château vieux ! (billie)

Tu avais à nouveau envie de découvrir Raguse by night, car les photos que tu avais prises le soir de votre arrivée à la dernière destination de votre périple sicilien t'avait laissé un goût de trop peu. Tu avais fait une sieste de quelques heures après avoir passé la journée à restaurée un pont avec Haiwee et il était temps pour toi de rejoindre Billie avec laquelle tu n'avais pas forcément passé beaucoup de temps, malgré le fait que Billie t'était parue sympathique en dépit de son côté sauvage. Puis, tu t'étais rappelé que la Adams aimait aussi la photographie. Tu avais noté ce détail la concernant parce qu'elle avait donné quelques clichés pour l'exposition d'art organisée avec la Pforzheimer quelques mois auparavant. Cela tombait bien, tu étais aussi un passionné et c'était tout naturellement que tu lui avais proposé de t'accompagner pour cette virée nocturne. "Salut Billie!" Tu lanças à la blonde en la voyant arriver. "Alors, tu es prête à aller explorer un peu les ruines de la vieille ville?" oui, les visites officielles étaient fermées, mais en tant qu'amateur d'urbex également tu savais que ces règles n'étaient qu'un détail et c'était exactement ce que tu avais proposé à ta coéquipière, une sortie urbex. Depuis Halloween, tu n'avais pas eu l'occasion d'en faire et ça te manquait.

Les vacances se terminaient, et je crois qu’elles devenaient vraiment mon moment préféré. Wade était venue me rejoindre, et les épreuves s’étaient clôturées, sans trop de mal si ce n’est un mal de crâne pendant une bonne soirée. Ne restait qu’une franche bonne entente entre les membres du groupe, si bien que j’avais vu débarquer dernièrement, quasi chacun des composants des ananas, pour un moment privilégié. Ne restait plus que toi Rainier. Et avant même que je n’ose un pas ou un message, tu anticipais ma demande - qui m’connaissant, aurait pu tarder.. jusqu’à la rentrée -, et nous voilà à Raguse, de nuit, l’appareil photo autour du cou. J’n’en ai pas beaucoup pris, de photos, et j’avoue que j’suis heureuse de retrouver ce compagnon. Particulièrement dans ce contexte. Et avec toi, puisqu’on se croisait sans vraiment se connaître toute l’année, et cette compétition avait permis de se fréquenter un peu plus. “Hey !” Un fin sourire, aux commissures. “J’m’attendais pas à ce genre de proposition, de ta part.” L’appareil levé un peu, pour expliciter ses propos, et les yeux autour. L’urbex, la photo, j’te voyais pas dans ce paysage. “C’est..” Et, j’dois même pas faire semblant, tellement mes traits sont détendus. “Un peu tout ce que j’aime.” La nuit, le silence d’un lieu qui n’est plus piétiné par les touristes. Typiquement le genre de choses que j’aurai pu faire avec Eowyn, en fait. “Tu lis en tout le monde comme ça ?” Les paupières se plissent un peu, comme un air suspicieux mal joué, alors que mes pas commençaient à s’aventurer.  

