(TW) Navigating Change • Anson

Mardi 27 août.

Réalité invitée. Angoisse augmentée. Le Summer Camp avait pris fin deux jours auparavant. La parenthèse vacancière s'était refermée laissant la réalité et le quotidien reprendre leurs droits. Ça me déplaisait quelque part. Ange qui avait l'impression de ne pas appartenir à la vraie réalité. Ange qui peinait à se trouver un quotidien. Je n'avais plus d'emploi fixe à Boston depuis que j'avais vendu le Queer Lips pour m'éloigner de la ville et de mes addictions. Mon seul job était d'être ce chanteur célèbre et je savais que si je me lançais pleinement sur ce chemin, cela risquait d'impliquer de nombreux mouvements pour divers concerts et autres événements. Est-ce que ça me convenait ? Je n'en savais foutrement rien. D'un côté, ça me plaisait. Mais, de l'autre, ça me donnait l'impression de ne pas pouvoir réellement me poser quelque part pour une vie... Normale, calme. Le soupir passait la barrière de mes lèvres tandis que mon regard se posait sur le réveil à côté de mon lit. Six heures. Il était encore tôt, mais je savais que je ne parviendrais pas à me rendormir. Enfin... Je n'avais déjà pas beaucoup dormi passant la majeure partie de ma nuit à griffoner des paroles et à lutter seul contre l'appel des addictions. Je savais aussi que je n'avais plus envie de rester là. Seul. Isolé. Lorsque Grayson et moi étions rentrés du Summer Camp, j'avais choisi de retourner au sein de mon appartement même si celui-ci était bien trop vide à présent que mon colocataire ne reviendrait pas. Et, après ces deux mois presque tout le temps avec Grayson, cette solitude soudaine était douloureuse. Elle déplaisait. Me redressant rapidement, je m'habillais avec les premières fringues qui me tombait sous la main avant de quitter les lieux emportant un carton au passage. Je me mettais en route suivant sans réfléchir le chemin qui me mènerait chez Gray. Je m'arrêtais dans une boulangerie sur le chemin récupérant de quoi faire un petit-déjeuner. Et, à quelques rues de chez celui que je pouvais appeler mon mec, mes prunelles claires s'accrochaient à une couverture de magazine. Un magazine dont la première page représentait une photo de Grayson et moi en train de nous embrasser. Mon regard glissait sur les mots Entre passion, addictions et destin tragique, qui sera le prochain à tomber dans le couple Anson ? Les doigts se mettaient à trembler. Le cœur s'affolait. Je déposais mes biens au sol pour glisser difficilement une cigarette entre mes lèvres avec le fol espoir que ce poison trop léger m'aiderait à ne pas sombrer. Je restais figé devant le magazine de trop longues minutes la cigarette se consummant rapidement. Et lorsque je sentais l'envie de drogue frapper, je tournais le dos au magazine me remettant en marche et pressant le pas. Arriver devant chez Gray. Pénétrer dans l'immeuble. Rejoindre l'appartement du petit ami. Y entrer comme si j'étais chez moi. Je déposais le carton dans l'entrée avant de retirer ma veste l'accrochant rapidement tout en faisant valser les chaussures. Le silence semblait régner dans les lieux. Je me dirigeais vers la chambre de Gray sur la pointe des pieds. Le sourire se dessinait sur mon visage lorsque je le voyais endormi. Ça apaisait l'être. Ça calmait les démons. M'approchant du lit, je me glissais sous les couvertures tout habillé. Mon corps s'approchait de celui de Gray. Mes doigts se déposaient sur son torse glissant doucement sur sa peau jusqu'à atteindre son bas-ventre où je m'arrêtais. Mes caresses changeaient de sens allant de gauche à droite sans descendre plus bas tandis que mes lèvres se déposaient sur l'épaule de Gray remontant lentement dans son cou.

