas à aller plus loin. Sauf si tu changes d’avis... » Elle haussa un sourcil, taquine, avant de revenir près de l’eau, le sable humide se mélangeant sous ses pas avec la mer Egée d’un bleu éclatant. Elle appréciait ces moments simples et paisibles avec lui, ces instants où ils pouvaient juste être eux-mêmes, loin de tout le reste.

@Landon Fabre-Spencer

Le quad une fois garé, Cassie voulait désormais aller tremper ses pieds dans la mer. Non sans grogner un peu au passage, tu avais ôté tes chaussures à ton tour pour te retrouver  pieds nus dans le sable. La texture était très différente de celle que tu connaissais à Boston, les grains étaient beaucoup plus fins et beaucoup plus agréables à fouler. Tu t'aventuras à la suite de ta copine, t'amusant de la voir aussi enthousiaste. "On ne sait jamais ce qui peut se passer dans la tête des gens." Tu répondis tranquillement, les mains enfouies dans les poches de ton pantalon. "S'ils veulent nous piquer nos chaussures ils nous les orendront quand même et nous n'aurons plus qu'à rentrer pieds nus. Ou acheter des claquettes dans une boutique de plage. " Ce n'est pas comme s'il en manquait, dans le coin. Tu commençais toutefois à te détendre, pour mieux apprécier l'insouciance de cet instant. Elle avait raison, Cassie, il n'y avait personne aux alentours, aussi si quelqu'un s'aventurait un peu trop près de vos affaires vous ne pourrez pas le louper. Te voilà désormais rassuré. À présent, Cassie t'encourageait à la rejoindre dans l'eau. Elle semblait dans son élément, sa belle robe flottant tout autour d'elle, le tissu battant au vent à la manière d'une bannière. Tu te laissas volontiers charmé par cette vision et, soudainement mû par l'envie de la rejoindre, tu franchis les quelques pas qui vous séparaient. Tu attrapas la main qu'elle te tendait et tu tiras légèrement sur son bras pour l'attirer contre toi. "Tu vois, je suis là." Tu murmuras doucement, tes doigts noués aux siens. "J'ai trempé les pieds." Tu en parlais comme si tu venais d'accomplir un exploit alors qu'il n'en était rien. La sensation de tes pieds enfoncés dans le sable mouillé était assez désagréable mais tu passais outre, bien trop heureux de marcher aux côtés de ta petite-amie. "On fait la course?" Tu proposas en la regardant, l'air beaucoup trop sérieux pour les circonstances. "J'ai bien envie de me dégourdir les jambes après avoir traversé toute l'île en quad." L'île n'était en soi pas très grande mais tout de même, tu avais eu le cul vissé sur le siège un long moment et tu ne tenais pas en place. "Le dernier est une andouille!" Tu t'écrias avant de t'élancer, tes pieds produisant un léger clapotis à chaque pas que tu faisais vers la ligne d'arrivée invisible  C'est que tu te comportais comme un gosse, par moments, et après ces quelques semaines passés à t'occuper de ton père tu en avais besoin, de ces moments de légèreté.

Cassie éclata de rire en le voyant partir en trombe sans prévenir, éclaboussant l'eau autour de lui comme un enfant lancé dans une aventure. Le défi lancé, elle se précipita à sa poursuite, ses pas légers sur le sable humide. Elle aimait ces moments où il se laissait aller, où il se montrait aussi insouciant et plein de vie. En ces instants, elle sentait qu’elle avait retrouvé ce côté enjoué que le poids des responsabilités semblait parfois étouffer chez lui. Elle accéléra le rythme, tentant de le rattraper, le vent salé ébouriffant ses cheveux et son rire se mêlant au fracas des vagues. La course ne menait nulle part en particulier, mais l’important n’était pas d’arriver, c’était de profiter de cet instant où le monde semblait si simple. Cassie finit par le rejoindre, ralentissant à tes côtés, le souffle court mais un sourire radieux accroché à ses lèvres. « Une andouille, vraiment ? » Elle lui donna un léger coup sur l'épaule, essoufflée mais toujours prête à le taquiner. « C’est moi qui devrais dire ça après que tu m’aies laissée derrière en traître ! » Elle posa ses mains sur ses hanches, observant l’horizon, les reflets du soleil dansant sur l’eau sombre. Après un instant de silence, elle glissa doucement sa main dans la sienne, savourant la simplicité de ce geste. Elle savait qu’il avait traversé des semaines difficiles, et elle avait espéré que ce moment sur la plage lui rappellerait qu’il y avait toujours des espaces pour respirer, même dans le chaos. « Tu sais… » commença-t-elle, d’un ton plus doux, sans lâcher sa main. « J’aime bien te voir comme ça, libre et insouciant. J’espère que tu pourras en avoir plus souvent, des moments comme ceux-là. » Elle leva les yeux vers lui, heureuse d’avoir pu le voir sourire sans réserve, au moins pour un moment.