En voyant Billie arriver tu pus constater qu'elle semblait avoir repris du poil de la bête depuis la dernière épreuve. Il faut dire qu'elle n'avait pas été gâtée avec ses trois shooters et dans un sens, tu étais content d'y avoir échappé parce que si tu avais eu la même quantité qu'elle, avec tes médicaments, c'était la catastrophe assurée. Tu avais entendu dire que certains de vos concurrents ont fait des malaises et se sont retrouvés à l'hôpital, fort heureusement cela n'a pas été le cas pour vous. Tu avais tout de même hérité de quelques hématomes supplémentaires suite à ta chute de l'escabeau mais heureusement tu n'avais rien eu de trop grave, tu avais simplement gardé le lit le lendemain pour te remettre complètement. Tu avais donc de l'énergie à revendre même si cela signifiait te promener dans des monuments à la nuit tombée pour faire quelques clichés. Pourtant, ça t'avait paru naturel, logique de proposer à Billie de t'accompagner. Vous étiez tous les deux passionnés de photo, tu étais plus que ravi de pouvoir partager ta passion avec quelqu'un qui comprenait. Un sourire étira tes lèvres quand Billie confessa que c'était tout ce qu'elle aimait, jusqu'à te soupçonner d'avoir le pouvoir de lire dans les pensées. "Peut-être, qui sait." Tu glissas d'un ton conspirateur. "En vérité je me suis rappelé que tu avais donné des photos pour l'exposition d'art et je me suis dit que c'est une activité qui te plairait bien." Pas de pouvoir magique en somme, tu avais juste mémorisé un détail à propos de ta camarade - un véritable exploit quand on connaissait ta mémoire de poisson rouge. "Je n'en connais pas beaucoup qui sont passionnés par la photo, alors je suis content de pouvoir partager ça avec quelqu'un." Tu avais jugé que le château était approprié pour quelques prises de vue car avec les lumières braquées sur sa façade il sera magnifique.

Après l’affolement des épreuves, et tout ce qu’avaient subi les corps, souvent sollicités lors de la compétition, le refuge de la photographie semblait être une excellente idée. Surtout que les lieux s’y prêtaient, et méritaient qu’on s’attarde un instant, pour faire autre chose que courir, chercher, cumuler des citrons à la con. Peut-être que, maintenant les épreuves terminées, il ne nous restait que peu de temps pour profiter pleinement de la chance d’être ici, au milieu d’une architecture riche, la tête vidée de cette quête à la première place. L’équipe avait performé, j’refuse d’entendre le contraire. Qu’importe le résultat, je suppose que nous avons tous fait de notre mieux. Ouais, j’me considère avoir fait de mon mieux, les fesses sous un citronnier, sans franchement de réussite.. ni même de participation. Parfois, l'abstention est le meilleur des mouvements. Il faut bien se connaître, pour savoir quand on est une force, ou une charge. Ou être trop à l'ouest pour seulement réfléchir à ce genre de considération, aussi, d’accord. En tout cas, j’suis contente d’être ici, et d’avoir incluse dans ce plan. “C’était trop bizarre cette soirée, d’ailleurs.” Soulevé, un fin sourire à la bouche, en se rappelant de ce mélange étrange entre bleus et pfos. C’était pas vraiment compatible, et j’le pense encore. “Mais t’as bonne mémoire.” Les épaules se haussent. “J’ai pas trop de technique, j’suis pas sûre que ça soit très bon, mais..” Les doigts manipulent l’appareil. “J’sais pas, ça me fait du bien.” Le silence, avant la prise de photo. Et, le développement des photos, aussi. Capter un instant éphémère. Se rappeler que tout l’est. “J’sais pas si toi c’est pareil ?” Il peut y avoir aussi cette recherche de l’esthétique, et que sais-je, chacun a surement une bonne raison de s’adonner à des passions. “En tout cas y a pleins de spots sympas à Boston, aussi.” Comme une manière d’ouvrir les horizons. Une photo du château, et en capture spontanée, du prince.