Est-ce que ce sera facile, cette relation ? Non, pas du tout. Aucune relation ne l'est. Chacun possède ses hauts et ses bas. Vous êtes deux caractères assez forts et bornés, ce qui risque très fortement d'amener des situations enflammées. Tu étais triste quand le voyage en Italie s'est terminé, mais dans un sens... Tu as respiré quand tu es revenu à Boston parce que tu retrouves tes repères. Tu retrouves ton meilleur ami, ton appartement. La bulle dans laquelle tu étais avec Ange était parfaite pour toi depuis que vous êtes devenu officiaux. Tu l'aurais attendu encore des mois, s'il avait fallu, mais c'est lui qui est venu vers toi en premier. Tu as fini par dire oui pour te mettre en couple avec lui. Tu ne pensais jamais que ça allait arriver (pour toi) d'aimer au point que tu deviens presque obsédé et que tu jalouses quiconque s'approche trop de lui. Enfin... Tu l'as été pour ton ancien meilleur ami, mais vous n'étiez pas devenu un couple et tu te rends compte que tes sentiments pour Ange sont encore plus puissants que ceux que tu as déjà pu éprouver avant. Tu ignores bien sûr pour le magasine et puis ce n'est pas trop toi de te laisser envahir par les ragots. Si les gens veulent parler, ils le font. On ne peut jamais empêcher quiconque d'ouvrir sa grande gueule pour raconter que de la merde et puer d'la gueule comme un chameau. Tu t'es couché tard. Tu es uniquement vêtu de ce drap foncé jusqu'aux reins quand Ange pénètre dans ton appartement. Appartement dans lequel il a vécu pendant 2 mois et qui vous a énormément rapproché. Tu es profondément endormi lorsqu'il se rapproche de toi et vient sur ton lit. Si tu avais le sommeil léger il est fort possible que ton petit copain t'aurai réveillé violemment en sursaut, mais non. Tu plisses le nez quand tu sens quelque chose contre ta peau qui provoque lentement la remontée vers la réalité. Tu finis par battre un peu des paupières quand tu sens une présence, un contact et tu reconnais distinctement les tatouages d'Ange, donc tu refermes les yeux. Si ça avait été quelqu'un d'autre, tu te serais sûrement battu avec, surtout pour t'avoir réveillé, être dans ton intimité sans avoir demandé et surtout que tu n'as absolument aucune envie d'être nu avec quelqu'un d'autre que ton petit ami. Tu souris doucement quand ses doigts commencent à passer sur ta peau. Ton ventre creuse légèrement quand il vient y passer les doigts. Ce qui te fait le plus réagir, ce sont ses lèvres si douces dans ton cou et tu as la chair de poule qui apparaît. "- Diable que je prendrais plus de réveils comme ceux-là..." que tu dis d'une voix rauque causée par le sommeil. Tu glisses un bras possessif autour des hanches du géant et soudain, tu te retournes, le faisant tomber  et tu roules encore pour te retrouver au-dessus de lui. Un peu entremêlé dans la couverture. Tu ouvres les yeux en souriant, plongeant tes glaciers dans ses orbes électriques. "- Bon matin, trésor..." que tu dis dans un murmure puisque vous êtes seuls. Tu penches la tête pour venir poser un baiser sur ses lèvres et l'une de tes mains vient gentiment jouer avec l'une de ses mèches. "- J'aime ce genre de surprise, même si je suis sûr que j'aurai mieux dormi avec toi à mes côtés. " Tu viens poser un baiser sur sa joue en souriant. "- Est-ce que tout va bien ?" Parce que tu t'inquiète aisément de son état. Surtout depuis qu'il est devenu officiellement ton petit copain. Déjà que tu étais protecteur envers lui, maintenant ce sera pire. Mais tu ne seras pas aussi envahissant pour ne pas le laisser faire ce qu'il désire, mais tu vas être plus attentif.  

Titre cognant. Angoisse récalcitrante. Malgré ma fuite loin de la presse à scandale, je ne parvenais pas à l'occulter totalement de mon esprit. J'avais beau me trouver dans le lit de mon petit ami, je ne parvenais pas à effacer de ma tête les mots qui s'étaient dessinés sous mes yeux quelques minutes plus tôt. Je savais que ce n'était que des conneries. Je savais que je ne devais pas y prêter attention. Cependant, une partie de moi ne pouvait s'empêcher d'être coincée dans la spirale de ces horribles mots. Ange qui était persuadé de ne pas avoir le droit d'être heureux. Ange qui avait la trouille que tout tourne mal. Parce que ça allait mal tourner n'est-ce pas ? À un moment ou à un autre, cette histoire risquait de m'exploser à la gueule. Je le sentais. C'était obligé. Ça avait toujours été ainsi dans mon existence. Lorsque le bonheur s'invitait, on me laissait en profiter quelques temps avant de tout m'arracher et de me balancer au fin fond de l'Enfer. Un frisson courrait sur ma peau à cette idée qui ne voulait pas me quitter. Quelque part, je ne parvenais pas à totalement me réjouir ni même lâcher prise parce que j'avais peur. Peur de le perdre. Peur du moment où tout exploserait. Peur que ça déraille comme ça arrivait toujours. Alors, comme pour apaiser encore plus ces démons qui me dévoraient, mes doigts bougeaient sur Gray. Ils glissaient sur sa peau et je me concentrais sur ça tandis que mes lèvres glissaient dans son cou venant embrasser sa peau. Mon copain s'éveillait. Sa voix rauque résonnait allumant une flamme de désir dans mon être jamais rassasié de lui. Je ne répondais pas continuant de dévorer son cou. Le bras de Gray glissait autour de mes hanches et, bien trop vite, il y avait du mouvement. Gray me retournait me faisant tomber et il se retrouvait au-dessus de moi. Mes prunelles trouvaient les siennes. Mon sourire se dessinait. Les mots de la presse à scandale s'effaçaient un peu plus de mon esprit même s'ils restaient là. Le « Bon matin chéri » glissait de mes lèvres avant d'avoir le droit à un baiser qui venait encore plus m'apaiser. Un baiser qui m'allumait aussi sans le moindre doute. Je n'y pouvais rien si mon désir pour Grayson était aussi fort. Mes mains se déposaient sur les hanches de mon copain et mes prunelles se fermaient en sentant ses doigts dans mes cheveux. Je me laissais bercer par sa voix répliquant d'un ton amusé « Tu avais l'air de parfaitement bien dormir... » Et c'était vrai. Il avait l'air plongé dans le sommeil. Je l'enviais. Moi j'avais tant de mal à m'endormir tout seul. Mes nuits chez moi étaient bien souvent des nuits blanches, mais c'était mon choix. Je ne voulais pas précipiter plus les choses. Je refusais d'aller trop vite et de ne pas savoir m'en relever si les événements tournaient mal. Lorsque les lèvres de Gray glissaient sur ma joue, mes prunelles s'ouvraient de nouveau. La question tombait alors. Je grimaçais incapable de me retenir, de me cacher. Pourtant, je sélectionnais la fuite dans un premier temps. Me redressant à peine, je venais capturer les lèvres de mon copain tandis que mes doigts serraient ses hanches. Mon corps se pressait contre le sien. Le désir était bien présent. À bout de souffle, je me laissais retomber et je marmonnais « J'ai vu de la putain de presse à scandale... Sur toi et moi... » C'était tout ce que je soufflais. Ange qui n'avait pas envie d'entrer plus dans les détails. Ange qui voulait simplement oublier ces mots cognant pourtant toujours dans le crâne.