@Landon Fabre-Spencer

Il est vrai que tu te laissais rarement aller, toi qui semblais toujours porter le poids du monde sur tes épaules. Tu étais si jeune, tu avais probablement encore plein de choses à vivre et à découvrir et pourtant tu avais déjà l'air d'un colosse, un colosse aux pieds d'argile. Tu prenais tes responsabilités sans sourciller, t'occupant de ta famille sans faillir parce que tu avais la conviction profonde que c'était là ton devoir. Ton côté obstiné faisait que tu lâchais rarement la bride, tu exerçais un contrôle serré de tes émotions quand d'autres s'accordaient le luxe de se distraire, de s'amuser sans se soucier le moins du monde qui les entouraient. Tu étais toujours en recherche de quelque chose, d'un idéal de perfection impossible à atteindre, tu étais doté d'une éthique qui t'était propre et à laquelle tu dérogeais rarement. Tu n'étais pourtant pas quelqu'un de particulièrement altruiste, et, si toutefois tu l'étais, tu ne t'en vantais pas. Tout ce que tu faisais, tu le faisais sans rechercher la gloire et la reconnaissance. Au vu de tout ceci, c'était tellement rare de te voir lâcher un sourire, encore moins de rire aux éclats, toi qui paraissais toujours sérieux, entouré d'une muraille infranchissable. C'était insolite de te voir t'élancer  comme un enfant sur cette plage perdue sur cette île du bout du monde et, heureusement pour toi sous peine de vivre un grand moment de solitude, Cassie avait joué le jeu, elle s'était lancée à ta poursuite sans hésiter. Tu te fendis d'un rictus satisfait lorsque Cassie te reprocha de l'avoir laissée derrière, jusqu'à t'accuser de traîtrise. "Je n'ai jamais dit que je serais fair play." Tu rétorquas du tac au tac, amusé par la situation. Bien évidemment que tu ne pensais pas que Cassie fût une andouille, pas plus que tu avais une quelconque supériorité à prouver, c'était juste pour le plaisir du jeu, car il fallait bien l'avouer, tu pouvais te montrer particulièrement facétieux par moments  . Aucun de vous deux ne pipa mot pendant un moment, le temps sans doute de reprendre votre souffle. Tu baissas la tête vers vos mains enlacées, puis ton regard se posa sur elle. Même essoufflée, les joues rougies par l'effort, tu la trouvais magnifique. Ce fut elle qui brisa le silence la première. Tu haussas les sourcils, surpris par sa soudaine confession. "Oh." Tu te contentas de répondre, ne sachant pas trop quoi ajouter de plus. Ne venait-elle pas de te qualifier de libre et insouciant, des adjectifs qui étaient rarement utilisés à ton sujet? "Ne t'y habitue pas trop casse-croûte, tu risquerais de ne plus me reconnaître, à force." Parce que la frivolité et l'insouciance était à des galaxies de ce que tu étais, qui tu étais même si, derrière la muraille, se cachait un être bien plus sensible, bien plus fragile que tu voulais bien le laisser paraître. Tu lâchas la main de ta copine pour passer ton bras autour de ses épaules et l'attirer contre toi. Tu voulais juste regarder la mer qui s'étendait à perte de vue et qui, tu le savais, abritait d'autres îles, d'autres mondes que tu ne connaissais pas encore et que tu brûlais de conquérir.