 Tandis que vos pas foulaient les pavés anciens menant au château, tu étais en train d'évoquer avec Billie l'exposition d'art organisée conjointement avec la Pforzheimer. Tu ne te souvenais pas d'avoir eu un feedback de la part des autres Adams suite à cet événement alors ça se prenait, même plus de six mois après. Comme on dit, mieux vaut tard que jamais non? Tu comprenais cependant ce sentiment d'incompatibilité, quand deux maisons ayant des valeurs opposées se rencontraient, même de façon ponctuelle. "Pour ce que ça a servi..." Tu murmuras, perdu dans tes souvenirs. "Il y a eu entre-temps les dégradations à la Adams, on nous a accusés d'ostraciser toute une maison à cause de fausses rumeurs et finalement on nous a traités de ploucs." De mémoire, tu savais que Billie et Zephyr avaient été affichés sur Veritas parce qu'ils refusaient d'avoir affaire aux Pfo. Toi, tu t'étais toujours demandé comment leurs noms se sont retrouvés affichés alors que votre conversation était censée être privée. Tu secouas la tête. Il s'était passé tellement de choses depuis que tu avais l'impression que ça s'était déroulé dans une autre vie. Aujourd'hui, le sort des maisons était en suspens et nul d'entre vous ne savait lorsqu'il sera à nouveau possible de loger. Tu fronças les sourcils lorsque Billie déplora son manque de technique. "Au pire on s'en fiche que ce soit parfait, l'art c'est fait pour s'exprimer non?" Sauf si elle avait l'intention de présenter ses photos à un concours et même là, tu n'étais pas sûr que la technique soit le principal critère d'évaluation. Si la photo était exécutée de façon trop scolaire, sans âme, cela pouvait être également reproché. "Mais je comprends ce que tu veux dire. À moi aussi, ça me fait du bien." Lorsque tu partais en promenade armé de ton appareil photo, tu en profitais pour te vider la tête. Dans ta bulle, rien ni personne ne pouvait t'atteindre, pas même le temps qui passe. Ces instants semblaient suspendus. Tu hochas la tête lorsqu'elle mentionna Boston. "Il y en a, oui." Tu souris en coin. Les recherches de lieux abandonnés faisaient partie intégrante de la pratique de l'urbex, et la découverte était le sel de cette activité. "Tu l'avais fait, toi, le meetbex? On avait visité un opéra abandonné, je crois." Tu dis alors, en te rappelant que vous n'aviez pas été jusqu'au bout de cette aventure. À l'époque, Lyssandre était déjà de la partie, d'ailleurs.

 

La révolte jamais loin, je participe, quand je peux, j’essaye de m’intégrer aux choses organisées par ma confrérie, surtout quand il m’est possible d’y apporter quelque chose. Souvent des cocktails. Cette fois, des photographies. C’était la première, et sûrement la dernière fois, qu’elles sortaient de ma chambre, et se permettaient d’être exhibées aux yeux d’autres. J’ai fais fi de mes différences d’opinions avec la pfo, et de combien j’étais sceptique sur le fait qu’ils soient capable de comprendre l’angle de mes prises de vue. Quand on regarde l’année traversée, c’est un beau bordel et pas mal de déconvenues pour la confrérie. Là, sous le soleil italien, j’en avais presque oublié combien l’année avait été chaotique. Ça parait si loin. J’suis pas prête pour le retour à ces préoccupations. La bouche accrochée d’un sourire rieur : “Ploucs, j’crois que c’était vraiment le pire.” Pas vraiment pour sa signification, puisque personnellement, j’n’en ai rien à faire de l’image renvoyée. Mais, ce terme ne s’emploie que par des êtres élitistes. Du haut de leur tour d’ivoire, ils gagneraient à se confronter les genoux à la terre. Juste histoire de voir ce que ça donne, d’en bas. Notre avenir incertain à la rentrée, je suppose que la dégringolade et l’anonymat d’un quotidien sans couleur nous attend tous. La photographie, d’ailleurs, fera peut-être du bien. “Ouais.. ouais, je suppose que t’as raison.” Les épaules, haussées doucement. “Mais j’ai pas l’impression d’exprimer grand chose.” Y a les vrais, les grands, qui dénoncent ; moi, je dénonce en gueulant dans les manifestations, la photographie, je l’aime poétique, calme, capturant l’émotion d’une silhouette arrêtée ou d’un immeuble qui s'effrite au fur et à mesure des années. “C’est quoi ta photo préférée ?” Lancé, le sourcil qui se hausse. “Que t’as prise, j’veux dire.” Y a des moments que tu captes, et tu ne t’en rends compte qu’au tirage, de la profondeur des traits, ou de la luminosité d’un endroit. L'atmosphère. Combien un paysage vide peut être habité. “Et ouais je l’avais fait ! On était dans un Bed & Breakfast, c’était génial.” Haiwee était de la partie. Elle, et un grand type @Dan Hackman, dont les épaules osseuses m’ont plusieurs fois fait vaciller. Moi, ou les objets sur son passage, au choix. Une esquisse amusée, rapide, à ce souvenir, et j’reprends : “J’espère qu’ils nous préparent quelque chose d’équivalent cette année.” Vu qu’on va probablement se faire chier en dehors, sans l’activité de la confrérie. Un soupire accompagne le tout. Vite passé, à la vue de ce qui nous attend. “Allez, on y va ?” Désignant la barrière nous empêchant l’accès à des escaliers. L’aventure, on a dit.

 Tu ne pouvais que constater l'ironie du sort, quand l'insulte plouc vous avait été adressée à tous, à plus forte raison que tu étais de rang royal et pas du tout concerné par le sens premier du terme, mais rang royal ou non tu ne t'en servais jamais pour prendre l'ascendant sur les autres ou avoir le dernier mot. Être l'héritier de la couronne ne te donnait pas plus de valeur que Pierre, Paul ou Jacques et à Harvard, tu avais dû faire tes preuves comme tout le monde pour mériter ta place. "N'est-ce pas." Tu soufflas suite au commentaire de Billie, tandis que vous partiez de vos camarades rivaux. Il était désormais temps de laisser les Pfo là où ils étaient pour parler de cet art qui vous réunissait et qui était la raison première de votre présence en ce lieu ancien, à savoir la photographie. "Je vois qu'on a tous le même problème, nous sommes plus intransigeants sur notre œuvre que ceux qui la regardent." À moins d'avoir un ego surdimensionné, cela va de soi, personne n'était jamais vraiment satisfait, il y avait toujours quelque chose que l'on aurait pu effacer, faire autrement. Tu haussas un sourcil surpris lorsque Billie te demanda quelle était ta photo préférée sur toutes celles que tu avais faites. La question pouvait paraître difficile de prime abord et nécessiter un temps de réflexion, mais dans ton cas, l'image avait jailli immédiatement dans ton esprit. "C'était dans un hôpital, en Syrie. J'avais capturé l'image d'un médecin qui venait de perdre son patient, décédé des suites d'un bombardement. L'image est d'autant plus frappante qu'il s'agissait d'un enfant." Cette image avait montré la guerre dans toute son horreur et t'avait conforté dans ton ambition, tu devais aller dans cette direction, car de cette façon tu auras bien plus d'influence qu'en ayant une couronne sur la tête, les souverains étant tenus à un devoir de neutralité. "Et toi?" Tu interrogeas, laissant la curiosité du journaliste s'exprimer, avide de savoir ce qu'elle avait derrière la tête quand elle t'avait posé cette question. Tu hochas la tête lorsque Billie te confirma qu'elle avait participé au Meetbex l'année dernière et qu'elle espérait qu'il y ait un évènement similaire cette année. "J'espère." Tu dis doucement, un léger sourire accroché aux lèvres. "Je ne sais pas si je vais pouvoir participer, si cela se fait." Ta vie actuelle ne te permettait plus de t'amuser autant que tu le voudrais, puis peut-être que tu allais être en déplacement à l'étranger à cette période ci de l'année, tu n'en savais rien. Ton sourire se fit plus conspirateur quand Billie te proposa d'y aller. "On y va." Tu dis d'un ton décidé, avant d'enjamber sans sourciller la barrière qui vous empêchait de passer. Faisant très attention à ne pas te blesser, tu te retrouvas de l'autre côté, dieu merci sur tes deux pieds. "Ça va?" Tu demandas à Billie que tu ne voyais plus tant l'obscurité était opaque et épaisse.